20 août 2010

Harmonie Atlantique du soir

On ne peut parler de l’immeuble d’Harmonie Atlantique (http://lameformeduneville.blogspot.com/2010/08/les-disgraces-du-quai.html), me dit-on, sans évoquer aussi De temps en temps, l’œuvre artistico-météorologique de François Morellet. Soit, vous l’aurez voulu.

De temps en temps est une cerise manquée sur ce gâteau manqué. Tentant sans doute de faire oublier la raide horizontalité du bâtiment, elle donne dans le courbe et l’oblique, mais la masse de l'immeuble domine ses lignes graciles. Ses trois couleurs, bleu, blanc et rouge, seraient-elles aussi destinées à faire oublier l’anthracite et le verdâtre du support ? Vu le résultat, on n’ose le croire...

Il est vrai que la nuit venant, quand les sons et les parfums tournent dans l’air du soir, la lumière peut s’exprimer indépendamment du bâtiment. Et là, on a beau savoir que François Morellet est un artiste minimaliste, on a l’impression qu’il manque quelque chose. Ça n’est pas Time Square, dame non !

Néon grillé

François Morellet manie les tubes au néon depuis pas loin d’un demi-siècle. Pendant ce temps-là, le monde a évolué. Beaucoup des bâtiments les plus en vue – et le siège d’Harmonie Atlantique en est un – servent de support à des enseignes lumineuses géantes. En 2010, du néon sur un toit, non seulement ça n’épate plus personne, mais on attend que ça flashe, que ça pulse, que ça bouge. Devant les quelques lueurs statiques d’Harmonie Atlantique, on se dit fatalement : « Tiens, il y a des tubes qui ont claqué ».

« Rustre ! Béotien ! Pedzouille ! c’est de l’Art, pas de la pub ! » entonne aussitôt le chœur des bobos indignés. Ainsi, parce que le néon est payé par le contribuable et non par le consommateur, il faudrait par principe se pâmer d’admiration ? Du bobo au gogo, le chemin n’est pas long.

Un, deux, trois, nuages

Hélas, Morellet lui-même a savonné la planche de ses thuriféraires en relativisant le statut artistique de sa composition. De temps en temps est « quelque chose qui sera utile » déclarait-il naguère à Guillaume Lecaplain*. Il s’agit en réalité d’un indicateur météorologique avec trois messages au choix, et trois seulement : « il va faire beau », « il va y avoir des nuages » ou « il va pleuvoir », selon qu’on voit un arc de cercle rouge, des arcs de cercle blancs ou des segments de droite obliques bleus, symbolisant respectivement le soleil, les nuages et la pluie. Voilà de l'utile en effet.

Franchement, à une époque où la moindre enseigne de pharmacie donne la date, l’heure et la température ambiante, qui cela peut-il émouvoir de savoir grosso modo quel temps il va faire en consultant la façade d'une mutuelle ? Et, à une époque où l’on trouve des bulletins météo partout, dans le journal, à la radio ou sur internet, qui fera le détour par l’île de Nantes pour savoir que, dans quatre heures**, le temps devrait être nuageux ?
_________
* Presse Océan, 1er mars 2010.
** « Une œuvre à découvrir à la tombée de la nuit ! » conseille la mairie de Nantes (http://nantes.fr/culture/actualites-culturelles/estuaire-les-oeuvres-perennes/morellet). Les Nantais auront ainsi le privilège de savoir si le soleil brillera au milieu de la nuit.

1 commentaire:

  1. J'aimerai bien aller à l'inauguration en juin 2011 :)
    Ca pourrait peut être nous éclairer, qui sait !

    RépondreSupprimer