Dira-t-on que le dossier de l’Arbre aux hérons suit son
cours ou que Nantes Métropole cherche péniblement la sortie ? Le cinquième
point de l’ordre du jour du conseil communautaire du 10 février est ainsi
libellé : « Lancement des études pour le projet arbre aux hérons
et co création d’un fonds de dotation avec les acteurs économiques ». Johanna Rolland l’a
présenté hier à la presse comme si c’était fait.
Le fonds de dotation est une forme juridique créée par une loi de 2008 sur
la modernisation de l’économie – une loi dont la gauche ne voulait pas à
l’époque. Ce n’est pas une nouveauté dans la région ; il existe plus d’une
centaine de fonds de ce type en Bretagne, un peu moins dans les Pays de la
Loire. Ils sont liés à La Folle Journée, au Festival interceltique de Lorient,
au CHU de Nantes… Un fonds de dotation est soumis à différentes formalité de
déclaration, de contrôle et de publicité. Il lui faut un conseil
d’administration, un comité consultatif, un commissaire aux comptes. C’est donc
le contraire d’une simplification.
Un fonds de dotation « gère, en les capitalisant, des biens et
droits de toute nature (…) et utilise les revenus de la capitalisation en vue
de la réalisation d’une œuvre ou d’une mission d’intérêt général »
(loi du 4 août 2008, article 140). Vu le taux de rendement actuel des capitaux
notre fonds devrait recevoir des centaines de millions d’euros pour financer
l’Arbre aux hérons dans un délai raisonnable. Il devra donc recourir à une
disposition dérogatoire, qui supposera une habile rédaction de ses statuts
(idem pour la définition de son objet, qui doit lui laisser une marge de
manœuvre, sous peine d’être considéré comme un organisme transparent).
Un fonds de dotation ne peut pas recevoir de fonds publics, ni directement
ni indirectement. Pour déroger à cette règle, il faut un arrêté des ministres de l’économie et du budget : inutile d’y songer. Restent les dons de particuliers ou d’entreprises. Des dons destinés
à être redistribués à l’opérateur de l’Arbre aux hérons. Certes, un fonds de
dotation peut redistribuer son argent « pour assister une
personne morale à but non lucratif dans l'accomplissement de ses œuvres et de
ses missions d'intérêt général ». Hélas, Le Voyage à Nantes, qui gère
les Machines de l’île, n’est pas une personne morale à but non lucratif mais
une société publique locale, régie par le code de commerce. Il faudra donc
créer une structure ad hoc pour L’Arbre aux hérons. Encore une
complication !
Cela n’évitera pas de s’interroger sur le caractère d’œuvre
ou de mission d’intérêt général de L’Arbre aux hérons : entrerait-il dans
le cadre défini par les articles 200 et 238 bis du code général des impôts, sur lequel les
services fiscaux veillent jalousement ? C’est indispensable, sans quoi les
dons versés au fonds de dotation ne seront pas déductibles fiscalement. Mais
c’est loin d’être acquis. D’autant plus que, selon les déclarations de Pierre
Orefice, les apports des entreprises consisteraient en parrainage de branches –
qui à tous les coups seront considérés comme des dépenses publicitaires.
La sécurité juridique d’un tel montage est loin
d’être assurée. C’est un handicap de plus pour l’Arbre aux hérons, qui déjà n’en manque pas et dont les
perspectives financières sont hautement incertaines. Pourquoi se lancer
dans ce méandre supplémentaire que constituerait la création d'un fonds de
dotation ? Peut-être pour pouvoir dire un jour : « Vous voyez
bien, on a tout essayé et ça n’a pas marché »…
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P.S. -- L'Arbre aux hérons « sera une bonne occasion de rappeler que [Audubon] est nantais », dit Pierre Orefice, cité par Presse Océan. Pas de chance, le patron des Machines est tombé à côté une fois de plus : comme le signale E.L, un fidèle lecteur que je remercie, Audubon est né à Saint-Domingue.
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P.S. -- L'Arbre aux hérons « sera une bonne occasion de rappeler que [Audubon] est nantais », dit Pierre Orefice, cité par Presse Océan. Pas de chance, le patron des Machines est tombé à côté une fois de plus : comme le signale E.L, un fidèle lecteur que je remercie, Audubon est né à Saint-Domingue.
Vous êtes là pour relativiser les communications municipales violemment relayées par la PQR. Tant mieux car la montée dans l'Arbre aux impôts semblait imminente, merci !
RépondreSupprimerCher monsieur,
RépondreSupprimerJe n'ai point compris votre chronique. Seriez-vous inspecteur des impôts ? Vous maitrisez tous ces chiffres qui me donnent mal à la tête ! Vous êtes ahurissant de clarté. Je vous remercie de prendre tant de soin des deniers du peuple.
vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.
Sincèrement votre.
Pierre Audubon né à Saint-Domingue ? Il est né à New-York mais son Etat civil a été trafiqué par les illuminatis nantais.
RépondreSupprimerHeureusement que vous êtes là pour relativiser les communications municipales relayées avec violence par la PQR !
Tant mieux (ouf dirais-je même), car nos impôts nous font mal au pot !
Pierre Audubon ? Je croyais qu'il s'agissait de Jean-Jacques...
RépondreSupprimerJ'ai rien compris !
Mais si, on parle bien du papi Pierre de Jean-Jacques. Sven il l'a dit dans son article.
RépondreSupprimerBon, on y comprend rien en fait : une vraie "usine à gaz" cet article un peu approximatif au final.
Anonyme de 23:29, vous avez raison, bien sûr, ma plume a fourché, relecture insuffisante... (Je ne suis pas seul : l'Anonyme de 22:32 a embrayé sans moufter.) Merci du rappel, je corrige.
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