01 août 2017

L’industrie nantaise du bidonnage s’exporte bien : (1) Le Havre

Gonfler ses chiffres de participation est un exercice classique chez les organisateurs de manifestations politiques, syndicales, ludiques, etc. Entre leurs chiffres et ceux de la police l’écart est parfois de 1 à 10. Bien que la police ait des techniques de comptage objectives, la presse reprend souvent les statistiques des organisateurs pour ne faire de peine à personne. À ce jeu-là, les acteurs culturels nantais montrent un savoir-faire certain.

Royal de Luxe à Nantes en 2014. Foule ou pas foule ?
Sous la houlette de Jean Blaise, Le Voyage à Nantes, on l’a dit ici, mais également là, a présenté dans le passé des bilans de fréquentation trop beaux pour être honnêtes. Jean Blaise a organisé cette année les festivités du 500ème anniversaire du port du Havre. Il y a transféré le savoir-faire acquis à Nantes. D’abord en faisant appel à de vieilles connaissances, les géants de Royal de Luxe, qui ont défilé dans la ville du 7 au 9 juillet. Ensuite en annonçant des scores abracadabrantesques.

Un peu trop, même : pour Royal de Luxe, on avait annoncé à l’avance 800.000 spectateurs. Avec la meilleure volonté du monde, la presse n'a pas osé confirmer. Si France 3 régions a vu 650.000 personnes, France Bleu s’en est tenu à  « plus de 500.000 personnes ». La réalité était certainement bien inférieure. Les innombrables photos et vidéos de l’événement disponibles en ligne montrent des foules importantes à certains endroits et certains moments mais beaucoup plus clairsemées à d’autres. Parfois, la technique intervient, une prise de vue au téléobjectif renforçant l’impression d'affluence. Cela dit, même si les espérances initiales étaient 37,5 % plus élevées, ce demi-million admis du bout des lèvres reste colossal : mission accomplie.

Et l’on peut compter sur Jean Blaise pour que le bilan d’ensemble des festivités soit glorieux. De toute façon, en l’absence de billetterie, personne ne pourra vérifier. Et je ne suis pas le seul sceptique. Comme l’écrit Gilles Renault, envoyé spécial de Libération, « Nul doute, de la sorte, qu’à l’heure des comptes, Le Havre fournira des chiffres ronflants, mais aussi et surtout approximatifs, sinon fantaisistes, puisque invérifiables et juste destinés à alimenter le satisfecit propagandiste. »

15 commentaires:

  1. contrairement à un défilé, comme la mi-carème de nantes, les gens suivent l'unique
    marionnette géante ce qui est évidemment trompeur car la foule se déplace, donc on peut facilement faire des photos où l'on voit de nombreux spectateurs mais c'est généralement les mêmes !!!!

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  2. L'art du comptage : Qui ne se rappelle le rassemblement de F.Fillon sur une place parisienne clamant 400.000 personnes sur une place qui ne peut en accueillir que 40.000 au grand maxi. Ainsi va le comptage municipal, avec la complicité de nos élus.
    J'en reviens à l'article de 'Libé' du précédent item de Swen qui analyse fort bien l'art à la Nantaise, et qui s'exporte. Pour qu'un vendeur de pertes fasse fortune, il faut en face un acheteur consentant motivé par autre chose : s'acheter une image auprès des ploucs et les villes à la tradition industrielle en sont acheteuses comme Nantes, Le Havre, St Naz, Cholet. Toutes les villes n'ont pas la chance d'être 'ville d'art et d'Histoire', elles ont même peu prospérer par rapport aux industrieuses. La prospérité oui, mais l'heure est aux loisirs, au patrimoine (même bidonné diwan), les nouveaux riches veulent paraitre : ça s'est toujours fait! Donc, nos élus crachent au bassinet mais pour donner une image superbe d'eux-même avant tout. La difficulté principale réside dans les justifications envers les électeurs qui paient la facture : ben faut leur faire croire que chacun est seul à trouver qu'un manège ou un empilage de pots de yaourt, c'est de l'Art, du grand Art! et Hop, un petit entrefilet dans le bulletin municipal, un coup de prop dans le quotidien local et les applaudissements crépitent. S'il y a de lard là-dedans, c'est celui de la mystification.

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  3. Oups: que chacun...yaourt, ce n'est PAS de l'Art

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  4. "Ainsi, la notion de «tourisme culturel» consistant à draguer une clientèle prête à déserter la plage échappe-t-elle à l’oxymore pour devenir un cheval de bataille enfourché par des élus qui, comme à Nantes, ont beau jeu d’annoncer une hausse de 55 % de la fréquentation estivale depuis 2012. Dans son étude 2016, «Performances hôtelières en France», le cabinet d’audit et de conseil Deloitte détaille : «Au niveau national, Nantes est la mieux placée des grandes villes françaises en terme de progression du taux d’occupation pour les nuitées hôtelières […]. Une progression confirmée par une taxe de séjour en hausse à Nantes Métropole, pour un total de 521 489 nuitées marchandes déclarées sur le territoire pour ces deux mois d’été»… coïncidant avec le Voyage à Nantes. Bingo !"

    A la bonne heure, une "clientèle" prête à déserter la plage. A en croire cette formule, l'hébergement pension complète se reporte du littoral vers la ville qui se fait renverser par l'art. Qui peut, ou veut, croire à ces balivernes? Qui a envie de trainer en ville durablement quand la plage est praticable?

    Tout comme l'imposture sur l'augmentation des nuitées 2016, en fait essentiellement due à l'attentat de Nice qui a fait déserter la Côte d'Azur.

    Et celle du budget de 2,7 M€ qui en rapporterait 50M€, en omettant le fait que ces recettes hypothétiques portent sur l'ensemble du "tourisme culturel" dont le budget est 10 fois supérieur.

    Il faut dès à présent bidouiller les chiffres de fréquentation 2017 pour afficher une improbable progression cette année à Nantes.

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  5. Le tourisme est un commerce honorable. Faire de Nantes un sous-produit des plages de Pornichet ou de Saint-Brévin n'est pas déshonorant en soi. Cependant, convaincre des estivants de faire une heure de route pour aller s'ébaudir devant des palmiers en béton ou des cuvettes de WC inachevées n'a rien d'enthousiasmant. On a le sentiment que des cyniques abusent de la crédulité de braves gens. Nantes mérite mieux. Le problème du Voyage à Nantes n'est pas qu'il est trop ambitieux mais au contraire qu'il tire Nantes vers le bas.
    Cela dit, ce parasitage du tourisme balnéaire est probablement sans effet sur l'hôtellerie, car les estivants qui viennent de la côte font l'aller-retour dans la journée. Mais, en plus de l'attentat de Nice, plusieurs effets se sont ligués pour augmenter le taux d'occupation des hôtels et/ou le produit de la taxe de séjour :
    - hausse du montant de la taxe,
    - mise en service d'un logiciel de déclaration qui améliore les recouvrements,
    - bons résultats de La Loire à vélo et, en 2016, meilleure activité de la Cité des congrès,
    - mode actuelle du tourisme urbain, qui profite à toutes les grandes villes,
    - séjours de CRS liés à Notre-Dame-des-Landes et aux manifestations correspondantes (l'existence de la ZAD a des avantages pour certains),
    - hébergements d'urgence pour migrants et demandeurs d'asile.

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  6. Spectacle Royal de Luxe 2017 Nantes : 140 000 spectateurs, ils vont oser additionner et multiplier comme des petits pains, les malheureux refoulés chaque jour à l'entrée.

    Des files d'attente, flash-mob quotidien !? De l'art assurément...

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  7. ...qui pour une bonne part seront les mêmes d'un jour sur l'autre, et qu'on comptera une fois de plus le jour où ils obtiendront leur billet !

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  8. Le léger décalage, tel que la communication présente la ville et la situation réelle, peut éventuellement être mal vécu par le touriste de passage, comme il peut l'être par le nouvel arrivant attiré par le miroir aux alouettes de "l'effet côte ouest".

    En plus du trajet depuis la côte, il faudra affronter le mitage par les travaux estivaux, les difficultés de circulation et la quasi impossibilité de se garer. Et tout ça pour des "installations" qui peinent à convaincre.

    Et si le visiteur vient de l'Est en remontant la Loire, il s'est peut être arrêté à Angers par exemple. Dans cette ville, qui n'a pas besoin de se justifier ou de péter plus haut que son cul, avait réalisé l'année dernière dans le centre des aménagements simples et peu couteux, en massifs fleuris, colorés et odorants, associant la possibilité de s'assoir un instant.

    Pas de grandiose, de surfait ni ostentatoire, juste l'envie de prendre son temps et de profiter de l'instant.

    Je ne suis pas sûr que "l'art" de la cité des Ducs procure le même sentiment apaisant.

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  9. “Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux.”
    Attribué à Jean Mistler.

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  10. Bonjour Sven,

    Besoin de votre aide-comptable.

    Pouvez-vous s'il vous plaît m'affirmer ou m'infirmer, ou l'un de vos commentateurs, si le Puy du Fou fut l'objet de subventionnements publics massifs comme les Machines ou le VAN ? Je ne rejette pas l'idée d'un éventuel coup de pouce initial, par exemple une bourse d'écus, un détournement de voie, une fermeture anticipée du CET à proximité, l'arrivé de l'A87 etc par De Villers !

    Votre blog fait la démonstration que les deux spectacles nantais sus-cités sont un puit sans fond, je vous en remercie...

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  11. @Anonyme du 3 août 2017 à 15:56
    Je ne suis pas aide-comptable, mais ce que je sais c'est que le Puy du Fou était au départ une association de milliers de bénévoles rejouant les guerres de Vendée, style 'sons et lumières'. Soutenue par le pdt du département Ph de Villiers, elle prospéra tandis que lui en profita pour créer une entreprise lucrative à son propre compte qui reprend la recette de l'asso tjs active. Le spectacle n'a donc pas eu besoin de subventions mais seulement d'autorisations d'élus à ses débuts. Ph de Villiers est présenté à tort comme le créateur du Puy du Fou alors qu'il n'a fait que profiter de l'ardeur des bénévoles.

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  12. Je ne suis pas expert ès Puy du Fou, mais à ma connaissance, non, il n'y a pas eu de subventions publiques massives (au contraire, il y a régulièrement subventions dans l'autre sens : le Puy du Fou redistribue une partie de ses bénéfices aux collectivités locales).
    Il y a eu cependant, en effet, un "coup de pouce initial", et pas n'importe lequel : le rachat du château du Puy du Fou par le département de la Vendée, dont M. de Villiers père était alors vice-président. Cela a permis d'y organiser la Cinéscénie, qui a toujours été une opération associative. La demande était là : la vie villageoise des Epesses était très communautaire et le château servait de site aux fêtes du village depuis des temps immémoriaux. Philippe de Villiers est arrivé avec un projet non de "son et lumière" classique mais de spectacle inspiré du cinéma qui en montrerait plus que le spectateur ne pourrait en voir. C'était apparemment une folle ambition, mais la mayonnaise a pris ! Alors, oui, en effet, Philippe de Villiers a "profité" de l'ardeur des bénévoles, mais ils ont eux aussi "profité" de sa plume, il leur a apporté un scénario qui supposait beaucoup de talent et de travail. On pourrait dire en somme qu'il a lui-même subventionné le Puy-du-Fou ! Il n'est pas le créateur du Puy du Fou, mais il est le créateur de la Cinéscénie.
    Et non, Philippe de Villiers n'en a pas profité pour créer une entreprise lucrative à son propre compte : la S.A. propriétaire du Grand parcours appartient elle-même à l'association du Puy du Fou.
    On pourrait aussi considérer comme une subvention publique indirecte la création d'une sortie d'autoroute à proximité du Puy-du-Fou, mais quand un site est visité par plus de deux millions de personnes chaque année, il est normal aussi d'en tenir compte dans les dessertes routières.

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  13. Messieurs, merci.

    Vos versions de la genèse puyfolaise correspondent à et confortent mes propres recherches sur le sujet...

    Lors d'une discussion VAN v/s PDF, forcément animée, l'on m'a soutenu mordicus que le parc à thème est ou avait été arrosé d'indécentes subventions depuis sa création. Interlocutrice, dois-je le préciser, condamnant ce modèle économique basé sur le bénévolat mais capable de l'encenser quand on évoque le Hellfest ! Esprit progressiste condamnant l'idéologie distillée aux Epesses sans jamais s'interroger sur la vacuité et la dangerosité de tout ce cirque jeanblaisien !

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  14. L'esprit "associatif" du Hellfest est exemplaire, avec des aspect qui font penser à l'exploitation d'un animal mécanique diesel:

    http://www.lalettrealulu.com/Barbotages-Le-metal-sur-un-matelas-d-argent_a2489.html

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