21 janvier 2017

Royal de Luxe à Montréal : un scoop éculé

Comme les maris trompés, Royal de Luxe aura été le dernier au courant. La nouvelle lui est enfin parvenue : il défilera à Montréal au mois de mai. Il s’est empressé de l’annoncer hier dans un communiqué de presse répercuté par Presse Océan et Ouest France.

L’information avait été publiée dès le le 10 avril 2016 dans le grand quotidien canadien La Presse ! Faut-il soupçonner Jean-Luc Courcoult de chercher à faire du neuf avec du vieux ? Cela rappellerait assez les spectacles de géants, qu’on peut « renouveler » à l’infini en affublant les marionnettes de costumes différents. Ou bien ne lit-il pas La Presse tous les jours ? Qu’il se rassure : moi non plus. Mais Ouest France avait repris l’information le lendemain. Là, l’ignorance devient moins excusable.

Dût la fierté de Royal de Luxe en souffrir, sa prestation ne sera pas le clou de la fête. Il y aura aussi la création mondiale d’un opéra inspiré de Pink Floyd, une Électroparade, un hommage à Leonard Cohen et bien d’autres festivités organisées en l’honneur du 375e anniversaire de Montréal. Pourquoi fêter un 375e anniversaire ? Probablement parce que le maire de la ville aura changé d’ici le 400e. Après tout, Néron n'a pas attendu Vespasien pour offrir « panem et circenses » aux Romains. Toutes les occasions sont bonnes. « Montréal sait faire la fête quelle que soit l’année », ricane le quotidien anglophone National Post. « Donnez-lui une occasion comme son 375e anniversaire et le boucan monte d’un cran. »

Le morceau de roi, en réalité, ce sera l’illumination numérique interactive du pont Jacques-Cartier, le grand pont à cantilever jeté par-dessus le Saint-Laurent. Un projet à 40 millions de dollars canadiens qui fait tousser localement – mais il s’agira d’une installation permanente. Quant aux marionnettes géantes, à vrai dire, l’idée est déjà un peu déflorée à Montréal. Il s’y déroule chaque année à la Saint-Jean, pour la fête nationale du Québec, un Défilé des géants, qui évoque ceux des villes flamandes. On y promène les effigies géantes de personnalités locales vivantes ou défuntes comme l’explorateur Jacques Cartier, le chanteur Félix Leclerc, le premier ministre René Levesque ou le champion de hockey Maurice Richard. Pas de quoi concurrencer un gros chien noir ou une grand-mère en charentaises, bien entendu.

Royal de Luxe n’a que quatre mois pour se préparer. Mais pas d’affolement, la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal a pris les devants : dès le mois de novembre, elle s’est souciée – à l’insu de la troupe, probablement – de trouver un transporteur pour trimballer les géants « avec précaution, précision et célérité ». Elle a spécifié qu’il faudrait les enlever à Nantes. Utile précision, car si Royal de Luxe est le plus souvent présenté là-bas comme une « troupe française », et parfois « nantaise », certains y voient une institution… belge.

2 commentaires:

  1. Jean-Luc Courcoult ne lit sans doute pas La Presse tous les jours, en effet, et peut-être oublie-t-il également, parfois, la presse en général. Et peut-être même n'est-il pas toujours en état de la lire, tout simplement. On a parfois des baisses de forme, c'est humain. Ironie mise à part, j'ignore à quoi carburait le bonhomme à l'époque de "La Véritable Histoire de France" (une réussite, de mon point de vue), mais lorsque je croise Courcoult dans les rues de Nantes, rougeaud et titubant, je ne peux m'empêcher d'établir une corrélation entre son état et la nullité des productions de la troupe depuis plus d'une décennie. La conversion au style Disney a ouvert au Royal de Luxe le vaste marché des festivités très très grand public, en même temps qu'elle a tué sa créativité, bien sûr, et la qualité au théâtre ne repose pas sur les épaules d'une seule personne, mais quand même... Je ne sais pas trop si "ça se fait", d'évoquer ce genre de choses, mais bon, "Marre des soirées pls" peut--on lire sur le site de la ville de Nantes !

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  2. Comme vous dites, la qualité ne repose pas sur les épaules d'une seule personne. Le départ de François Delarozière a sans doute pesé lourd dans le déclin de Royal de Luxe ; rien de significatif n'a été inventé après lui. Quoi qu'on puisse reprocher au personnage (et je ne m'en prive pas), c'est tout de même un grand créateur.

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