Nantes a connu trois grandes périodes de prospérité : au 15ème siècle, au 18ème siècle et vers la fin du 19ème siècle. Aucune des trois n'est due à l'administration publique. Même dans le premier cas, c’est parce que la ville était déjà prospère que François II y a installé sa capitale, de préférence à Vannes. Au 18ème siècle, Nantes n’occupait qu’un rôle secondaire dans l’administration royale. Au 19ème siècle, elle n’était plus qu’un chef-lieu de département.
Aujourd’hui, Nantes est capitale régionale et les administrations de toutes sortes y occupent le haut du pavé. Ne devrait-elle pas, a fortiori, retrouver son lustre d’antan ? Ce n'est pas ce qui se passe. On comprend bien pourquoi. La ville du passé a brillé grâce à ses négociants, à ses entrepreneurs, à ses ouvriers, à ses marins, à ses artistes – jamais grâce à ses fonctionnaires. Devenus dominants, ces derniers ne jouent pas le même rôle moteur : l’administration administre, elle n’est pas douée pour créer.
Quelque chose de cette dualité entre la Nantes industrieuse et la Nantes administrative demeure dans l’enseignement supérieur. En près d’un demi-siècle, les facultés de lettres et de droit de Nantes n’ont pas réussi à se hisser aux premiers rangs. Bien plus prestigieuses sont ses écoles d’ingénieurs, de commerce ou de médecine.
Dans la réflexion sur l’identité municipale de Nantes, une question vaut donc d’être posée : Nantes gagne-t-elle vraiment quelque chose à occuper un rôle administratif majeur ? Celui-ci ne la détourne-t-il pas des occupations dans lesquelles elle excelle ?
Un raisonnement tout différent pourrait s’appliquer à Rennes : le génie de celle-ci s’accorde mieux avec celui des fonctionnaires et des universitaires. Aussi, dans la perspective d’une réunification de la Bretagne, le choix de la capitale de région serait tout indiqué. Loin d’être un désastre, perdre l’administration régionale pourrait être une grande chance pour la Nantes du 21ème siècle.
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