14 février 2019

Dits, non-dits, dédits et contredits des Machines de l’île en 2019

Chaque début d’année, la fin de l’hivernage des Machines de l’île apporte son lot de déclarations un peu bizarres, un peu biaisées, un peu langue-de-bois, mais souvent révélatrices au second degré. Petite exploration des éléments de langage 2019.

  • Il y a d’abord ce qu’on s’abstient de dire. De la fréquentation des Machines de l’île en 2018, on évite de parler. Elle a baissé de 20.000 visiteurs, affirmait en début d’année Dolorès Charles, de Hitwest. Seule à publier un chiffre précis en l’absence de bilan officiel, Julie Urbach assure dans 20 Minutes que 642.670 billets ont été vendus. Par rapport aux 674.395 billets de 2017, la perte serait de 31.725 billets, soit 4,7 %. En cette année 2018 très favorable pour le tourisme dans toute la France ou presque, c’est paradoxal. Et d’autant plus fâcheux que la délégation de service public accordée par Nantes Métropole prévoit une augmentation continue de la fréquentation jusqu’en 2025. En 2018, les Machines auraient dû comptabiliser 672.931 entrées. Il en manque plus de 30.000. La subvention versée par Nantes Métropole baissera-t-elle en proportion ?
  • Le redémarrage est laborieux. Pierre Orefice, directeur de l’établissement, qui s’exprime comme souvent à travers la plume de Stéphane Pajot dans Presse Océan (10 et 11 février), admet du bout des lèvres que la nouvelle attraction de la Galerie des machines, le Paresseux, ne fonctionne pas bien. Le Grand éléphant encore moins : il est en panne. « On lui a enlevé la moitié de son cerveau pour le réparer », plaide le patron des Machines. « […] On a changé les mémoires de son cerveau qui se compose de deux gros ordinateurs. » Peut-être le patron des Machines devrait-il lui-même envisager un petit changement de mémoires. Car il semble oublier que le cerveau de l’éléphant a déjà été changé l’an dernier, en même temps que son moteur – cause de bien des soucis lui aussi. (Mise à jour du 28 février : je m'aperçois à retardement que le programme des travaux de l'an dernier ne prévoyait pas un remplacement du cerveau entier mais seulement de certaines pièces et un "test pour anticiper le changement global du cerveau automate". Une anticipation mal calculée, donc.)
  • L’Arbre aux Hérons, lui, a un problème de poids. Les Machines de l’île exposent une nouvelle maquette, vaste enchevêtrement de ferrailles sans grande ressemblance avec l’édifice qui avait séduit Nantes Métropole naguère. C’est maintenant un « banian des Indes », dit-on pour expliquer l’apparition de nombreux poteaux. Sans ces étais, les branches seraient incapables de supporter les charges prévues. On vient seulement de s'en apercevoir. Rappelons qu’une branche prototype est installée depuis 2007 aux Machines de l’île. Elle était censée servir à vérifier la faisabilité de l’Arbre…
  • Il y a aussi le feuilleton du financement de l’Arbre aux Hérons (qui en principe ne concerne pas Les Machines de l’île, mais ce méli-mélo juridique n’est pas nouveau). «  ’Ça avance’, assure le directeur des Machines », selon Yasmine Tigoé (Ouest France  du 10 février). « Une quarantaine d’entreprises se sont engagées, par courrier, à participer au financement. », pour un montant de 4 millions au total. Ce qui montre au contraire que, non, ça n’avance pas du tout : interrogé début août par Rozenn Le Saint, du magazine Capital, le même Pierre Orefice annonçait que « 40 entreprises ont déjà misé 4 millions d’euros dans le fonds de dotation dédié ». Non seulement le magot n’a pas varié d’un kopeck en six mois, mais on découvre que ces millions prétendument « misés » ont seulement été promis*.
  • Peut-être pour cette raison, Pierre Orefice cherche à gagner du temps. L’inauguration de l’Arbre aux Hérons devait intervenir au plus tard en 2022. Sur le site web de Nantes Métropole, on peut encore lire, à la date du 7 févier 2017, que « l'Arbre aux hérons devrait ouvrir ses branches au public "au début du prochain mandat, en 2021-2022 " selon la présidente de Nantes Métropole ». Pierre Orefice dément soudain Johanna Rolland et annonce de son propre chef une ouverture « à l’horizon 2023 » !
_________________
* Dans l’intervalle, le 5 décembre, Pierre Oréfice avait aussi annoncé 40 entreprises et 4 millions d’euros à Presse Océan. Au conseil métropolitain du 5 octobre 2018, Fabrice Roussel évoquait seulement 3,5 millions d’euros.

7 commentaires:

  1. EN 2023 PIERRE orefice aura 68 ans bel âge pour inaugurer l'arbre aux hérons, et puis il pourra toujours dire qu'il faut une quinzaine d'années pour arriver à l'équilibre, arriver à un âge canonique sur qu'il n'aura plus de compte à rendre !!!

    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/arbre-aux-herons-ladjoint-la-culture-optimiste-3701290

    RépondreSupprimer
  2. Comme dit en ce moment une campagne municipale du meilleur goût, à propos d'un "grand débat" sur la vieillesse, "Et si on gardait le meilleur pour la fin ?"

    RépondreSupprimer
  3. curieusement un article de 2016 : Les premiers des 400 000 visiteurs espérés par an n'y grimperont donc pas avant 2023.
    puis en 2017 / Le tout pour un projet qui devrait voir le jour vers 2021-2022, dans la carrière Miséry, à Chantenay.
    Madame johanna rolland en 2017 a-t-elle demandé d'accéléré un peu mais pourquoi ????
    pour moi l'arbre aux hérons n'a rien à voir avec : "L'Arbre aux hérons est un enjeu d'attractivité, qui va participer au rayonnement de la ville ... (johanna rolland) en fait ce machin est là que pour valoriser les logements et terrains du bas chantenay déja les promoteurs s'en donne à coeur joie...que les contribuables payent pour que les M2 augmentent me parait hautement douteux, l'éléphant n'avait pas d'autre but son véritable échec c'est que les gens veulent quitter le quartier de l'île de nantes !!!! le minotaure à toulouse et machines n'ont d'autres but mais la ses affiché !!!!
    "Il est aussi au service de projets urbains comme ici, celui de la réhabilitation du quartier Montaudran." delarozière
    Jean marc ayrault à eu son jouet l'île de nantes JOHANNA ROLLAND veut le sien chantenay.
    https://www.lemonde.fr/scenes/article/2018/11/02/spectacle-un-minotaure-mecanique-s-installe-a-toulouse_5377819_1654999.html

    https://www.nantesimmo9.com/bas-chantenay-quartier



    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/arbre-aux-herons-misery-dou-vont-venir-les-35-millions-deuros-4355229
    https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/arbre-aux-herons-l-etude-du-projet-sur-les-rails-4789548

    RépondreSupprimer
  4. Bien vu ! Il est arrivé que la date de 2023 soit mentionnée par la presse dans le passé (c'est pourquoi, je suppose, je l'avais moi-même citée à un moment). En revanche, Nantes Métropole a toujours retenu 2022. Et même expressément le 1er semestre 2022, date citée lors de la réouverture des Machines en février 2018 (cf. https://www.nantesmetropole.fr/actualite/l-actualite-thematique/elephant-vertueux-et-colibri-geant-pour-la-reouverture-des-machines-tourisme-97251.kjsp).

    Seule la date de 2022 a été mentionnée lors de la campagne de financement participatif sur Kickstarter.

    Pourquoi ce glissement ? Votre hypothèse immobilière est intéressante. On peut aussi se demander s'il n'y a pas un petit bras de fer. Nantes Métropole doit décider de construire l'Arbre ou pas début 2020. Je pense que pas mal de gens dans les milieux municipaux commencent à se rendre compte que ce dossier n'est pas maîtrisé et cumule les défauts : planning incertain, financements pas assurés, aménagements publics pas pris en compte (où caser un grand parking sur cette bande de terrain en bord de Loire où le foncier est appelé à coûter cher?), risques d'entorses au droit des marchés publics, exploitation très aléatoire, etc. Mais comme le projet est populaire, il faudra des arguments solides pour y renoncer.

    RépondreSupprimer
  5. ce jardin "extraordinaire" avec cascade, belvédères escalade ect... qui n'était pas prévu va peut-être servir de compensation ; nous renonçons à l'arbre mais, mais la mairie, et cela serait une vrai réalisation municipale et alors pourquoi pas, vous offre ce jardin unique !!! bien joué Johanna surtout que tout cela se réalise à marche forcée ce jardin et tout le reste va sans être livrés avant les municipales !!!

    RépondreSupprimer
  6. A Anonyme du 15 février 2019 à 19:48, je dirai même que la maison de Mme Rolland se trouvant à Chantenay, il fallait absolument y préserver la nature !
    Donc quoi de mieux que de faire un jardin typiquement Rollandais !

    De plus, avec tous les regards portés sur ce fameux jardin, ça permettrait de faire passer en douceur tous les projets immobiliers du bas Chantenay et de s'assurer une réélection tranquille aux prochaines municipales !

    En effet, quand on trahit les promesses électorales en matière d'écologie, on peut trahir les électeurs en s'alliant à LREM pour obtenir suffisamment de voix et ainsi conserver la mairie !

    Très bonne calculatrice Mme Rolland !

    RépondreSupprimer