« L’Arbre aux hérons, nouvelle curiosité touristique
nantaise », titrait
vendredi le quotidien Les Échos. Si la « curiosité »
est nouvelle, l’information ne l’est pas puisque deux mois se sont écoulés
entre l’annonce du projet et la parution de l’article. Son auteur, Emmanuel
Guimard, se serait-il fait un peu tirer l’oreille ? Du moins n’affiche-t-il
pas le même enthousiasme que les services de com’ de Nantes Métropole.
S’il décrit le projet au futur, il se réfugie quant au
financement derrière un prudent conditionnel : « Nantes Métropole
ne paierait qu’un tiers de l’addition ». Pour le reste, Johanna
Rolland « souhaite au moins un tiers de financements privés, qui
restent à collecter, et un tiers d’autres partenaires publics ». Ce « souhaite »
n’annonce rien qui vaille pour les contribuables nantais. « D’autres
mécènes seront recherchés », insistent Les Échos, façon
de souligner qu’ils ne sont pas trouvés.
Pour l’avenir, le quotidien ne se prononce pas. Il préfère
se réfugier derrière les conjectures municipales : « Nantes
Métropole estime que l'arbre pourrait attirer jusqu'à 1 million de visiteurs
par an, amortissant vite l'investissement ».
En réalité, Nantes Métropole n’en espère même pas tant. « Avec
l'Arbre aux hérons, les Machines - site le plus visité du département avec
620.000 entrées payantes en 2015 - devraient atteindre le cap du million de
visiteurs annuels » indique-t-elle
sur son site web. Ce qui ramène donc les espérances pour l’Arbre aux hérons
à 380.000 billets par an. De quoi amortir « vite »
l’investissement, comme l’envisagent Les Échos ?
Les Échos est le grand quotidien de l’économie. Ses
lecteurs savent bien ce que signifie l’amortissement d’un investissement :
l’étalement de son coût sur sa durée d’utilisation. Si l’on suppose par exemple
que « vite » signifie cinq ans, il faudrait en pratique répartir
le coût de l’Arbre aux hérons, soit 35 millions d’euros, sur 380.000 x 5 = 1,9
millions de visiteurs. C’est-à-dire que chaque billet vendu devrait contribuer
à financer l’Arbre à hauteur de 18,42 euros ! Sur dix ans (mais dix ans,
est-ce encore « vite » ?), ce serait 9,21 euro par billet. Cela propulserait le prix du billet à des hauteurs
incompatibles avec l’objectif de 380.000 visiteurs par an.
L’idée même d’un amortissement rapide est absurde. Et l'idée d'un amortissement tout court est déjà d'un fol optimisme. Voyez Les Machines de l’île. Neuf ans après leur création, cet investissement a été amorti exactement à hauteur de 0 % : Les Machines continuent à perdre de l’argent chaque année. Les Échos le savent bien. En concluant leur article sur un espoir d’amortissement, ils montrent une ironie subtile mais féroce envers Nantes Métropole.
L’idée même d’un amortissement rapide est absurde. Et l'idée d'un amortissement tout court est déjà d'un fol optimisme. Voyez Les Machines de l’île. Neuf ans après leur création, cet investissement a été amorti exactement à hauteur de 0 % : Les Machines continuent à perdre de l’argent chaque année. Les Échos le savent bien. En concluant leur article sur un espoir d’amortissement, ils montrent une ironie subtile mais féroce envers Nantes Métropole.
Article du Monde datant de quelques semaines et commentaire d'un lecteur de ce journal ne sachant sûrement pas ce que peut être la notion d'amortissement mais commentaire néanmoins pertinent évoquant un arbre aux pigeons...
RépondreSupprimerAh ? Merci du tuyau. Je n'ai pas vu cet article. Vous auriez une date plus précise ?
RépondreSupprimerOups ! Il s'agissait seulement d'un commentaire d'un lecteur du Monde et non d'une analyse dans le corps de l'article ! N'ai pas retrouvé la page, désolé. Vouliez-vous vérifier si la paternité de l'expression "arbre aux pigeons" vous était attribuée ? La Méforme et son auteur n'étaient nullement cités...
RépondreSupprimerD'accord, merci. Vous savez, je n'ai pas la prétention d'être le seul critique du projet ! Serais-je le premier à avoir utilisé l'expression "arbre aux pigeons" ? Je l'ignore, mais si tel est le cas, je ne revendique aucun monopole. MM. Orefice et Delarozière touchent leur pourcentage sur les ventes de billets des Machines, je ne réclame rien sur les critiques envers les Machines. Beau désintéressement, n'est-ce pas ?
RépondreSupprimerEn effet, l'expression "Arbre aux pigeons" semble être d'antériorité Jelurienne !
RépondreSupprimerEn revanche, vous n'êtes peut-être pas le seul à vous insurger contre cet Arbre. Ci-après, lien de discussion PO, reprenant votre trouvaille : http://m.presseocean.fr/larbre-aux-herons-financement-participatifpar-des-pigeons
Après un énième épisode du Retour de l'arbre aux hérons, la présence virtuelle et médiatique de c'truc devrait rapidement se calmer au regard de l'actualité fiscale nantaise...
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