18 février 2017

« Invitée d’honneur » à Hambourg, Nantes doit quand même payer l’addition

« Du 5 au 7 mai prochains, la Métropole nantaise sera l’invitée d’honneur de l’anniversaire du port de Hambourg » : dit comme ça, c’est flatteur. Ainsi le site web de Nantes Métropole présente-t-il la présence de Nantes au Hafengeburtstag Hamburg, plus grand festival maritime d’Europe, doublé d’une kolossale fête foraine. Et de poursuivre : « Cette présence métropolitaine à Hambourg permettra non seulement de faire rayonner la Métropole, mais également de nouer de nouveaux partenariats pour des échanges économiques durables. » Devant le conseil métropolitain du 10 février, Johanna Rolland a insisté sur le grand privilège accordé à Nantes : d’habitude, Hambourg n’invite que des capitales.


C’est simplement faux. Hambourg invite des pays, non des villes : Hongrie en 2016, Pays-Bas en 2015, Argentine en 2014, Italie en 2013… Et la France, donc, en 2017. Mais les pays sont en général représentés par une ville : Budapest, Groningue, Buenos Aires, Gênes… Aïe ! si Budapest et Buenos Aires sont bien des capitales, Groningue et Gênes ne le sont pas : madame le maire va devoir réviser sa géographie.

Pour ces pays et ces villes, l’honneur est relatif. Nantes Métropole n’étant manifestement pas une source fiable, on se référera au communiqué officiel de la ville de Hambourg : « Chaque année, un pays différent a la possibilité de se présenter comme partenaire de l’anniversaire du port de Hambourg et d’enthousiasmer les visiteurs pour sa culture et son mode de vie, en particulier ses spécialités culinaires. En 2017, la France se présente avec la ville occidentale de Nantes. »

Quand Nantes Métropole se flatte d'être «l’invitée d’honneur », il faut comprendre plus prosaïquement que la France pourra « se présenter comme partenaire » de l’événement allemand, à charge pour Nantes de faire le boulot. Et de payer son écot, soit 250.000 euros alloués par Nantes Métropole au Voyage à Nantes (on se demande d’ailleurs pourquoi il a fallu attendre le 10 février pour s’en préoccuper : l’opération est officiellement prévue depuis le printemps 2016*). Tout ça pour faire goûter le muscadet à des fêtards allemands au nom de la culture française.

En réalité, les visiteurs du Hafengeburtstag sont surtout intéressés par les bateaux. L’élite maritime du monde entier se donne rendez-vous sur l’Elbe. La meilleure façon de promouvoir Nantes serait d’y envoyer le Belem. À cette date, hélas, il croisera du côté du Portugal. Encore une occasion manquée.


P.S. du 19 février : RSE-Nantes Métropole, un comité Théodule local à « gouvernance partagée » sur le thème de la responsabilité sociale des entreprises, n'allait pas laisser passer une si belle occasion d'organiser une « Learning Expedition », ce qui est quand même autrement plus chic qu'un voyage d'étude  Si vous voulez « challenger vos pratiques» à Hambourg, c'est par là.
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* Pour être exact, on n’a pas attendu que le budget soit voté pour le dépenser : voici quelque temps déjà, le stand nantais a été confié à Carré final, une entreprise de la banlieue parisienne qui a la bonne idée de posséder une filiale à Hambourg.

6 commentaires:

  1. Le marketing territorial est une plaie qui aveugle les communicants et les responsables du développement économique. Les lecteurs des bulletins municipaux et de la PQR devraient bénéficier d'une formation au décryptage de la surenchère. Ce serait une mission de salut public qui mettrait les édiles devant leur irresponsabilité.

    Vous décrypter avec minutie les argumentaires mensongers, les comptes manipulés, les post-vérités qu'il n'est pas besoin d'aller chercher du côté de Trump.

    On n'aurait pu espérer que celle qui se défend d'être une apparatchik aurait plus de décence dans la course à l’échalote. Mais il n'en est rien, à l'heure où son mentor annonce son retrait de la vie politique après 40 ans de cumul, la Présidente de la Métropole continue à survendre du muscadet et à assurer le financement de projets pharaoniques en pensant qu'elle aura le pompon des métropoles attractives. Ce vain combat coûte cher aux nantais qui semblent se vautrer avec complaisance dans un lupanar machinique. La fête, la foire sont à Nantes le début et la fin d'une politique culturelle attrape tout.

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  2. Malheureusement ce n'est pas une première et les labels du mieux ceci, capitale de cela se payent au prix fort pour le contribuable. Non seulement il faut faire acte de candidature, mais il faut assumer le financement, pour des retombées difficilement chiffrables.

    Ce qu'une entreprise ne ferait pas, la collectivité le peut puisqu'il ne s'agit pas de son argent. Et puis ça nourrit les nombreux bulletins (municipaux, métropolitains, départementaux etc.). En passant ceux-ci mériteraient d'être 100% numériques pour ne pas être imposés à celles et ceux qui n'en ont cure.

    Ainsi le dernier congrès Velocity qui a été vendu ainsi par Nantes Métropole :

    "Partage de l’expérience nantaise et française

    Depuis 2008, Nantes œuvre activement au développement de la pratique du vélo et de la marche. Son ambitieux plan d’action a ainsi permis de doubler la pratique du vélo en 5 ans (de 2% à 4.5%). Nantes souhaite lors de la conférence partager le modèle mis en place, qui combine réseau d’infrastructures, services pour cyclistes, management de la mobilité communication et marketing. Le congrès présentera également les politiques cyclables en France, avec la contribution d’autres villes françaises."

    Il y est bien question de marketing, mais le bilan chiffré de l'opération n'est lui pas mentionné.

    Selon les DNA, "La cité ligérienne a été sélectionnée en 2012 par la fédération européenne des cyclistes (ECF), organisatrice de Velocity, après une première tentative infructueuse."
    http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2015/06/02/velocity-strasbourg-au-bord-de-la-route

    Strasbourg n'aurait pas fait acte de candidature car "La mise de départ pour faire venir Velocity serait également jugée trop élevée, avec un ticket d’entrée à 200 000 euros. Ainsi, Nantes métropole injecte 700 000 euros dans l’organisation du congrès, sur un budget total de l’ordre de 2,2 millions d’euros."

    Et hop encore 700 000 euros pour dégringoler illico dans le classement des villes cyclables Copenhagenize ( http://copenhagenize.eu/index/07_nantes.html ) classé initialement pour encourager la poursuite des actions engagées, déclassée pour le manque de cohérence de celles-ci.

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  3. Marketing territorial, suite mais pas fin, ou les aventures de Johanna à Cannes
    (on a vu pire comme destination de séminaire):

    MIPIM Cannes donc, 14 au 19 mars 2017, QUELLES OPPORTUNITÉS D'AFFAIRES POUR VOUS?
    http://mipim.loire-bretagne.fr/

    Mercredi 15 mars 17H
    NANTES, LA MÉTAMORPHOSE D’UNE VILLE
    Zoom sur 4 projets emblématiques :
    Bas-Chantenay, Ile de Nantes,
    Pirmil-les-Isles, Gare TGV

    Johanna ROLLAND, Maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole
    Bernard REICHEN, urbaniste Bas-Chantenay
    Jacqueline OSTY, paysagiste Ile de Nantes
    Claire SCHORTER, urbaniste Ile de Nantes
    Frédéric BONNET, urbaniste Pirmil-les-Isles
    Rudy RICCIOTTI, architecte Gare TGV

    18h00

    INVEST IN LOIRE-BRETAGNE : RENCONTREZ LES DÉCIDEURS !
    Cocktail en présence des élus et des acteurs de l’immobilier du Grand Ouest

    On n'ose pas se demander qui régale dans pareil cas et la finalité de l'opération.

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  4. Johanna était partie faire du lobying territorial au MIPIM, voici le retour.

    https://storify.com/investnantesSN/mipim-2017

    Des gens mal intentionnés pourraient s'interroger sur le financement du stand, des attachés commerciaux (et non parlementaires), du jeu où on gagne un séjour organisé par Jean Blaise au lieu d'aller en taule, etc.

    Le reste c'est la même salade composé des mêmes ingrédients que la com locale nous abreuve jusqu'à la nausée.

    On a du visuel en prime quand Jacqueline Osty et Claire Schorter nous présentent ce que sera l'île de Nantes demain (que peut-on attendre de plus qu'un nouveau champ d'expérimentation pour promoteur dans une incohérence la plus totale pour mieux servir la déconnection du marché et un prix du mètre encore plus abracadabrantesque).

    Celui aussi sur M. REICHEN a qui 150ha ont été confié pour mettre en oeuvre la mixité à travers une opération de renouvellement urbain. Pour information ce vaillant urbaniste parisien est toujours sur la brèche à 74 ans.

    Un autre Monsieur cause de "porte d'entrée vers notre belle métropole européenne", le très médiatique Rudy Ricciotti "nous emmène en voyage..., pour une économie et des emplois territorialisés" et Johanna de ponctuer "#nantes c'est le temps de l'accélération!" pour conclure "#Nantes a des atouts singuliers dt 200 ha potentiels urbanisables en coeur de ville ! @Johanna_Rolland @businessimmo #MIPIM2017
    #immobilier"

    par un contenu explicitement sponsorisé par le fournisseur des vélos en libre service contre pub et mobilier urbain contre pub.

    Ce partenariat public/privé fait plaisir à voir et laisse augurer de la maximisation des profits pour les uns et de la mutualisation de "infrastructures" et de ce qui ne rapporte pas pour qui vous savez.

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  5. Merci de la référence. Et moi qui me demande si je n'ai pas quelquefois la dent trop dure...

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  6. La question est surtout de savoir comment ne pas avoir la dent trop dure quand on confronte le dire au faire nantais?

    Quand, par exemple, "L'architecte Frédéric Bonnet, présent sur le #MIPIM2017 aujourd'hui, réinvente Pirmil Les Isles à #Nantes pour habiter la "ville-nature"."
    Ca c'est le "dire".

    Et le "faire", c'est quand on met en parallèle la réalisation en cours de l'ilot Confluence, quasi figure de proue et probable préfiguration de ce que donnera "Pirmil Les Isles" sur le terrain. Mixité et renouvellement urbain, le tout délayé d'une dose de densification d'un soupçon écriture contemporaine avec teintes à la mode sur une masse bétonnée (les teintes qui ont été à la mode sur le centre de consultation tout proche et garant de "mixité" pour les seniors, sont d'une part démodées et d'autre part délavées) que les dépliants publicitaires vendent comme "intimiste".

    J'aurais volontiers utilisé "carcéral" pour désigner l'impression d'ensemble. Raconter des grosses conneries pour se faire mousser est une chose, mais il y a des humains qui vivent là-dedans! Et je subodore que pas un (ou une) des décideurs ne souhaiterait habiter là.

    Il faudra signaler à M. Bonnet que dans son illustration presque naïve sur fond de grue grise , le cycliste progressant en parallèle de la rue Félix Eboué (au 13), risque fort de rencontrer le mur de clôture de la propriété qui est hors cadre s'il continue sur sa lancée. A moins que les maisons qui bordent la rue fassent l'objet d'une expropriation en règle. Auquel cas l'amorce de voie qui est existante pourra être prolongée le long du fleuve.

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