Vinci
a donc abandonné in extremis, hier, au palais de justice de Nantes, la procédure
d’expulsion engagée contre plusieurs habitants et agriculteurs installés sur la
zone du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les
dirigeants du groupe (ou plutôt de sa filiale AGO) sont humains, après tout.
Leur avocat a invoqué un « souci d’humanité » : qui
oserait mettre ses semblables à la rue à quelques jours de Noël ?
Cette
hypothèse n’est pas la seule possible. Ni la plus plausible. « La
volte-face est incroyable », admet franchement Yan Gauchard, dans Presse Océan. Depuis des années, les décisions de justice favorables sont un axe
de communication majeur des partisans du projet d’aéroport. Pourquoi renoncer à
une nouvelle victoire quasiment assurée, qui leur aurait permis de dire une
fois de plus : « Voyez, la loi est avec nous » ? Et
puis, comme l’a fait observer le vice-président du TGI, la procédure était
prévisible depuis longtemps : pourquoi avoir attendu le dernier moment
pour y renoncer ? Aurait-on soudain découvert le 10 décembre que Noël se
fêtait le 25 ?
Cette
considération calendaire en appelle évidemment une autre : le second tour
des élections régionales a lieu le 13. Une décision d’expulsion aurait eu un
effet désastreux pour la liste menée par Christophe Clergeau, déjà pas très
sûre du bon report des voix écolos après une fusion cafouilleuse. Et si au
surplus le prononcé du jugement avait provoqué des incidents, c’était pire :
il ne restait qu’à choisir entre réprimer énergiquement, et perdre encore plus
d’électeurs verts, ou tolérer des incidents, et mobiliser encore plus les
électeurs de droite…
Vinci
a donc retiré une sacrée épine du pied aux socialistes. Mais pourquoi
donc ? A priori, il aurait tout intérêt à ce que la liste de droite
soit élue. Bruno Retailleau est tout aussi favorable que Christophe Clergeau au
projet d’aéroport, mais lui, au moins, ne serait pas plombé par des alliés
écolos prompts à jouer les cailloux dans la chaussure de chantier. Compte tenu
de la prime majoritaire, les verts n’auraient plus que quelques élus dans une
assemblée régionale de droite.
Pour
que Vinci cherche à sauver Christophe Clergeau, il faudrait que les socialistes
lui aient accordé des gages sérieux. Lesquels ? Les paris sont ouverts. Il
se peut que Vinci ait sincèrement voulu jouer les père Noël envers les
zadistes, oui. Mais il se pourrait aussi que sa sagesse lui vaille un joli cadeau dans
son petit soulier.
Pour résumer, vous ne savez rien. Merci pour cet article !
RépondreSupprimerLorsque Bernard Hagelsteen a publié le décret d'utilité publique de l'aéroport, le 10 février 2008, personne ne savait rien. Lorsqu'il a préparé l’appel d'offre pour réaliser l’aéroport, personne ne savait que Vinci l'emporterait. Et personne ne savait que ce même préfet serait employé par ce même Vinci, à partir de 2011. Et après coup, non plus, on ne sait toujours rien : quelques fumeurs de joints trompent leur désoeuvrement en échafaudant d'aberrantes théories paranoïaques...
RépondreSupprimerPersonne ne sait non plus que les Verts vendent leur âme, au deuxième tour de chaque élection, pour quelques postes confortables. D'ailleurs, on ne sait pas vraiment ce que c'est qu'une âme - comment ferait-on pour vendre plusieurs fois le même produit ? Quel talent commercial !
Et personne pour mettre en doute la probité des élus, leur incorruptibilité. Leur saine gestion. On ne sait rien, et on imagine beaucoup ; l'esprit humain est ainsi fait : humain, trop humain.
Qui construira le nouvel hôpital ? Qui bâtira sur l'ancien site ? On ne sait rien. Vinci non plus ne doit pas encore savoir, pour être aussi prévenant... Ou peut-être sait-il déjà, ou imagine-t-il. Ou peut-être pas.
Vertige du non savoir, métaphysique : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Pour résumer, on ne sait vraiment rien (comme vous avez raison). Merci pour cette remarque !
"effet désastreux" effectivement pour Christophe Clergeau qui se prend une grosse claque. On ne peut se présenter devant les électeurs en étant pour, contre, avec et sans.
RépondreSupprimerBriguer un poste promis dans l'entre-soi du parti sans un minimum de crédibilité publique n'a jamais assuré le succès.
Le milieu économique avait besoin de visibilité et de lisibilité pas d'un benêt dont l'inconcevable inconduite envers ses alliés, ]je vous cite : On se demande alors pourquoi Christophe Clergeau a cru devoir proclamer que ses nouveaux colistiers s’étaient fait rouler dans la farine. « Les écologistes n’ont pas obtenu de moratoire ni sur les travaux ni sur l’expulsion des opposants », a-t-il souligné (Presse Océan du 8 décembre). Autant inviter tout de suite les adversaires de NDDL à voter pour la liste du Front national, seule protagoniste du deuxième tour à s’opposer encore au projet de Vinci !] ne pouvait que pousser les partisans vers LR. Et des partisans de l'aéroport NDDL, il y en a, jusqu'en Bretagne où Le Drian a refusé l'alliance avec les Verts.
Un outil pour connaître les revenus des Députés. Intitulé "Integrity Watch France", l'outil s'appuie sur les données transmises par les élus et mises en ligne sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Peu lisibles et souvent inexploitables pour les journalistes ou les chercheurs, ces données ont fait l'objet d'un important travail de compilation de manière à rendre les revenus et intérêts des parlementaires comparables et exploitables.
RépondreSupprimerhttp://www.integritywatch.fr/index.html
S'il n'intègre pas les revenus cumulés des différents mandats des parlementaires (ceux-ci sont juste mentionnés dans chaque fiche), l'outil permet ainsi de comparer la situation personnelle des parlementaires, recense notamment leurs revenus et activités annexes, ainsi que celles de leurs conjoints, pour mettre "les citoyens en capacité de mieux détecter d'éventuels conflits d'intérêts", explique l'ONG.
On notera avec intérêt des absences remarquables. je vous laisse les découvrir.
Merci pour cette référence utile et pour la devinette. J'avoue que les "absences remarquables" ne me sautent pas à l'oeil au premier regard, mais je vais y songer davantage. (Je suppose que les droits d'auteur de Joel Guerriau provenant de ses livres sur le père Noël se situent sous le radar d'Integrity France.)
RépondreSupprimer