La Loire devrait être l’atout numéro un du Hangar à bananes. C’est au contraire sa hantise depuis que quelques poivrots y ont piqué une tête. On a dressé des barrières, ménagé un no man’s land entre le promeneur et l’eau. La nuit même, des vigiles veillent au grain. Ainsi, le fleuve est devenu synonyme de danger, on le tient à l’écart – pour tous et pas seulement pour ceux qu’il faut protéger contre eux-mêmes.
Le problème est que la Loire au Hangar, c’est tout ou rien. Soit on est haut au-dessus, soit on est dedans. Les quais du port ont été construits pour les besoins des vaisseaux de haut bord, pas pour le plaisir des promeneurs ou des consommateurs assis à la terrasse du Ferrailleur.
Il n’y a pas tant d’endroits dans Nantes où l’on puisse toucher la Loire du doigt. Sans la possibilité d’un contact charnel, le fleuve garde quelque chose de théorique. C’est un élément de décor.
Crue de la Loire, 31 décembre 2009
Même là où le contact était possible, on s’en est privé. On a conservé le site des chantiers, fort bien. Mais on a condamné les cales, dont la vocation était quand même d’entrer dans l’eau. Seule la passerelle ménagée sous le pont Anne de Bretagne et l’allée qui la prolonge permettent, quand la crue ou la marée le veulent bien, de tremper un orteil.
Tant que la Loire restera exclue de l’île de Nantes, le site ne contribuera pas à réconcilier les Nantais et leur fleuve.
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