L’Arbre aux hérons, on ne sait déjà pas très bien ce qu’il coûterait. Sait-on davantage qui le paierait ? En principe, oui. « Pour
que ce grand projet voie le jour, Johanna Rolland a en effet fixé un
cadre », assurent aussi bien Nantes
Métropole que la ville
de Nantes : « un tiers financé par la Métropole, un tiers
apporté par des fonds privés et le tiers restant par d'autres partenaires
publics (Etat, Europe, etc.) ». Voilà qui est clair.
Petit exercice mental rapide : un tiers de 35 millions
d’euros, pas même 12 millions d’euros à la charge des Nantais, ça n’est pas la
mort du petit cheval. Second petit exercice mental rapide : oui, mais qui
comblera le trou si ces « partenaires publics » et/ou ces « fonds
privés » ne considèrent pas l’Arbre aux hérons nantais comme une
ardente obligation ? Mme le maire de Nantes ne semble pas avoir « fixé
un cadre » pour ce cas de figure.
Le Feder se dégonfle
Certes, une partie de l’investissement initial des Machines
de l’île a été financée par le Fonds européen de développement régional. Le Feder a ainsi versé 2 millions d'euros pour la construction du Carrousel des mondes marins, qui en a
coûté 10. Il a prévu une enveloppe d’aides de plus de 300 millions d'euros dans les
Pays de la Loire pour la période 2014-2020. Mais ses priorités ont évolué.
Disparue la thématique « tourisme, culture » qui avait justifié le
financement des Machines. Il va être difficile de faire passer un Arbre aux
hérons pour une grande avancée dans l’un des « axes »
aujourd’hui prioritaires : renforcer la recherche, améliorer l’accès aux
TIC, améliorer la compétitivité des PME, soutenir la transition énergétique,
promouvoir la prévention des risques, promouvoir l’inclusion sociale.
Complication supplémentaire : les fonds du Feder sont
administrés par les régions. Au moment de la création des Machines de l’île, en
somme, Jean-Marc Ayrault a demandé des sous à Jacques Auxiette. Le jour où
Johanna Rolland ira solliciter Bruno Retailleau, rien ne dit qu’elle trouvera en
lui autant de mansuétude. Il lui restera la solution de se tourner vers l’État.
Mais, en période de disette, l’État accordera-t-il à un Arbre aux hérons ce
qu’il refuse à des hôpitaux ou à des universités ? Et puis, là
aussi, il n’est pas sûr que l’État d’après mai 2017 montre beaucoup de bienveillance envers un maire socialiste.
Financement privé ou privé de financement ?
Quant aux financements privés, « une quinzaine
d'entreprises parrainent également des branches de l'arbre, à hauteur de 50 000
euros chacune », assurent Nantes
Métropole et la ville
de Nantes. « Dix-huit entreprises auraient donné leur accord pour
signer un chèque », écrit même Christophe Jaunet dans Ouest France (8 juillet 2016).
Des noms ! Des noms ! Quelle entreprise privée s’engagerait en 2016 à
parrainer un équipement qui n’ouvrira pas avant 2023 ? Il est donc à
craindre que les entreprises en question soient des pseudopodes des
collectivités locales, et que l’argent qu’elles apportent soit in fine
celui des contribuables.
Encore un petit calcul mental : si la totalité des vingt-deux branches trouvaient preneur au même tarif, l’Arbre aurait
peut-être l’air d’un vaste panneau publicitaire, mais il n’aurait encore réuni
que 1,1 million d’euros, soit 3,14 % des 35 millions d’euros nécessaires –
même pas un dixième du financement attendu des partenaires privés. Il resterait
encore pas loin de 10,6 millions à trouver côté mécènes. Il paraît que le Crédit
Mutuel va co-financer l’étude de faisabilité à 4 millions d’euros de l’Arbre
aux hérons ; parviendra-t-il à éclairer davantage l’équation
financière ?
À mon avis, le seul espoir qui reste au contribuable nantais
n’est autre que l’héritage de la Bégum Gokool. Si Johanna Rolland s’avérait
être elle aussi une descendante de Jean-Jacques Langévol (…du héron), nul doute
qu’elle ferait comme le bon docteur Sarrasin : elle consacrerait l’argent
à une opération d’urbanisme. Après tout, le projet des Machines de l’île « se situe à la croisée des
‘mondes inventés’ de Jules Verne », n’est-ce pas ? Et du
musée Jules Verne à la carrière de Miséry, il n’y a qu’une centaine de mètres à
vol d’oiseau (…de héron). C’est comme si c’était fait.
Je vous trouve un peu défaitiste. Concernant les nouveaux critères d'attributions du Feder, il y aura toujours moyen de s'arranger...
RépondreSupprimerUne quelconque gaine de protection d'un quelconque câble en un quelconque matériau fibro-résineux validerait l'axe renforcement de la recherche,
une vague borne tactile, ou un site-interface-appli de réservation, améliorerait l’accès aux TIC,
un panonceau indiquant les bureaux loués juste à côté, quai Marquis d'Aiguillon, améliorerait la compétitivité des PME qui y sont installées (architecture, design, je crois...),
un poêle à bois pour l'hiver soutiendrait positivement la transition énergétique,
une nouvelle barrière métallique, côté Loire, préviendrait les risques de chute,
et pour l’inclusion sociale, il suffira de rentrer dans l'enceinte ouverte à tous les publics, pour l'être, inclus - quel(les)s que soient leur(s) origine(s), orientation(s) sexuelle(s), genre(s), feuille(s) d'imposition, handicap(s), religion(s) et incroyance(s), et inversement !
J'admets, mon imagination a des limites !
RépondreSupprimerOuest-France ce jour à propos de l'Arbre :
RépondreSupprimer<<... Johanna Roland a pris la main avec Karine Daniel, fixé des conditions, le calendrier, le choix du site. Le duo [Delarozière Oréfice] a compris que l'élue nantaise avait besoin de projet à incarner...>>
À financer ? Et rappelons-nous Karin Daniel, nouvelle députée (7 ou 12% de légitimité réelle) en remplacement de JMA. Jolie démocratie représentative, n'est-ce pas !?
L'article se poursuit par une affirmation étonnante concernant la moitié du financement privé qui serait d'ores et déjà assuré ? Des infos précises à ce sujet, auriez-vous ?
Je n'ai pas lu Ouest France ce matin, mais l'article que vous citez n'est-il pas la tribune d'Emmanuel Vautier dans Presse Océan ? Elle indique en effet que le "duo" aurait trouvé "50 % du financement privé requis", ce qui devrait donc représenter pas loin de 6 millions d'euros, mais je n'en sais pas plus que vous ! "De quoi rassurer les décideurs politiques", assure Emmanuel Vautier. Il me semble plutôt que l'opacité de ce financement aurait de quoi inquiéter les décideurs politiques ! La tribune évoque aussi une campagne de crowdfunding chez Kickstarter comme si elle était déjà lancée, mais il n'en est rien.
RépondreSupprimerIl ne faut pas confondre tribune et article : ce texte cherche à convaincre mais n'informe pas.