Non, cette photo prise le 31 mai dernier ne montre pas des boat people cherchant à s’échouer sur l’île de Nantes après avoir manqué Lampedusa mais des people nantais faisant le tour du propriétaire de la barge Nantilus à peine amarrée face aux anciens chantiers navals (on y reviendra ici sous peu).
Les coups de sifflet désespérés d’un ancien soudeur de la Navale venu en tenue d’époque protester contre l’installation du Nantilus ne recueillirent que quolibets. C’était le pot de terre contre le bobo de fer. Le soleil était de la partie et l’ambiance au beau fixe.
Rien n’avait d’ailleurs été négligé à bord. Le bar installé à l’arrière de l’embarcation inspirait forcément la bonne humeur.
Outre la provocation d'une haute bourgeoisie décomplexée qui s'approprie l'un des hauts-lieux de l'histoire ouvrière nantaise avec le soutien de la municipalité, les qualités esthétiques et architecturales de cette barge sont dignes d'un centre d'affaire de la fin des années 70. Espérons que l'affaire fera plouf.
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire. Personnellement, je ne vois pas les choses ainsi. Que ce soit délibéré ou non, la politique de la municipalité consiste à faire semblant de conserver un patrimoine ouvrier tout en le reconvertissant progressivement en son antithèse, un équipement de loisirs. Le Nantilus, fluvial et simplement amarré, me paraît à cet égard bien moins "sacrilège" que le futur Manège des mondes marins. Cela dit, si l'on cumulait lutte des classes et lutte des époques, rien ne bougerait plus !
RépondreSupprimerQuant à l'esthétique du Nantilus, je suis moins négatif que vous, mais bien sûr c'est affaire de goût.
Plutôt d'accord avec votre analyse de l'utilisation de l'argumentation patrimoniale comme cache-sexe d'une mutation plus profonde vers la "culture-divertissement". Par contre il me semble que l'apparition de projets à vocation résolument libérale et commerciale marque une nouvelle phase et une dépossession encore plus violente du territoire. Après le restau flottant consacré à l'événementiel d'entreprise suivra bientôt l'hôtel de luxe vers la pointe ouest. Même s'ils marquent une rupture culturelle forte, les machines, l'éléphant, le hangar à bananes, attirent un public plutôt populaire. Je crains fort que les exigeances du public "haute gamme" nécessitent un nettoyage plus radical du terrain ne serait-ce que pour faciliter les accès des talons hauts et des robes du soir les jours de pluie et de grand vent.
RépondreSupprimerLe Nantilus n'est pas, me semble-t-il, une rupture radicale. Au contraire, il est dans la ligne de la "touristisation" du site. Le Hangar à bananes est déjà une réalisation purement commerciale, et les Machines de l'île déploient de grands efforts pour attirer des événements d'entreprise. Elles ont même créé pour cela un "Club entreprises" (voir http://www.lesmachines-nantes.fr/entreprises.html). Et à côté du Manège des mondes marins, il y aura un bâtiment nommé "la Déferlante" dont une partie est officiellement dite "événementielle". Comme le manège sera très proche de la barge, il est envisageable que celle-ci serve de prétexte à des aménagements pour talons hauts et robe du soir, comme vous dites, que les Machines préféreraient ne pas assumer elles-mêmes. Ce n'est là qu'une hypothèse. Ce qui me paraît certain en revanche, c'est que le Nantilus et les Machines vont fonctionner en symbiose, l'une amenant du public aux autres et réciproquement. Et après tout, tant mieux si cela permet d'améliorer le bilan financier des Machines, catastrophique à ce jour, et d'alléger la charge qu'elles représentent pour la collectivité.
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