Il y aura tout juste trente ans demain, le Codex Leicester de Léonard de Vinci était acheté aux enchères chez Christie’s par le milliardaire Armand Hammer pour 5 millions de dollars. Quatorze ans plus tard, il repasserait en vente publique et serait acquis par Bill Gates pour 30,8 millions de dollars, ce qui en ferait le manuscrit le plus cher du monde.
La Médiathèque de Nantes a-t-elle mis la main sur un trésor, au sens financier du terme, en retrouvant le fragment enfoui dans la collection Labouchère ?
Les références manquent : depuis belle lurette, les quelques six mille manuscrits connus de Léonard de Vinci reposent dans des collections publiques. Seul le Codex Leicester est resté entre des mains privées et a ainsi pu être affecté d'une valeur marchande.
Le document de Nantes mesure environ 10x20 cm, soit à peu près 30 % de l’une des soixante-douze pages du Codex Leicester. Proportionnellement, au prix où le patron de Microsoft a payé celui-ci, cela ferait 128.333 dollars, soit pile 97.000 euros.
Pas une fortune, mais pas mal quand même. Hélas, la comparaison est irrecevable. Le Codex Leicester est une œuvre unique que les grandes fortunes mondiales seraient prêtes à se disputer comme un trophée – d’où le prix extravagant payé par Gates. Écrit le plus accompli de toute l’œuvre de Léonard de Vinci, abondamment illustré de dessins, il forme un ensemble complet, passé entre des mains prestigieuses et jamais dispersé au cours de l’histoire, et surtout pas découpé. Autant de facteurs qui interdisent de comparer ce document sans pareil au fragment de Nantes, dont la valeur théorique est donc bien inférieure.
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