Yannick Guin a été nommé par Jean-Marc Ayrault conseiller
scientifique auprès de Louis Gallois, Commissaire général à l’investissement.
M. Gallois a été, entre autres, patron de la SNCF et d’EADS. On se demandait
quels conseils et quelle science de l’investissement pouvait lui apporter un
socialiste septuagénaire qui a fait carrière comme professeur d’histoire du droit et comme
adjoint à la culture de la municipalité nantaise. L’occasion d’en savoir plus s’est
présentée hier soir : Yannick Guin intervenait au CCO sur le thème
« Comment réindustrialiser la France », à l’invitation du conseil de
développement de Nantes Métropole.
« Je suis chargé de regarder et de prendre des notes,
je ne suis pas dans l’opérationnel », a-t-il cependant précisé d’emblée. À
défaut d’apporter beaucoup, l'œil de Matignon a beaucoup appris. Rien d’original à vrai
dire : il a découvert que l'industrie française ne se porte pas bien, comme n’importe quel lecteur des Échos le sait
depuis longtemps. Mais ce n’est déjà pas si mal, car il ne pratique ni la
langue de bois, ni la méthode Coué.
La réindustrialisation, dit-il, suppose que
« populairement, on ait une envie d’industrie ». Et pour cela, il
faut mobiliser les entreprises et l'administration, bien sûr, mais aussi les
intellectuels (dont certains, hélas, comme à Notre-Dame-des-Landes, ne sont pas
pour la croissance), les enseignants (
« tant qu’on ne fera pas des
filières d’excellence, on n’y arrivera pas »), les médias (
« Gallois
est comme moi, il ne supporte plus ce pays qui se dénigre lui-même »), les
artistes, etc. Vaste programme. On dirait qu’il faut rembobiner l’histoire de
France jusqu’à Jean Jaurès, si ce n'est jusqu'à Colbert.
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Comment réindustrialiser le Jardin des Fonderies ? On a gardé la chaudière, mais on a planté des bananiers. |
Yannick Guin aimerait
« que Nantes devienne une place
forte de l’imaginaire industriel » grâce à un établissement ad hoc
installé sur l’île de Nantes. Cela montre que s’il a l’enthousiasme du
néophyte, il a aussi de la suite dans les idées. Quand Nantes Métropole a fixé le sort du site des Chantiers, en 2004,
Guin avait proposé avec le Conservatoire national des Arts & métiers un
projet de « Nefs de l’industrie », à la fois musée des
activités d’hier et vitrine de celles de demain. Jean-Marc Ayault l’avait
écarté au profit des Machines de l'île : le loisir avait pris le pas sur l'industrie. Reste à espérer que le Premier ministre actuel sera
plus clairvoyant que le maire de Nantes de l’époque.
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