Un bar attaqué par une bande de voyous : cela arrive tous les jours dans nos banlieues. Mais quand c’est le Lieu Unique qui est agressé par une meute, alors là, ça devient de l’info, coco. Il paraît que les assaillants s’exprimaient au nom des loups du château. Pourtant, les loups n’ont rien demandé. Moralement, leur sort n’est pas si mauvais : devenir une œuvre d’art, ça n’est pas donné à n’importe quel Canis lupus lupus. Certes, ils s’ennuient ferme, dorment le jour et ne hurlent même pas la nuit. Depuis le début de leur séjour dans les douves, pas une chute de poivrot, pas un saut de suicidaire pour égayer les journées et améliorer l’ordinaire. Mais ce ne sont pas quelques verres cassés chez M. Blaise qui y changeront quoi que ce soit.
Seul Estuaire 2009 bénéficiera finalement de ce maigre scandale. Le public commençait à s’ennuyer autant que les loups. Le canard crevé et la maison coulée avaient apporté du suspense et de la fantaisie à Estuaire 2007. Cette fois-ci, jusqu’à présent, rien. Ou, pour être exact, presque rien : juste les œuvres. L’estuaire, sa biennale et son bouchon vaseux. Weidong Teixua avait à peine suscité l’amorce d’un sourire. Mais quand le penn-baz est de sortie, ça commence à interpeller. Tiou-hou-hou-hou-hou !

Nantes et déconnantes : Comment la capitale historique de la Bretagne est en train de gâcher ses meilleurs atouts. Un regard non conformiste - voire franchement satirique - sur Nantes en ce début du 21ème siècle. Reproduction autorisée sous réserve de citation de la source, avec lien actif vers l'URL, pour chaque article cité.
28 juin 2009
26 juin 2009
Nantes, capitale mondiale du toc
"Quels sont les atouts et les inconvénients touristiques de Nantes ?" demande le dernier forum en ligne de Presse Océan. Une réalité s'impose : les principaux atouts de Nantes, du château des ducs à Jules Verne, datent d'une époque où personne n'envisageait que Nantes puisse être autre chose que bretonne. La question ne se posait même pas, c'était une évidence.
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, après une première tentative sous Vichy, la technocratie, histoire d'arrondir le stock de hochets et de prébendes disponibles, a inventé les Pays de la Loire. Elle et s'est ingéniée à en faire une réalité avec un budget, des fonctionnaires, des élus, des bâtiments et, cerise sur le gâteau, un logo. Bien entendu, puisqu'il y avait des places à prendre et des dépenses à récolter, une litanie de profiteurs et de moutons de Panurge a suivi le mouvement.
Mais ça ne suffit pas à attirer les touristes. Déjà, après quarante ans de communication publique dense, la mayonnaise n'a pas pris localement : le sentiment breton demeure vivace en Loire-Atlantique. Alors, pour les touristes, quelques lustres de pub guichardienne ou auxiettique ne pèsent pas lourd face à quinze siècle d'histoire et de culture bretonnes. "Visitez Nantes, capitale des Pays de la Loire" est un slogan à peu près aussi sexy que "Visitez Vichy, capitale de la France".
Un marché à prendre dans le frelaté et l'artificiel
La communication ligérienne ne fait que brouiller l'image de Nantes, réduisant son potentiel touristique au lieu de le renforcer. Même sur le plan économique, les Pays de la Loire ne sont pas une bonne affaire !
Alors, bien sûr, il serait envisageable de changer de cap, de tourner le dos à l'histoire et de jouer à fond la carte de l'innovation. Avec son palais de justice en forme de plate-forme logistique, son école d'architecture qui ressemble à un parking aérien, son hangar à bananes fait pour les poires, ses loups en centre ville, ses machines qui se prennent pour des oeuvres d'art, son lieu banal qui se croit unique et sa région tordue qu'on dirait imaginée par Erwin Wurm, Nantes aurait un créneau touristique à occuper auprès des amateurs de frelaté et d'artificiel. "Nantes, capitale mondiale du toc !", en voilà un slogan qui aurait de l'allure.
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, après une première tentative sous Vichy, la technocratie, histoire d'arrondir le stock de hochets et de prébendes disponibles, a inventé les Pays de la Loire. Elle et s'est ingéniée à en faire une réalité avec un budget, des fonctionnaires, des élus, des bâtiments et, cerise sur le gâteau, un logo. Bien entendu, puisqu'il y avait des places à prendre et des dépenses à récolter, une litanie de profiteurs et de moutons de Panurge a suivi le mouvement.
Mais ça ne suffit pas à attirer les touristes. Déjà, après quarante ans de communication publique dense, la mayonnaise n'a pas pris localement : le sentiment breton demeure vivace en Loire-Atlantique. Alors, pour les touristes, quelques lustres de pub guichardienne ou auxiettique ne pèsent pas lourd face à quinze siècle d'histoire et de culture bretonnes. "Visitez Nantes, capitale des Pays de la Loire" est un slogan à peu près aussi sexy que "Visitez Vichy, capitale de la France".
Un marché à prendre dans le frelaté et l'artificiel
La communication ligérienne ne fait que brouiller l'image de Nantes, réduisant son potentiel touristique au lieu de le renforcer. Même sur le plan économique, les Pays de la Loire ne sont pas une bonne affaire !
Alors, bien sûr, il serait envisageable de changer de cap, de tourner le dos à l'histoire et de jouer à fond la carte de l'innovation. Avec son palais de justice en forme de plate-forme logistique, son école d'architecture qui ressemble à un parking aérien, son hangar à bananes fait pour les poires, ses loups en centre ville, ses machines qui se prennent pour des oeuvres d'art, son lieu banal qui se croit unique et sa région tordue qu'on dirait imaginée par Erwin Wurm, Nantes aurait un créneau touristique à occuper auprès des amateurs de frelaté et d'artificiel. "Nantes, capitale mondiale du toc !", en voilà un slogan qui aurait de l'allure.
23 juin 2009
Malédiction pour l'éléphant aussi
Et le 500 000e visiteur des Machines de l’île est… oooooh ! mais quelle chance, c’est une jeune Chinoise ! Le hasard fait bien les choses, voici prouvé le retentissement international des Machines : au moins 0,0002 % de leurs visiteurs sont étrangers. La cérémonie en l’honneur de la charmante Zhao Weina, fin mai, a été l’occasion pour leur directeur, Pierre Orefice, de faire une Nième déclaration superlative sur l’immense succès des Machines.
« Le 30 juin, juste deux ans après l’ouverture, le nombre de billets émis sera proche de 550 000, alors que l’objectif fixé à l’ouverture était de 400 000 visiteurs en deux ans », affirme à son tour le dossier de presse établi pour le deuxième anniversaire des Machines.
N’importe quel communicant sait ce que valent de tels objectifs : on commence toujours par annoncer des chiffres minorés pour pouvoir se targuer ensuite d’un immense succès. Ce qui n'a pas loupé.
Et s’il est vrai que l’objectif affiché était de 400 000 visiteurs en deux ans, cela ne faisait pas 200 000 par an. Car l’objectif officiel des douze premiers mois était bien moindre : « Entre 160 et 180 000 visiteurs sont attendus pour la première année d'exploitation » lit-on encore aujourd’hui sur le site web de Nantes métropole. La fréquentation de la première année a finalement été de 290 000 visiteurs.
Mais cela signifie corrélativement :
1) que l’objectif officiel implicite de la deuxième année était compris entre 220 et 240 000 visiteurs,
2) que le chiffre réalisé la deuxième année, 260 000 personnes, n’est supérieur que de 13 % à la médiane de cet objectif, au lieu de 70 % la première année,
3) que les prévisions officielles implicites portaient sur une hausse de 35 % de la fréquentation la deuxième année,
4) que la fréquentation réelle a en fait reculé de 10 % (et de 16 % pour la Galerie des machines, qui a reçu 230 000 personnes la première année et 193 500 la deuxième).
Tout ça inquiète manifestement l'éléphant, qui n'était pas trop fringant ce 23 juin, une semaine avant son anniversaire. Ce n'est pas qu'il ait été épuisé par les passagers (cinq seulement pour le dernier parcours de la journée). Mais avec son torticolis et son oeil droit fermé, on dirait qu'il nous a fait un petit AVC.
« Le 30 juin, juste deux ans après l’ouverture, le nombre de billets émis sera proche de 550 000, alors que l’objectif fixé à l’ouverture était de 400 000 visiteurs en deux ans », affirme à son tour le dossier de presse établi pour le deuxième anniversaire des Machines.
N’importe quel communicant sait ce que valent de tels objectifs : on commence toujours par annoncer des chiffres minorés pour pouvoir se targuer ensuite d’un immense succès. Ce qui n'a pas loupé.
Et s’il est vrai que l’objectif affiché était de 400 000 visiteurs en deux ans, cela ne faisait pas 200 000 par an. Car l’objectif officiel des douze premiers mois était bien moindre : « Entre 160 et 180 000 visiteurs sont attendus pour la première année d'exploitation » lit-on encore aujourd’hui sur le site web de Nantes métropole. La fréquentation de la première année a finalement été de 290 000 visiteurs.
Mais cela signifie corrélativement :
1) que l’objectif officiel implicite de la deuxième année était compris entre 220 et 240 000 visiteurs,
2) que le chiffre réalisé la deuxième année, 260 000 personnes, n’est supérieur que de 13 % à la médiane de cet objectif, au lieu de 70 % la première année,
3) que les prévisions officielles implicites portaient sur une hausse de 35 % de la fréquentation la deuxième année,
4) que la fréquentation réelle a en fait reculé de 10 % (et de 16 % pour la Galerie des machines, qui a reçu 230 000 personnes la première année et 193 500 la deuxième).
Tout ça inquiète manifestement l'éléphant, qui n'était pas trop fringant ce 23 juin, une semaine avant son anniversaire. Ce n'est pas qu'il ait été épuisé par les passagers (cinq seulement pour le dernier parcours de la journée). Mais avec son torticolis et son oeil droit fermé, on dirait qu'il nous a fait un petit AVC.
10 juin 2009
La malédiction d'Estuaire a encore frappé

Île de Nantes : Les Échos, à leur tour, tirent un signal d’alarme
Il y a quelques mois, on s'en souvient, Le Monde s'était discrètement moqué de l'île de Nantes. Les Échos, toujours soucieux de positiver (et peut-être de se faire pardonner leur statut de journal lu par les patrons) sont manifestement venus à Nantes avec l'intention de dire du bien. Mais à l'impossible nul n'est tenu. Dans leur numéro du 4 juin, qui consacre à la ville une page entière signée Emmanuel Guimard, l'île de Nantes occupe guère plus de 10 % du terrain. L'article qui lui est consacré montre beaucoup moins de zèle dans la louange que le reste du dossier.
Et cela dès son titre : "L'île de Nantes en quête d'un rayonnement international". "En quête", c'est-à-dire que non seulement le but reste à atteindre mais que la voie pour y parvenir n'est pas encore trouvée. Ce n'est pas bon signe pour un territoire déjà disponible lorsque Jean-Marc Ayrault est arrivé à la mairie, voici vingt ans, en 1989, dont le plan d'ensemble a été adopté en 2000 et qui fêtera dans quelques jours le deuxième anniversaire de l'ouverture des Nefs, déjà censées lui apporter cette aura planétaire aujourd'hui remise à plus tard. Comme ce coiffeur chez qui "demain on rasera gratis", Jean-Marc Ayrault promet toujours que "demain on rayonnera international".
Une génération après l'île Beaulieu, l'île de Nantes
Si Les Échos signalent que la pointe ouest de l'île est devenue "un lieu de promenade apprécié", ils limitent leurs propres appréciations au strict minimum tout en reconnaissant que la partie immobilière du projet est critiquée pour son "urbanisme élitiste et bobo", que les traces du passé métallurgique ont été "sanctuarisées", que le projet de ponton d'Olivier Flahault "a suscité une vive opposition" et que "beaucoup reste à faire en matière de densification sur un tissu urbain considéré comme trop lâche".
Devant le quartier de la création, "concept assez large", la bienveillance des Échos avoue ses limites. "L'identité architecturale du lieu, d'inspiration industrielle, s'annonce très typée", écrivent-ils, "à l'instar de la nouvelle école d'architecture (...) évoquant un parking aérien". Quant au palais de justice de Jean Nouvel, sa vocation de trou noir semble accomplie : charitable, l'article n'en dit pas un mot.
Les courtisans ont beau faire mine de ne pas s'en apercevoir (ou peut-être ne s'en aperçoivent-ils vraiment pas, faute d'yeux dans le dos, toujours courbés qu'ils sont vers l'hôtel de Rosmadec), l'île de Nantes s'annonce comme le ratage urbain de notre génération. C'était bien la peine de se moquer de l'île Beaulieu...
Et cela dès son titre : "L'île de Nantes en quête d'un rayonnement international". "En quête", c'est-à-dire que non seulement le but reste à atteindre mais que la voie pour y parvenir n'est pas encore trouvée. Ce n'est pas bon signe pour un territoire déjà disponible lorsque Jean-Marc Ayrault est arrivé à la mairie, voici vingt ans, en 1989, dont le plan d'ensemble a été adopté en 2000 et qui fêtera dans quelques jours le deuxième anniversaire de l'ouverture des Nefs, déjà censées lui apporter cette aura planétaire aujourd'hui remise à plus tard. Comme ce coiffeur chez qui "demain on rasera gratis", Jean-Marc Ayrault promet toujours que "demain on rayonnera international".
Une génération après l'île Beaulieu, l'île de Nantes
Si Les Échos signalent que la pointe ouest de l'île est devenue "un lieu de promenade apprécié", ils limitent leurs propres appréciations au strict minimum tout en reconnaissant que la partie immobilière du projet est critiquée pour son "urbanisme élitiste et bobo", que les traces du passé métallurgique ont été "sanctuarisées", que le projet de ponton d'Olivier Flahault "a suscité une vive opposition" et que "beaucoup reste à faire en matière de densification sur un tissu urbain considéré comme trop lâche".
Devant le quartier de la création, "concept assez large", la bienveillance des Échos avoue ses limites. "L'identité architecturale du lieu, d'inspiration industrielle, s'annonce très typée", écrivent-ils, "à l'instar de la nouvelle école d'architecture (...) évoquant un parking aérien". Quant au palais de justice de Jean Nouvel, sa vocation de trou noir semble accomplie : charitable, l'article n'en dit pas un mot.
Les courtisans ont beau faire mine de ne pas s'en apercevoir (ou peut-être ne s'en aperçoivent-ils vraiment pas, faute d'yeux dans le dos, toujours courbés qu'ils sont vers l'hôtel de Rosmadec), l'île de Nantes s'annonce comme le ratage urbain de notre génération. C'était bien la peine de se moquer de l'île Beaulieu...
05 juin 2009
Guêtres aux pieds, penn-baz en main, où donc vas-tu mon Corentin ?
Tu peux sourire, charmante Elvire : les loups sont entrés au château des ducs de Bretagne. Oh ! pas en conquérants, non, les pauvres bêtes ! Ils évoquent plus les canidés sans papiers que les hordes d’Attila, les douves du château ne seront pas les champs Catalauniques. N’empêche, ils sont là, malgré les protestations des amis des bêtes de Noa France, qui publient sur leur site web (http://noa-france.org) la réponse hilarante reçue d’Estuaire 2009 sous la plume d’un « co-programmateur artistique » (car ils ont dû s’y mettre à plusieurs) : « je vous confirme que le fait de placer une meute de loups dans des douves de château que l’homme a peu à peu transformé en parc public pour son loisir en laissant un temps à la nature pour qu’elle reprenne ses droits est constitutif d’une œuvre. C’est d’ailleurs plutôt, comme l’artiste le dit lui-même, un geste lui même constitutif d’une œuvre. »
Comme au Cadavre exquis, où il suffit d’assembler au hasard un sujet, un verbe, un complément et un adjectif pour obtenir des phrases « créatives », une fois qu’on a chopé le truc, le jeu est simple, on peut produire à la chaîne autant d’œuvres – ou de « gestes » – qu’on veut.
Exercice numéro 1 : vous mettez des animaux à un endroit où ils ne devraient pas se trouver, et hop ! c’est une œuvre d’art, vous n’avez plus qu’à signer et passer à la caisse. À l’intention de Stéphane Thidet ou de ses successeurs, voici de quoi alimenter Estuaire jusqu’à l’édition 2029 :
Comme au Cadavre exquis, où il suffit d’assembler au hasard un sujet, un verbe, un complément et un adjectif pour obtenir des phrases « créatives », une fois qu’on a chopé le truc, le jeu est simple, on peut produire à la chaîne autant d’œuvres – ou de « gestes » – qu’on veut.
Exercice numéro 1 : vous mettez des animaux à un endroit où ils ne devraient pas se trouver, et hop ! c’est une œuvre d’art, vous n’avez plus qu’à signer et passer à la caisse. À l’intention de Stéphane Thidet ou de ses successeurs, voici de quoi alimenter Estuaire jusqu’à l’édition 2029 :
- Les dents de la merdre : Lâcher des piranhas dans l’Erdre (puisque finalement Manaus ne l’a pas fait à l’occasion des Floralies).
- Le Nouvel éléphant : Transformer le hall des pas perdus du palais de justice en enclault à éléphants. Les pachydermes seront encadrés par des cornacs en toge et en toque. Concours de barrissement avec le Grand éléphant (s'il est encore là en 2013).
- King Blaise : Grâce à quelques pitons et échelles de corde judicieusement placés, faire grimper un gorille géant en haut de la tour Bretagne. La dernière reine de Nantes pourra jouer le rôle d’Ann Darrault.
- Soubrier-yé-yé : Organiser des courses de girafes dans la grande nef de la cathédrale. Sautant de gargouille en gargouille, Quasimodault les encouragera de la voix et du geste.
- Amity-sur-Loire : Aménager un enclos marin devant la plage de Saint-Marc-sur-mer puis y mettre un grand requin blanc. Organiser à la fin d’Estuaire 2019 un grand défilé de MM. Hulault cul-de-jatte ou unijambistes (sans pipe), tandis que Guint partira à la chasse au squale.
- Le petit porc-épique : Peupler la piscine du Petit-port de crocodiles, caïmans et autres alligators. Pour les étudiants collés à leurs partiels, le repêchage consistera à nager trois longueurs sous les hourras du public. L’étudiant le moins grignoté sera récompensé par un sac en crocault.
- Bonoboxiette : Installer une bande de bonobaults dans la salle des séances de l’hôtel de région. En appuyant sur un bouton, chaque chimpanzé pourra diffuser un enregistrement aléatoire d’une séance du conseil régional.
- Ne m’appelez plus jamais France : À Saint-Nazaire, peupler le Petit-Maroc de chacals (ou faut-il écrire chacaults ?), cobras et autres dromadaires (plutôt que des chamaults). Y organiser la grande fantasia des néo-ligériens.
- Le grand ménage de la petite ménagerie. Faire nicher un gypaète barbu (dit « le nettoyeur des alpages ») dans chacun des annaults de Buren. Les nourrir des cadavres cachés dans les placards des collectivités locales, qu’ils feront disparaître proprement. Pour briser les os, les gypaètes les font tomber d’une grande hauteur : déconseiller le service en terrasse aux établissements du Hangar à bananes.
- Le Colisée est de retour : Implanter une troupe de lions sur la pelouse de la Beaujoire. Pour faire revenir les supporters et nourrir le roi des animaults, leur jeter de temps en temps en pâture une jeune vierge chrétienne.
Prochainement, exercice numéro 2 : « confronter les éléments du monde économique à ceux du monde culturel » -- en clair, installer une chambre d’hôtel biscornue dans un endroit qui n’est pas fait pour ça mais où la vue est belle, puis signer Tatzu Nishi. En attendant, cessez de rire, charmante Elvire, les loups ont envahi la ville pour
Faire carousse, liesse et bombance
Dans ce foutu pays de France.
03 juin 2009
La machination des jardins flottants passe par Tournefeuille
Merci à John Wayne d’avoir signalé, dans son commentaire à propos de « Qu’est-ce qui est bleu, qui est posé à l’envers et qui danse ? », que les jardins flottants de Nantes n’avaient rien de nouveau : on a déjà vu pareil, si ce n'est mieux, dans le Bonaparte Dock du port d’Anvers au mois d’août 2000. Mais qu’il se rassure, il y a peu de risques de désaccord entre Manaus et Le Phun, créateur de la manifestation flamande. Les grands esprits se rencontrent ? Mieux que ça : Le Phun et Manaus forment un ménage à trois avec une autre association : La Machine.
Manaus, dirigée par Pierre Orefice, a bien sûr d’étroites relations avec La Machine, dirigée par François Delarosière : les deux associations sont… associées dans la Galerie des Nefs de l’île de Nantes. Or La Machine n’est pas uniquement l’association nantaise qu’on croit. Elle dispose à Tournefeuille, dans la banlieue de Toulouse, d’un vaste établissement (9 000 m²) construit sur mesure moyennant 4 millions d’euros d’investissements : L’Usine. Elle y bénéficie d’importants moyens techniques et administratifs (le budget annuel de fonctionnement de L’Usine est de 800 000 euros par an). Et cet établissement financé par l’État, la région Midi-Pyrénées, le département de Haute-Garonne, la communauté d’agglomération du Grand Toulouse et la ville de Tournefeuille n’est pas réservé à l’usage exclusif de La Machine : il héberge aussi Le Phun, importante compagnie de théâtre de rue dont le siège se trouve précisément à Tournefeuille.
Le Phun a les doigts verts – à Tournefeuille, c’est normal. Parmi ses créations majeures figurent les jardins flottants d’Anvers, donc, mais aussi la Ballade des jardins et la Vengeance des semis. Sans doute Manaus n’a-t-elle pas eu besoin de trop s’user les méninges pour trouver l’inspiration des jardins flottants installés sur l'Erdre à l'occasion des Floralies. On peut juste regretter sa timidité, car à Anvers il y avait aussi un bateau-bar (et pas une simple guinguette sur le quai), des bateaux-jardins avec leurs jardiniers et même un bateau-pré avec sa vache.
Manaus, dirigée par Pierre Orefice, a bien sûr d’étroites relations avec La Machine, dirigée par François Delarosière : les deux associations sont… associées dans la Galerie des Nefs de l’île de Nantes. Or La Machine n’est pas uniquement l’association nantaise qu’on croit. Elle dispose à Tournefeuille, dans la banlieue de Toulouse, d’un vaste établissement (9 000 m²) construit sur mesure moyennant 4 millions d’euros d’investissements : L’Usine. Elle y bénéficie d’importants moyens techniques et administratifs (le budget annuel de fonctionnement de L’Usine est de 800 000 euros par an). Et cet établissement financé par l’État, la région Midi-Pyrénées, le département de Haute-Garonne, la communauté d’agglomération du Grand Toulouse et la ville de Tournefeuille n’est pas réservé à l’usage exclusif de La Machine : il héberge aussi Le Phun, importante compagnie de théâtre de rue dont le siège se trouve précisément à Tournefeuille.
Le Phun a les doigts verts – à Tournefeuille, c’est normal. Parmi ses créations majeures figurent les jardins flottants d’Anvers, donc, mais aussi la Ballade des jardins et la Vengeance des semis. Sans doute Manaus n’a-t-elle pas eu besoin de trop s’user les méninges pour trouver l’inspiration des jardins flottants installés sur l'Erdre à l'occasion des Floralies. On peut juste regretter sa timidité, car à Anvers il y avait aussi un bateau-bar (et pas une simple guinguette sur le quai), des bateaux-jardins avec leurs jardiniers et même un bateau-pré avec sa vache.
05 mai 2009
Qu'est-ce qui est bleu, qui est posé à l'envers et qui danse ?
On n’a rien contre Christine O’Loughlin, qui semble être une personne charmante. L’auteur de la Danse des arbres bleus, qui s’étale (la Danse, pas l’auteur) sur le cours des 50 otages pour la durée des Floralies, est une « plasticienne australienne » dit la mairie de Nantes. Histoire sans doute de se donner des airs internationaux. Hélas, notre Australienne vit en France depuis trente ans. Si ces trente années n’ont pas suffi à en faire une « plasticienne française », il y a de quoi désespérer Bellevue et Malakoff. Ce n’est pas faute d’avoir cherché à s’intégrer, pourtant, puisqu'elle n'expose guère qu'en France (Aubervilliers, Chaumont-sur-Loire, Jouy-en-Josas...).
La municipalité nantaise a multiplié les danseuses depuis vingt ans. Cette fois-ci, les danseuses sont donc des arbres bleus. Pourquoi bleus, d’ailleurs ? Ça me rappelle cette devinette qu’affectionnait mon père :
- Qu’est-ce qui est vert, qui est pendu au plafond et qui siffle ?
- … ?
- Un hareng saur.
- Pourquoi est-il vert ?
- Parce que je l’ai peint en vert.
- Pourquoi est-il au plafond ?
- Parce que je l’ai accroché là.
- Pourquoi siffle-t-il ?
- Ah ! ça, c’est pour que ça soit plus difficile…
À défaut de vert, nos arbres sont bleus. À défaut de plafond, ils sont fixés la tête en bas. À défaut de siffler, ils dansent. En plus, certains d’entre eux plongeront dans l’Erdre, pour bien marquer leur parenté aquatique avec le hareng saur.
La Danse des arbres bleus, c’est un peu Estuaire avant Estuaire : imaginer du bizarre, laisser tomber le biz (quitte à le recycler en bizness*) et affirmer d’autorité que c’est de l’art tout court. Du Land Art, du moins, puisque telle est la spécialité de Christine O’Loughlin. Ici, l’auteur excipera de sa qualité de critique spécialisé en Bob Art, Null Art et autre Conn Art pour donner son avis sur cette centaine de malheureux chênes d’Amérique prématurément arrachés à la forêt du Gâvre pour être piqués à l'envers en pleine ville et peinturlurés en bleu.
A vrai dire, le principal défaut de ces branchages n'est pas d'ordre artistique mais sécuritaire. Aller semer tant de bois bien craquant en centre ville est un appel au vandalisme. La ville a-t-elle les moyens de protéger tous ces arbres contre les malfaisants ? On verra bien... Mais on se rappelle le triste sort de la "sculpture" sauvage commémorant l'esclavage, installée au bout de la Fosse par un groupe militant, il y a une quinzaine d'années. Il n'avait pas fallu huit jours pour qu'elle soit défoncée, probablement par quelque ivrogne de passage. Cela lui a valu d'être aujourd'hui exposée au château des ducs de Bretagne. Verra-t-on bientôt au château des fagots de petit bois bleu ?
Les jardins flottants du bassin Ceineray, eux, sont moins en danger : il paraît que l'association Manaus, du nom de la capitale de l'Amazonie, a lâché dans l'Erdre son élevage de piranhas. Le premier pochard qui tombe à l'eau et se fait boulotter, en voilà de l'événementiel !
* Christine O'Loughlin aura quand même touché 30 000 euros pour sa prestation. Un prix d'ami par rapport aux 104 000 euros palpés par Manaus pour le jardin flottant de l'Erdre ; dans les deux cas, les travaux matériels ont été assurés par la direction des espaces verts et de l’environnement de la ville de Nantes.
La municipalité nantaise a multiplié les danseuses depuis vingt ans. Cette fois-ci, les danseuses sont donc des arbres bleus. Pourquoi bleus, d’ailleurs ? Ça me rappelle cette devinette qu’affectionnait mon père :
- Qu’est-ce qui est vert, qui est pendu au plafond et qui siffle ?
- … ?
- Un hareng saur.
- Pourquoi est-il vert ?
- Parce que je l’ai peint en vert.
- Pourquoi est-il au plafond ?
- Parce que je l’ai accroché là.
- Pourquoi siffle-t-il ?
- Ah ! ça, c’est pour que ça soit plus difficile…
À défaut de vert, nos arbres sont bleus. À défaut de plafond, ils sont fixés la tête en bas. À défaut de siffler, ils dansent. En plus, certains d’entre eux plongeront dans l’Erdre, pour bien marquer leur parenté aquatique avec le hareng saur.
La Danse des arbres bleus, c’est un peu Estuaire avant Estuaire : imaginer du bizarre, laisser tomber le biz (quitte à le recycler en bizness*) et affirmer d’autorité que c’est de l’art tout court. Du Land Art, du moins, puisque telle est la spécialité de Christine O’Loughlin. Ici, l’auteur excipera de sa qualité de critique spécialisé en Bob Art, Null Art et autre Conn Art pour donner son avis sur cette centaine de malheureux chênes d’Amérique prématurément arrachés à la forêt du Gâvre pour être piqués à l'envers en pleine ville et peinturlurés en bleu.
A vrai dire, le principal défaut de ces branchages n'est pas d'ordre artistique mais sécuritaire. Aller semer tant de bois bien craquant en centre ville est un appel au vandalisme. La ville a-t-elle les moyens de protéger tous ces arbres contre les malfaisants ? On verra bien... Mais on se rappelle le triste sort de la "sculpture" sauvage commémorant l'esclavage, installée au bout de la Fosse par un groupe militant, il y a une quinzaine d'années. Il n'avait pas fallu huit jours pour qu'elle soit défoncée, probablement par quelque ivrogne de passage. Cela lui a valu d'être aujourd'hui exposée au château des ducs de Bretagne. Verra-t-on bientôt au château des fagots de petit bois bleu ?
Les jardins flottants du bassin Ceineray, eux, sont moins en danger : il paraît que l'association Manaus, du nom de la capitale de l'Amazonie, a lâché dans l'Erdre son élevage de piranhas. Le premier pochard qui tombe à l'eau et se fait boulotter, en voilà de l'événementiel !
* Christine O'Loughlin aura quand même touché 30 000 euros pour sa prestation. Un prix d'ami par rapport aux 104 000 euros palpés par Manaus pour le jardin flottant de l'Erdre ; dans les deux cas, les travaux matériels ont été assurés par la direction des espaces verts et de l’environnement de la ville de Nantes.
25 avril 2009
Un éléphant, ça révise énormément
"Comme l’année dernière une révision générale du Grand Eléphant est prévue avant la grande affluence de la belle saison", annoncent les Machines de l'île. Sauf que la révision de l'an dernier n'était pas prévue et tombait même très mal, en plein mois de juin, alors que "l'affluence de la belle saison" avait commencé (et que l'éléphant avait en principe été révisé pendant ses vacances d'hiver, ce qui paraît on ne peut plus logique). Alors, la révision 2009, est-ce "comme l'année dernière" avec deux mois d'avance ?
Les Machines distribuent largement un calendrier très précis de leurs dates d'ouverture en 2009, et même au-delà. On y voit par exemple qu'elles seront en vacances du 4 janvier au 12 février 2010. Mais aux dates de la révision "prévue", les 27, 28, 29 et 30 avril, ce calendrier officiel indique que les Machines seront fermées comme les autres lundis le 27 et ouvertes normalement les 28, 29 et 30. Ah ! les grandes coquines, qui veillent à prévenir le public des mois à l'avance dans le cas des vacances... et au tout dernier moment dans le cas de la révision !
D'autant plus que, décidément facétieuses, elles avaient tout fait pour brouiller les pistes. Depuis quelques semaines, elles font la promotion du Printemps des Nefs, qui se déroule du 7 avril au 15 mai. Qui aurait pu croire qu'elles placeraient une révision prévue depuis longtemps puisque "comme l'année dernière"... au beau milieu de cette manifestation destinée à stimuler leur fréquentation ? Si l'éléphant se tire ainsi une balle dans la patte, on comprend qu'il ait besoin d'une révision, n'est-ce pas ?
Les Machines distribuent largement un calendrier très précis de leurs dates d'ouverture en 2009, et même au-delà. On y voit par exemple qu'elles seront en vacances du 4 janvier au 12 février 2010. Mais aux dates de la révision "prévue", les 27, 28, 29 et 30 avril, ce calendrier officiel indique que les Machines seront fermées comme les autres lundis le 27 et ouvertes normalement les 28, 29 et 30. Ah ! les grandes coquines, qui veillent à prévenir le public des mois à l'avance dans le cas des vacances... et au tout dernier moment dans le cas de la révision !
D'autant plus que, décidément facétieuses, elles avaient tout fait pour brouiller les pistes. Depuis quelques semaines, elles font la promotion du Printemps des Nefs, qui se déroule du 7 avril au 15 mai. Qui aurait pu croire qu'elles placeraient une révision prévue depuis longtemps puisque "comme l'année dernière"... au beau milieu de cette manifestation destinée à stimuler leur fréquentation ? Si l'éléphant se tire ainsi une balle dans la patte, on comprend qu'il ait besoin d'une révision, n'est-ce pas ?
21 mars 2009
Un éléphant ne fait pas le printemps
Ciel immaculé et soleil éclatant en ce 20 mars au-dessus de l'île de Nantes. Sur le petit coup de 17 h 30, l'éléphant embouque la grande allée des Nefs et pique un sprint à 1,242 km/h jusqu'au débarcadère. Un technicien au sol guide la manoeuvre, l'agent d'accompagnement met en place la coupée, le cornac dégringole de sa cabine après d'ultimes vérifications. L'un après l'autre sortent du ventre de la bête... sept adultes et deux enfants. Chiffre d'affaires de ce voyage : au maximum 55 euros et 50 centimes, à supposer que les deux enfants aient plus de quatre ans et qu'aucun des adultes ne soit étudiant, demandeur d'emploi ou handicapé. Car, au fait, oui, l'éléphant a discrètement augmenté ses tarifs, et pas qu'un peu : la balade est passée de 6,00 euros à 6,50 euros (+ 8,33 %), et de 4,50 euros à 5,00 euros (+ 11,11 %) pour le tarif dit "réduit". Que ce soit avec les impôts locaux, les tarifs de la Tan ou ceux des Machines, les économistes qui craignaient une déflation peuvent être rassurés. Mais si le premier jour du printemps, par un temps superbe, en fin d'après-midi, l'éléphant ne réussit pas à attirer plus d'amateurs, la crise est devant lui. Il y va lentement, mais sûrement.
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