Trente-cinq millions d’euros pour un Arbre aux hérons dans la carrière de Miséry, est-ce si
coûteux ? Bah ! ça n’est que le prix d’un bon joueur de foot, 35
millions, c’est le ticket classique du mercato, ces temps-ci, évoqué pour Kalidou
Coulibaly, Éric
Bailly, Renato
Sanches, Yacine
Brahimi, Michi
Batshuayi, Joao
Mario ou Luiz
Gustavo. Mais les footballeurs, les clubs savent pourquoi ils les paient.
Du moins, ils feraient mieux de savoir.
À ce jour, on ne sait pas très bien ce que Nantes achèterait pour 35 millions. D’ordinaire, quand une ville achète un grand équipement, elle établit
un cahier des charges et lance un appel d’offres. Rien de tel chez nous. On est
entre amis. Mme le maire achète sur la foi d’une maquette, de quelques dessins
et de la réputation de Pierre Orefice et François Delarozière. Or ces derniers
ne sont même très sûrs du contenu du projet. « Le projet continue de
s’inventer. La page blanche s’écrit », déclare Pierre Orefice dans Ouest France aujourd’hui. Bref, on ne sait pas ce qu’on achète. Et
pourquoi ça coûte 35 millions d’euros, alors ? Parce que !
Il y a plus de trois ans que ce montant a été annoncé, on
n’en a jamais démordu : belle stabilité du budget, non ? Du moins
avant le premier coup de pioche. S’en tiendra-t-on là après ? Ce n’est pas
forcément dans les habitudes de MM. Orefice et Delarozière. Le Grand éléphant,
la Galerie des machines et la branche prototype devaient initialement coûter 4,8
millions d’euros. Ils ont finalement coûté 6 millions, sans compter la
cafétéria. Le Carrousel des mondes marins devait coûter 6,4 millions d’euros,
il en a coûté 10. Hors taxes. Un dérapage du même ordre mènerait l’Arbre aux
hérons pas loin de 55 millions d’euros.
Et l’on ne parle ici que de l’investissement initial, que
Nantes a renoncé à récupérer. L’exploitation des Machines de l'île, elle, aurait dû « tendre
vers l’équilibre » en 2009 : sept ans plus tard, elle continue à coûter aux Nantais
et voisins plus de 1 million d’euros par an ! (Un avenant à la convention
de délégation de service public, fin 2015, avait prévu de ramener la subvention
un peu au-dessous du million « au vu de la très bonne dynamique de
fréquentation du site », mais un nouvel avenant, quatre mois plus
tard, a rendu aux Machines plus de la moitié de la somme prétendument ratiboisée.)
Avec l’Arbre aux hérons, l’avenir ne se présente pas trop
bien. « Nous allons lancer une étude de faisabilité qui doit s’étaler
sur deux ans », déclare Johanna Rolland, interrogée par Stéphane Pajot
et Virginie Meillerais, dans Presse Océan. Mme le maire aurait donc pris une
décision avant de savoir si elle était faisable ? L'an dernier pourtant, comme
rappelé ici avant-hier, elle subordonnait toute décision à une étude de
faisabilité. Elle a donc changé d’avis et subordonné l’étude de faisabilité à
la décision... Une étude à 4 millions d’euros, quand même, qui fait déjà monter
la facture à 39 millions, sans compter l’aménagement de la carrière de Miséry. Et
qui rappelle que la branche prototype installée sur les Nefs de l’île de Nantes
avait déjà pour but de vérifier la faisabilité de l’Arbre, moyennant déjà une
dépense de 0,6 million d’euros.
Faisable, pas faisable ? La seule chose sûre, c’est que
l’Arbre sera payable.
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