Hier, Nantes Avance (franchement présentée comme « une association de soutien à la politique de Jean-Marc Ayrault ») avait convié les Nantais salle Vasse pour un débat sur la culture. Au menu : Yannick Guin, Jean-Louis Jossic et Jean Blaise, invités à s’exprimer devant trois cents personnes dont la moyenne d’âge devait largement dépasser la cinquantaine.
Yannick Guin a été touchant dans le rôle du vieil édile sincère et bien peigné poussé vers la sortie. Il a brossé un intéressant tableau historique de la culture à Nantes, dont l’an zéro se situe apparemment vers 1982-1983. Comme d’habitude, il a cité Gramsci (« il ne faut pas que la société soit gélatineuse ») et rappelé sa thèse sur la dépression psychologique vécue par Nantes à la fin des années 1980 (« c’est sans doute pour ça qu’on a été élus »). À force d’avoir toujours su expliquer la société, on dirait qu’il se rend compte qu’il n’a finalement pas compris grand chose.
Jean-Louis Jossic, en chaussures jaunes et bleues cette fois, mais toujours hirsute, s’est davantage situé au ras des pâquerettes, impeccable dans son rôle d’adjoint à la culture. « Dans une grande ville, a-t-il dit, il y a des figures imposées : OPPL, réseau de lecture publique, musées… On manque donc de marges et l’on doit se baser sur le talent des Nantais. » Ce talent, il l’appelle aussi proximité ou militantisme et ose même une fois le mot qui fâche : bénévolat.
Loin du talent pas cher, Jean Blaise a fait son show : on va attirer de grands artistes à Nantes et ça attirera plein de touristes. Et à quoi reconnaît-on un grand artiste ? En substance, au fait que Jean Blaise l’a choisi. Ce discours tape-à-l’oreille impressionne peut-être un Jean-Marc Ayrault. Pas la salle, qui vit la culture de l’intérieur. « Vous avez dit : ‘j’ai demandé ceci à tel artiste… j’ai demandé cela à tel autre artiste’ », intervient une jeune participante. « Et pourquoi ne seraient-ce pas quelquefois les artistes qui vous demandent des choses ? » Jubilation dans le public. Jean Blaise comprend le danger et tente aussitôt de faire machine arrière. « Sans les artistes, je ne serais rien », plaide-t-il. Trop tard : tout le monde a pu voir ses chevilles (roses) enflées.
Il est clair que la concorde ne règne pas dans la culture nantaise. « Culture populaire », avance un participant. « Démagogie », répond Jean Blaise. « On ne fait pas que des paillettes », risque Jean-Louis Jossic sans un regard pour son voisin d’estrade. « Je pense que le paysage nantais devra être bouleversé, je pense qu’on a un peu raté une occasion lors des changements de directeur de structures comme le Lieu Unique – ça flanche », dit doucement Yannick Guin. Décidément, la politique culturelle est à l’image du reste de la politique municipale depuis vingt ans : un grand flou derrière des attitudes déterminées.
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