26 juin 2010

Carrousel : grands mots et petit bras

Avec le Carrousel des mondes marins, les Machines de l’île espèrent atteindre (en 2013…) 500.000 visiteurs par an. Est-ce une folle ambition ?

En réalité, pour un équipement touristique « structurant » implanté en plein centre d’une métropole, 500.000 visiteurs, c’est peu. C’est le niveau de fréquentation, par exemple, du zoo de Beauval, entre Tours et Vierzon, et de celui d’Amnéville, en Moselle, ou de parcs d’attraction secondaires comme Saint-Paul, dans l’Oise, Nigloland, dans l’Aube, ou Walibi, dans la région lyonnaise.

Pour rester en Bretagne, Océanopolis, à Brest (même pas la moitié de l’agglomération nantaise en nombre d’habitants) tangente les 500.000 visiteurs annuels, le safari-parc de Port-Saint-Père a dépassé 300.000 visiteurs l’an dernier et le Végétarium de La Gacilly accueille environ 150.000 personnes par an. Faire trois fois mieux que La Gacilly, est-ce si glorieux ?

Si l’on compare avec les équipements phares d’autres grandes villes, un objectif de 500.000 visiteurs est presque minable. Le Futuroscope de Poitiers dépasse 1.200.000 entrées et l’Aquarium de La Rochelle 850.000. Puisque les Machines sont un peu notre Guggenheim à nous, on les mesurera aussi au musée de Bilbao – une ville sans autre intérêt touristique et bien moins accessible que Nantes – et à ses 1.200.000 visiteurs annuels.

En définitive, les Machines ne témoignent pas d’une ambition démesurée, mais tout le contraire : malgré leurs grands mots, elles jouent petit bras. La danseuse de la municipalité nantaise a l’entrechat mollasson.

20 juin 2010

Carrousel : 3 ans de retard, 3,6 millions d'euros de dérapage

Le Carrousel des mondes marins verra donc le jour en juillet 2012. Ou peut-être en septembre. La loi des deux ans se confirme (http://lameformeduneville.blogspot.com/2010/01/dans-deux-ans-le-carrousel.html). En 2007, il devait ouvrir en 2009. Normal qu'en 2010 il soit annoncé pour 2012.

Il coûtera 10 millions d’euros, ce qui fait tiquer l’opposition municipale, bien sûr. La construction du Carrousel est actée depuis 2007, lui répond la majorité (décision en 2007, réalisation en 2012, pas de quoi se vanter…).

C’est vrai, la communauté urbaine avait voté la réalisation du Carrousel en octobre 2007. Mais le coût annoncé était alors de 6,4 millions d’euros : plus de 56 % de dérapage en moins de trois ans, avant même la pose de la première pierre, sans débat ni début d'explication, qui dit mieux ? Si chaque année de retard doit coûter plus d'un million d'euros, vivement qu'il soit fini !

Du mou dans la hausse

Difficile de savoir comment se portent vraiment les Machines de l'île. "Cette année on enregistre déjà 20 % [de fréquentation] de plus" disait récemment Pierre Orefice à Antoine Gazeau, de 20 minutes. Fort bien. Sauf que deux mois auparavant il annonçait plus de 30 % de progression à Stéphane Pajot (Presse Océan, 14 avril 2010). Comme l'an dernier, donc (http://lameformeduneville.blogspot.com/2009/12/les-machines-finissent-moins-bien.html), on dirait que la saison a bien commencé mais décélère vite.

Anachronobus

La Société d'aménagement de la métropole Ouest-Atlantique (SAMOA) vient de publier un appel d'offres pour une "mission de conduite d'opération portant sur la création d'une ligne de transport en commun type chronobus dans le cadre de l'aménagement de l'axe Est-Ouest de l'Ile de Nantes". Au programme : assistance à la définition de l'ouvrage, assistance à la rédaction du marché de maîtrise d'oeuvre, assistance au choix des autres prestataires, etc. Malgré tous ces prolégomènes, on compte que le chronobus sera mis en service au deuxième semestre 2012.

Vingt-trois ans après la fermeture des chantiers navals, vingt et un ans après l'arrivée de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes, huit ans après le début des travaux d'aménagement de l'île, sept ans après la création de la SAMOA, près de six ans après la création de la ZAC Ile de Nantes, trois ans après l'ouverture des Machines de l'île censées être un aménagement touristique "structurant"... il était bien temps en effet de songer aux transports en commun.

On admire le sens de l'anticipation des édiles nantais, car les travaux devraient ainsi être achevés à temps pour les élections municipales de 2014. Et l'essentiel est sans doute là !

19 juin 2010

Révision des 150 km pour l’éléphant

En janvier dernier, le Grand éléphant de l’île de Nantes a subi « un check-up total ». C’est du moins ce que son créateur, François Delarozière, expliquait à Presse Océan le 8 janvier. La machine avait aussi été arrêtée pendant neuf jours en octobre 2009 pour réparations. L’éléphant était donc paré pour l’année. Et toc, il vient quand même de stopper à nouveau du 10 au 18 juin, déjà fourbu.

« Nous avions pensé ne pas l’arrêter cette année en juin comme cela avait été le cas l'an passé », tente d’expliquer Pierre Orefice dans un communiqué officiel publié sur le site web des Machines. Dire qu’on avait pensé ne pas arrêter pour dire finalement qu’on arrête : à en juger par cette formulation alambiquée, les choses vont mal sous les Nefs, dont le patron nous avait habitués à des communiqués de victoire plus étincelants.

Au passage, Pierre Orefice s’embrouille les pinceaux. L’an passé, l’éléphant n’a pas été arrêté en juin mais du 27 au 30 avril. (Notons au passage que si quatre jours avaient suffi à la « révision générale » de 2009, la même « révision générale » en réclame huit en 2010 : ça n’est pas trop bon signe.)

Fâché avec les dates, Pierre Orefice ne s’entend guère mieux avec les chiffres. « Après 525 tours depuis le début de l'année 2010, un certain nombre de signes nous impose de refaire un arrêt technique », écrit-il. Un « tour » est un parcours où l’on revient à son point de départ. Or l’éléphant fonctionne par « demi tours », des nefs à la grue et de la grue aux nefs. Et d’après son calendrier officiel, quand Pierre Orefice parle de « 525 tours », il faut en réalité comprendre « 525 trajets », dans un sens ou dans l’autre.

Ce nombre impair étonne : comme l’animal est toujours rentré au bercail, où est donc passé le demi tour manquant ?

Dernier détail cruel : 525 trajets de l’éléphant représentent quelque chose comme 150 km sur le terrain.

12 juin 2010

État de délabrement

Le Tripode, construit en 1972 a été déserté par les administrations voici une dizaine d’années, puis détruit. Le département veut remplacer l’extension du musée Dobrée construite en 1974, jugée irréparable. La maison de l’administration nouvelle, construite en 1973, devrait être bientôt démolie.

Et voici que dans la liste des bâtiments en voie de cession par l’État figure l’ancienne école d’architecture de Nantes. Le ministère du budget la présente ainsi : « Locaux délabrés de 1973 voués à la démolition, proche des transports en commun. »

C'est donc quasi officiel : l’État des années 1970 était un piètre bâtisseur, au point de mettre sous les yeux des futurs architectes l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire. Reste à savoir s'il se débrouille mieux aujourd'hui. Quand on songe au palais de justice, le doute est permis.