Après le « thème
de l’Arbre et tous ses attributs » puis le point
culminant de l’Arbre à 30 mètres de hauteur, voici le troisième volet de notre
exploration du dossier
de présentation de l’Arbre aux hérons rédigé par Pierre Orefice et François
Delarozière.
Ce dossier décrit l’Arbre tel qu’il devrait être et les
sensations des visiteurs telles qu’on espère qu’elles seront. « Ce
voyage est encore plus fou que l’embarquement dans l’Éléphant ! »
assure-t-il à propos du vol des hérons. Encore plus fou peut-être, mais encore plus
contingenté sûrement. Car « en période de plus forte affluence, il y a
5 à 6 vols par heure ». Comme les hérons pourront accueillir une
douzaine de passagers à la fois, le compte est vite fait : pour
transporter les 400.000 visiteurs annuels espérés à raison de 6x12=72 passagers
par heure, les hérons devraient fonctionner à plein plus de quinze heures par
jour, 365 jours par an ! Un rendez-vous le 9 janvier à 23h30 ou le 10 à 6 heures du matin, ça
vous va ? Là, oui, vraiment, ça serait « encore plus fou que
l’embarquement dans l’Éléphant » !
La capacité horaire des hérons représente à peu près la
moitié de celle de l’Éléphant. Il est donc raisonnable d’escompter un bilan de
l’ordre d’un demi-Éléphant, soit 46.000 visiteurs par an. Cela ne fait que
11,5 % des 400.000 visiteurs maintes fois allégués pour justifier la
construction de l’Arbre aux hérons. Où sont les autres ? Facile, il y
aura deux catégories de clients : ceux qui embarqueront sur le dos des
hérons, et la piétaille, très majoritaire, qui devra se contenter de regarder.
C’est d’ailleurs bien ce qui est prévu entre les lignes du dossier de
présentation : « le circuit des hérons et celui des jardins
suspendus sont distincts et leurs accès séparés »*. On ne mélange pas
les happy few et le lumpen héronariat !
Trouvera-t-on 400.000-46.000=354.000 clients par an pour une
visite au rabais, même à tarif réduit ? Pierre Orefice et François
Delarozière voudraient s’en convaincre. Mais ils ont du mal à forger des
arguments. Encore et toujours, ils comptent sur le même produit d'appel, les hérons, pour attirer les
futurs clients, y compris ceux qui n’auront pas eu droit d’emprunter leur accès
séparé. Les visiteurs seront « hypnotisés par le héron qui s’élance
dans le ciel en déployant son cou et ses ailes », assurent-ils. « Cette
vision est une des raisons d’atteindre les grands belvédères au sommet de
l’Arbre pour assister à l’envol des hérons. »
Dans le square Marcel-Schwob, « L’Épave » de Paul Auban (1869-1945) semble maudire d’avance l’Arbre aux hérons |
Après tout, pourquoi pas ? Si mémé s’offre un baptême
de l’air à dos de héron, on peut imaginer que toute la famille vienne
l’encourager de la voix et du geste depuis les grands belvédères. Pour une mémé
héronisée, il ne devrait pas être sorcier de belvédériser huit enfants,
petits-enfants, gendres et brus, neveux et nièces, et le tour serait joué.
Mais c’est quand même de la méthode Coué, car on pourra
assister à l’envol des hérons gratuitement depuis le sol. Ou, bien mieux,
depuis le square Marcel-Schwob et la rue des Garennes. Là, on aura en prime un
beau point de vue plongeant sur la carrière de Miséry et la Loire en
arrière-plan. Sauf à dégrader le site en remplaçant la grille actuelle par un mur opaque, on voit mal comment obliger les gens à payer pour voir.
Le business model de l’Arbre aux hérons reste un mystère.
P.S. du 4 avril. Laurence Garnier, très désireuse de voir l'Arbre pousser, propose un « financement participatif auprès des particuliers qui pourraient acheter des feuilles de l’arbre » et faire inscrire leur nom dessus. C'est gentil de sa part mais il n'est pas nécessaire d'être très observateur pour remarquer que si les branches de l'Arbre aux hérons sont en acier, ses feuilles sont de vraies feuilles avec chlorophylle et tout. Les branches sont « végétalisées », comme disent Les Machines, elles alignent des jardinières de balcon. Allez donc inscrire votre nom sur une feuille de géranium.
P.S. du 4 avril. Laurence Garnier, très désireuse de voir l'Arbre pousser, propose un « financement participatif auprès des particuliers qui pourraient acheter des feuilles de l’arbre » et faire inscrire leur nom dessus. C'est gentil de sa part mais il n'est pas nécessaire d'être très observateur pour remarquer que si les branches de l'Arbre aux hérons sont en acier, ses feuilles sont de vraies feuilles avec chlorophylle et tout. Les branches sont « végétalisées », comme disent Les Machines, elles alignent des jardinières de balcon. Allez donc inscrire votre nom sur une feuille de géranium.
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* Ce
qui pourrait avoir un intérêt pratique : il est probable que le vol en
héron sera interdit pour des raisons de sécurité à partir d’une vitesse du vent
relativement basse – et donc fréquente. Un accès distinct permettra de garder l’Arbre
ouvert – de même qu’aujourd’hui la Galerie des machines reste ouverte quand l’Éléphant
ne peut fonctionner (en principe quand le vent dépasse 60 km/h, vitesse atteinte aux heures ouvrables quatre jours au cours du mois dernier, les 1er, 5, 6 et 25 mars).
Et prochainement sur nos écrans, "L'Arbre, la maire et l'Eléphant"? La réalité dépasse souvent la fiction...
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