L’indicateur le plus important du degré de réussite du
Voyage à Nantes 2012, c’est-à-dire le montant des taxes de séjour,
est désormais connu. Au vu de ces « vrais chiffres » de fréquentation
touristique, Jean Blaise affirme* que « les résultats [du Voyage à Nantes
2012] sont extrêmement positifs ». Sans les vrais chiffres, il disait
d’ailleurs la même chose.
Le nombre de nuitées dans les hôtels et autres types de
résidences payantes a progressé, dit-il, de 8,5 % d’une année sur l’autre.
Le dossier de presse
établi par Le Voyage à Nantes en octobre dernier assurait dans sa liste de
« 15 chiffres clés de la période estivale » que la progression était
de 9 %. Certes, 8,5 %, c’est moins que 9 %, mais n’allons pas
chipoter sur cette marge d’erreur.
N’allons pas trop chipoter non plus sur la répartition des
nuitées entre hôtels et autres types d’hébergement. La fréquentation des hôtels
de Nantes a progressé de moins de 4 % pendant la période du VAN. Celle des
campings, FJT et autres résidences sociales a progressé davantage. Il serait
intéressant de savoir quelle était la proportion des « médiateurs »
saisonniers du VAN parmi leurs hôtes ; là, c’est un peu le serpent qui se
mord la queue, mais cet effet est probablement marginal.
Blaise, donc, annonce 8,5 %. Les chiffres de Nantes
Métropole reproduits dans une infographie de Presse Océan
racontent une autre histoire. Selon eux, au cours des trois mois concernés en
tout ou partie par le Voyage à Nantes (juin, juillet, août 2012), le nombre de
nuitées, tous hébergements marchands confondus, est passé de 583.853 en 2011 à
629.754 en 2012 (+ 45.901). L’augmentation n’est donc en réalité que de
7,86 % pour ces trois mois.
Le nombre de nuitées a d’ailleurs progressé tous les mois de
l’année sauf en mai. Globalement, pour les neuf mois hors VAN, il a progressé
de 4,93 %. Si l’on élimine cette tendance de fond, la progression
spécifique des mois du VAN est inférieure à 3 %.
Or elle n’est pas due seulement au Voyage à Nantes. En
particulier, le succès de la Loire à vélo ne se dément pas : la
fréquentation de l’itinéraire a progressé de 10 % pendant la saison 2012.
Quelque 170.000 cyclistes l’ont emprunté en Loire-Atlantique et en Maine et
Loire pendant les mois de juin, juillet et août 2012. Si l’on extrapole les
constats de l’étude sur l’impact économique de La Loire à vélo réalisée en 2010,
ces touristes représentent plus de 1,2 million de nuitées en hébergement
marchand dans les deux départements. Dix pour cent de progression, c’est
120.000 nuitées de plus. Et si un dixième seulement de ces nuitées
supplémentaires avaient été passées à Nantes, elles représenteraient à elles
seules plus d’un quart de l’augmentation enregistrée à Nantes pendant les
trois mois du VAN.
En bonne logique, il faudrait aussi décompter les nuitées
des touristes venus pour Estuaire 2012. En août 2009, Jean Blaise annonçait
que sa biennale artistique avait attiré 720.000 visiteurs. Avec un budget du
même ordre, Estuaire 2013 n’a pas pu faire moins, n’est-ce pas ? À
supposer que seuls 6,4 % de ces touristes – un sur quinze – aient passé
une nuit à Nantes dans les trois mois du VAN, ils suffiraient à eux seuls à
expliquer en totalité l’augmentation du nombre de nuitées par rapport à 2011
pendant cette période !
Sur le plan de l'attractivité touristique, donc, le vrai bilan du Voyage à Nantes n'est probablement pas bien supérieur à l'épaisseur du trait.
_________
* Propos recueillis par Virginie Meillerais avec Yan Gauchard, Presse Océan du 14 juin 2013.
Merci Sven,
RépondreSupprimerLes infos que tu diffuses sur les manoeuvres de tout nos Ministres de la Culture, du vieux Guin à Blaise en passant par les intermittents Delarozière. Pourtant il nous manque les pages de la sous-culture populaire et des ouvriers en pleine crise pour cause de rentabilité et de prestige.
Les métiers de la Culture sont en train de disparaitre.
La Pétition des personnels Bibliothèque de Nantes est l'expression d'un profond malaise au travail et un exemple de la liquidation de la fonction publique municipale (RGPP) en marche dans la ville.
En effet, M.Ayrault, homme d'expérience, a mis en place toutes les conditions pour faire disparaitre les fonctionnaires et les services publics, ceci au profit du Privé.
Cette sanctuarisation des emplois de la Culture est un véritable cimetière pour une culture vieille et coûteuse.
"Regardez c'est dehors qu'est la culture, dans les spectacles et les machines aménagés par le privé, à des prix dignes des stars."
Donc aucun service rendu... Finie la culture populaire : les livres ont été vendus pour des robots et des maisons qui coulent, aux frais des contribuables.
C'est la défaite culturelle qui rejoint celle prônée par le Zéro des machines de l'ile, on noie l'humanisme dans de vains défilés.
On veut amuser le peuple . Quel mépris !
La culture de gauche in Nantes sacrifie ses ouvriers et enterre les identités.
Il est temps de se prendre en charge et d'inverser la tendance.
http://cgt-nantes.fr/spip/spip.php?article363&var_confirm=EbouYQJA#sp363
Merci Toni pour cet éclairage sur un problème bien délicat. Personnellement, il ne me semble pas que, d'une manière générale, Jean-Marc Ayrault cherche à faire disparaître les fonctionnaires (il en a accrû le nombre), et surtout pas au profit du privé ; en revanche, il a privilégié la mise en place de courroies de transmissions associatives, des structures à sa botte, car dépendantes de subventions publiques sans être protégées par un statut d'inamovibilité. Par ailleurs, il a galvaudé le mot culture, et même le concept, en l'accolant à n'importe quoi d'un peu médiatique (et pourquoi se gêner, puisque tant de courtisans relaient le message et puisque tant de jobards le gobent ?). Pratiquer individuellement la culture au sens traditionnel (faire de la musique, de la peinture, lire des livres, écrire des poèmes...) devient presque une forme de résistance civique -- mais il est agaçant de voir que l'argent, la considération, les honneurs sont largement accaparés par un petit groupe.
RépondreSupprimerSVEN un nouveau Scoop!
RépondreSupprimerA lire absolument.
Journal O.F d'aujourd'hui, pages nantes métropole: Blaise en voyage au bout de la nuit des nuitées tourista! Une annonce dans la conclusion: " A terme, l'événement du voyage à Nantes doit disparaître. On aura gagné quand on aura conforté le parcours Pérenne à cette notion de ville ouverte".
Bonne journée!
PS: MERCI à Toni Siro
Quand la CGT parle de culture, il faut commencer à s'inquiéter. Coluche ne manquait pas de le rappeler "Les syndicats c’est fait pour donner raison à des gens qui ont tort." La rente culturelle échappe à la CGT, faut-il s'en plaindre. De quelle culture parle-t-on? La culture change, la société aussi. Le constater serait déjà une avancée pour la CGT qui elle n'évolue pas.
RépondreSupprimerMon père a travaillé dans la sidérurgie lorraine, et j'ai passé moi-même un certain temps sur des chantiers du bâtiment. Je peux bien vous affirmer que les fonctionnaires, dans leur ensemble, étaient considérés comme un ramassis de bureaucrates parasites - point de vue qui n'est pas toujours infondé, hélas... La culture était certes respectée, mais comme une forme de grandeur vaguement ennuyeuse. En matière de délire idéologique, de déconnexion du réel, le Parti Communiste Français (et la CGT qui lui est lié) ont eu aussi leur heure de gloire. Votre alarme est légitime, mais c'est quand même un peu "l'hôpital qui se fout de la charité" ! Ne m'en veillez pas, Monsieur Siro, mais votre discours sur les "identités" pourrait parfaitement être tenu par la gauche locale, que vous pourfendez justement.
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