Depuis le dépôt du dossier devant la Commission européenne, l’Aéroflorale II est une pièce maîtresse de l’année Nantes Green Capital. L’étonnante serre « volante » construite par l’association La Machine a joué un rôle dans l’attribution du label. Le communiqué officiel de la Commission en témoigne.
Le principe se défend puisque le premier objectif du prix Green Capital est de faire connaître aux villes européennes les bonnes pratiques environnementales de l’une d’elles. La réalité laisse davantage dubitatif. L’Aéroflorale n’illustre aucune bonne pratique : elle montre un spectacle, elle raconte une histoire... et elle consomme beaucoup d'énergie. Son association au prix Green Capital est au mieux un mélange des genres, au pire de la désinformation si le public prend au premier degré son storytelling (l’Aéroflorale vole, elle produit sa propre énergie, etc.). Le scénographe Lucas Thébault raconte ainsi comment il a équipé l’engin d’un « Chouffe-eau » censé récupérer la chaleur naturelle produite par le chou puant du Québec. Sauf que son chou est une vulgaire fougère et que la chaleur est produite par l’électricité d’une batterie. Si c’est ça les bonnes pratiques…
L’exposition « passera dans les villes européennes » assure la Commission. En réalité, l’Aéroflorale n’en visitera que quatre, dont l’une n’est d’ailleurs pas européenne. Et elle continuera sa vie indépendamment de Green Capital ; on la verra notamment à La Roche sur Yon en juin. Car l’Aéroflorale II n’appartient pas à Nantes Métropole : c’est la propriété de l’association La Machine. Conclue hors tout appel d’offres, la convention qui lie Nantes Métropole à La Machine est quasi léonine. Elle prévoit que Nantes Métropole se charge du « démarchage des villes susceptibles d’acheter le spectacle » et supporte « l’ensemble des frais de communication liés à la promotion et les frais engagés pour la promotion », et qu'elle aurait dû payer à La Machine « 67 740€ HT, par Ville manquante » si elle n'avait pas trouvé quatre volontaires. À moins, solution également prévue par la convention, de prendre en charge elle-même le coût du spectacle si la ville d’accueil ne veut pas payer ! (Il serait intéressant de savoir si les quatre villes en question, Bruxelles, Hambourg, Turin et Istanbul, paient le spectacle de leur poche ou se le font offrir par les contribuables nantais ; on ne le saura probablement pas car Nantes Métropole s’est engagée à « ne rien dire ou divulguer qui viendrait dénaturer le Spectacle ou en fausser les conditions ».)
On voit bien l’intérêt de la formule pour La Machine, on voit beaucoup moins bien son intérêt pour Nantes et les Nantais. Or l’addition finale pourrait être salée. « L’engagement financier global de Nantes Métropole au titre du spectacle et de son dispositif d’accompagnement dans les 4 Villes qui seront retenues ne pourra excéder 600K€ TTC », révèle la convention. « L’engagement financier de Nantes Métropole au bénéfice de la Machine est quant à lui au plus de 447K€ TTC. »
On se demande quelle mouche a piqué les élus nantais pour mettre ainsi les moyens de la collectivité au service d’une opération commerciale. Car l’Aéroflorale II, spectacle produit par La Machine, association de droit privé ayant son siège en Haute-Garonne et non à Nantes, est bel et bien de nature commerciale. Et les affaires marchent*. En tant qu’association, La Machine n’a pas le droit de répartir des bénéfices, mais elle paie des salaires. Sur 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011, elle a versé, hors charges sociales, 1.306.740 euros de salaires pour un effectif de vingt-cinq équivalents plein temps, soit en moyenne… 52.269,60 euros par tête de pipe** ! À titre de comparaison, l’association Le Cinématographe a payé 196.612 euros pour 8,65 salariés (moyenne 22.659 euros par personne). La Machine a aussi versé 38.620 euros de redevances pour concession de brevets ou licences ; elle disposait à fin 2011 de 2 millions d’euros de trésorerie.
Mais rien n’est trop cher pour les paillettes vertes.
____________
* La Machine, c'est tout à son honneur car bien d'autres s'en dispensent, satisfait à l'obligation de publier ses comptes au Journal officiel.
** Encore cet effectif comprend-il quatorze intermittents, dont on peut supposer qu’ils bénéficient en plus du régime des intermittents du spectacle…
Merci SVEN,
RépondreSupprimerLe scandale permanent de la ville verte " autophobe" est à l'image de l'aéroflorale CO2: La gerbe à Narcisse le bobo écolo! D'ici que l'uritonnoir et la toilette sèche participent à la cavalerie des machines. Celles qui tourneront en ronds dans la prochaine inspection de la cour des comptes.
Jean - Marc va chanter: "J'ai deux amours en double voix". La Ministre écologiste et le Ministre du carburant, glou et glou, glou, sept milliards! Les journalistes de FR3 subventionnée par la Région vont encore acheter du cirage rose!
Bonne semaine SVEN!
Merci Gilbert. En effet, le coup de l'uritonnoir est un gag génial. Je suis impatient de voir des roundballers saturés de pipi sous le soleil de l'été.
RépondreSupprimerPrèt à apporter ma modeste contribution!
RépondreSupprimermerci pour cet article !
RépondreSupprimerencore un peu plus de beurre rance à étaler sur la tartine nantaise...
Oh ! ne vous en faites pas ! Pour certains, la tartine nantaise est copieusement garnie de bon beurre frais et de confiture !
RépondreSupprimercette nouvelle machine me fait etrangement penser à une machine identique conçue pour des floralies il ya qq années.
RépondreSupprimerOui, les Floralies 2004, je crois, c'était bien elle, l'Aéroflorale première version.
RépondreSupprimer