On croyait que les socialistes avaient préféré mettre de côté
le projet de Notre-Dame-des-Landes le temps de la campagne présidentielle.
Patatras ! l'aéroport est revenu en direct hier soir devant les millions de
téléspectateurs du débat entre Manuel Valls et Benoît Hamon, qui n’allaient pas
manquer une si belle occasion de s’écharper.
"J'ai très confiance en la vigilance sourcilleuse de Jean-Marc Ayrault" |
Manuel Valls n’a pas été très convaincant dans le rôle d’avocat
de la défense. Il a surtout brandi l’argument d’autorité : « c’est
un projet ancien, soutenu par les élus, la plupart d’entre eux, le maire de
Nantes… » Sur l’utilité réelle du projet, il s’est réfugié derrière
les on-dit : « tout le monde dit que Notre-Dame-des-Landes serait
très utile, pas seulement aux Pays de la Loire mais aussi à la Bretagne… »
N’est-il pas étrange, alors, qu’il ait lui-même décidé de ne consulter que les
électeurs de Loire-Atlantique ?
Les électeurs, bien sûr, il n’allait pas manquer de les
appeler à la rescousse : « quand ils [les citoyens] votent en
faveur de ce projet en toute connaissance de cause avec une forte participation
et un oui très clair, on leur dit ‘on remet en cause la décision’… »
On pourrait gloser sur ce « en toute connaissance de cause » qui
blanchit trop vite le document établit par la Commission nationale du débat
public. Mais surtout, on doit faire remarquer que de « décision »,
il n’y avait pas. Le vote du mois de juin dernier était une « consultation
publique », purement consultative comme son nom l’indique.
Manuel Valls n’a pas prononcé le mot « référendum ».
Mais certains ont pu s’y tromper. « Manuel Valls a estimé de son côté
qu'il était difficile de renoncer à un chantier approuvé par référendum »,
écrivait hier
soir l’agence Reuters dans une dépêche reprise par certains journaux.
Le débat Valls-Hamon a aussi omis un autre élément. Pour les
besoins du projet de Vinci Airports, Manuel Valls avait imaginé le système de la
« consultation publique », au lieu du référendum annoncé par
François Hollande. Il l’avait imposé par une ordonnance du 21 avril 2016. Mais
une ordonnance doit être validée rétroactivement par une loi. Où en est-on ?
Le gouvernement a bien déposé en septembre le projet de loi ad hoc. Mais
il dort depuis lors dans les tiroirs de la commission du développement durable
et de l’aménagement du territoire, qui a d’autres chats à fouetter.
On nous ressort à tout bout de champ le vote du 26 juin 2016. Pile-poil
sept mois plus tard, la légalité de cet ersatz de référendum demeure pourtant incertaine.
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