Le Lohengrin de Wagner produit par Angers Nantes
Opéra à La Cité, vendredi soir, fut un spectacle magnifique, salué par près
d’un quart d’heure de rappels. Pourquoi en parler, alors, dans un blog consacré
à ce qui ne va pas ?
Oh ! pas pour chipoter sur de minimes décalages ou sur
le manque d’ampleur de Juliane Banse en Elsa de Brabant qui, AMHA, malgré sa
technique parfaite, peinait un peu à donner la réplique à la formidable
Catherine Hunold en Ortrud. Pas moyen même de ricaner sur les costumes, les scènes
de duel ou le cygne censé amener Lohengrin à Anvers puisque cette version de
concert était dépourvue de tout artefact scénique. Non, l’ensemble était
superbe et généreux.
Généreux, ô combien : l’Orchestre national des Pays de
la Loire au grand complet et le chœur d’Angers Nantes Opéra avaient reçu le
renfort du chœur de l’Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon. La scène
du grand auditorium était bondée et l’ONPL dirigé par Pascal Rophé a fait
preuve d’un engagement, d’un enthousiasme qu’on ne lui a pas toujours vu dans
le passé. Et sans fléchir, malgré trois heures de représentation quand même.
Bon, alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
Les spectateurs. Ou plutôt les non-spectateurs. La salle de
l’auditorium était loin d’être aussi bondée que la scène. À la louche,
peut-être un cinquième des fauteuils restèrent inoccupés, surtout aux balcons
et aux corbeilles. Une production si brillante et si coûteuse pour si peu de
spectateurs, quel gâchis ! Qui plus est, ce joyau n’aura eu que trois
représentations, deux à Nantes et une à Angers, alors que les spectacles
d’Angers Nantes Opéra ont « huit représentations en moyenne », assure
la ville de Nantes !
Les absents ont toujours tort ? Les Nantais se
contrefichent de l’opéra ? Allons donc ! Angers Nantes Opéra n’a pas
pour seule vocation d’organiser des spectacles. La première mission du syndicat
mixte est l’action culturelle. À lui de faire venir les spectateurs. S’il n’y
parvient pas, il est en échec, il jette par les fenêtres l’argent public
englouti dans la création des spectacles (environ 80 % de subventions de l’État,
de la région, des départements et des villes).
Or il ne déploie pas une grande pugnacité. Les billets pour Lohengrin
étaient en prévente depuis le 29 mars : cela laissait pas mal de temps
pour faire monter la mayonnaise. Un dépliant au format PDF a été mis en ligne
sur le site d’Angers Nantes Opéra le 1er juin 2016. Depuis lors,
rien hormis les mentions d’actualité, pas un seul article sur le blog de l’institution !
Un peu mieux sur Facebook avec une ou deux vidéos et quelques reprises
d’articles extérieurs pour appuyer des informations essentiellement administratives
du genre « Version de Concert. Billetterie ouverte », le 30
août.
Moins de trois semaines avant la représentation, ce passionnant avis
a attiré neuf (9 !) mentions « j’aime », dont celles d’Angers
Nantes Opéra soi-même, de sa responsable de communication, et d’un ses barytons
et de madame, et quatre (4 !) partages, dont ceux de la même responsable
de communication, du Cercle Richard Wagner de Lyon et de Catherine Hunold
elle-même. Autant dire qu’il y avait le feu au lac des cygnes. Mais pas grand
chose n’a été fait pour redresser la barre d’urgence.
Peut-être était-il trop tard de toute manière pour remédier
à une communication qui manque de peps depuis longtemps. Avec un résultat
mesurable : la page Facebook d’Angers Nantes Opéra a recueilli 2 350
mentions « j’aime ». Celle de l’Opéra de Paris 154 186. Celle de
l’Opéra national de Bordeaux 8 363. Et celle de l’Opéra de Rennes, qui s’adresse
en principe à une population trois fois moins nombreuse, 4 524.
[À l’heure où j’écris ces lignes, il reste deux occasions
d’assister à une représentation de Lohengrin : ce dimanche à 14h30 à La
Cité, mardi à 19h00 au Centre de congrès d’Angers]
En 2014, Jean-Paul Davois, directeur général d’Angers Nantes Opéra, épinglé par une noble institution, s’indigne : « la Chambre régionale des comptes n’a pas à prendre de position politique, elle sort de son rôle et je trouve ça très inquiétant »
RépondreSupprimerUne déclaration qui ne manque pas de sel quand on se rappelle les conditions de désignation de l’intéressé.
L'argent des contribuables ne mérite donc t'il aucune considération ?