« Sur le plan du
coût des travaux nous nous en tirons bien, parce qu'en plus, les études ont été
extrêmement bien conduites », déclarait Jean-Louis Jossic, adjoint chargé du dossier du musée d’arts de
Nantes, au conseil
municipal du 3 avril 2009. Et de préciser : « nous avons vu
les choses au mieux, ce qui permet d’arriver à un montant total de 34,6 M € HT,
pour un montant de travaux seuls s’élevant à 26,7 M €. »
Dès l’origine, le projet
présenté par l’adjoint à la culture comprenait la construction d’un nouveau
bâtiment sur la rue Gambetta, la création de locaux techniques et de réserves
sous le bâtiment existant et le transfert des bureaux dans une extension. « Le
projet englobe la rénovation du bâtiment existant (sur 3 500 m2) et la
construction d’une extension de 5 800 m2 », indiquait Presse
Océan le 3 avril 2009.
Le sujet était revenu sur
la table du conseil
municipal le 3 décembre 2010. « Dans la délibération d’aujourd’hui,
deux petites lignes en bas à gauche indiquent 22 M € de travaux
supplémentaires », s’était inquiétée Isabelle Loirat. Le budget est « parfaitement
dans les clous », s’était insurgé Jean-Louis Jossic. « Le coût
de l’opération qui était de 38,503 M € est toujours de 38,503 M € (…). On est
exactement dans les mêmes sommes. »
Changement de ton lors de
la séance
du 7 décembre 2012 : appels d’offres infructueux, découverte de veines
d’eau, projet retravaillé, réouverture retardée de deux ans… Quant au coût des
travaux, boum ! D’un seul coup d’un seul, « le coût d'opération
total s'élève à 83,28 M€ HT (en valeur septembre 2013) et l'enveloppe
financière totale affectée aux travaux s'élève à 58,74 M€ HT ». Malgré
ses « études extrêmement bien conduites », Jean-Louis Jossic
annonce tout simplement une augmentation de plus de 140 % par rapport au « montant
total de 34,6 M € » annoncé en 2009.
Des économies à la
Pyrrhus
Mais au conseil
municipal du 28 juin 2013, une fois Jean-Marc Ayrault remplacé par Patrick
Rimbert, Jean-Louis Jossic apporte enfin une bonne nouvelle : « à
force d’affiner (…) nous arrivons à économiser. Cela arrive car il y a de bons
services qui font du bon travail. Nous arrivons à une moins-value de 1,3 M€ ».
Au lieu de 83,3 millions d’euros, le projet n’en coûterait « que »
82,1. Instruit par l’expérience, André Augier, conseiller municipal
d’opposition, se sent sceptique, d’où
le dialogue suivant :
M. Augier, Conseiller municipal. ‑ Merci Monsieur le Maire. Je voudrais
dire quelques mots sur ce dossier. Je constate d'abord qu'il nous apporte
plusieurs informations très importantes. La réouverture se fera en deux temps,
2016 pour la partie neuve, 2018 pour le Palais des Arts. C'est bien ça, on s'y
tiendra cette fois-ci. Le coût de l'opération s'élèvera à 82,1 M€. Là aussi,
vous pensez que l'on s'y tiendra ? On verra. J'attends maintenant d'avoir des
preuves.
M. le Maire ‑ Pascal Bolo sera là. Il surveillera cela.
Mais s’il y a de bons
services qui font du bon travail, il faut croire que le travail est meilleur
encore quand il est fait par d’autres. Sept mois plus tard, le 20 janvier 2014,
la
ville de Nantes publie cette nouvelle stupéfiante : en confiant
l’ensemble du projet à une seule entreprise, Quille Construction, on va faire
encore plus d’économies (mais pourquoi n’avoir pas commencé par là, se
demandent alors les grincheux ; « nous avons vu les choses au mieux », assurait pourtant Jean-Louis Jossic en 2009). « Le coût des travaux
étant réduit de 9.897 M€ HT, le coût total d’opérations connaîtra de ce fait
une baisse équivalente », assure-t-on. Puisque l’enveloppe votée était de 82,1 millions
en juin 2013, on suppose que le total tombe aux alentours de 72,2 millions d’euros. De quoi faciliter
la surveillance de Pascal Bolo !
Et aujourd’hui, on apprend que, grâce à cette surveillance attentive, l’addition finale s’élèvera à… 88,5 millions d’euros, soit 16,3 millions de plus qu’annoncé en 2014 et 6,4 millions de plus que promis-juré en 2013.
Et donc 88/34 = 2,58 soit un cout déjà 2,58 fois plus élevé pour le contribuable qu'annoncé en 2009.
RépondreSupprimerCe n'est pas la première fois qu'un tel projet est volontairement sous évalué pour mieux faire avaler la pilule...
Et donc pour l'arbre aux hérons (pigeons ?)annoncé à 35 millions d'euros, il faudra appliquer le même coefficient multiplicateur ?
RépondreSupprimerOu bien croire là aussi les excellentes études ...
Pouvez-vous préciser que votre premier montant correspondait à la première tranche des travaux ( le cube pour le dire vite) et qu'il était précisé que la deuxième partie (le Palais) serait financée après accord de la mandature suivante ? ( j'avoue que je ne suis plus certain de l'ordre). Additionnez les deux montants vous arrivez à celui annoncé qui correspondant à des travaux réalisés in fine en une seule fois.
RépondreSupprimerJ'espérais mieux de vous.
Amitiés
alain
Ce n'est pas "mon" premier montant. J'ai pris soin de citer en toutes lettres des extraits des procès-verbaux du conseil municipal et d'inclure des liens vers les documents originaux. Vous aurez pu constater que M. Jossic, en 2009, après avoir décrit un réaménagement de l'existant ET une construction nouvelle, évoquait bien un "montant total". Il avait à nouveau parlé de montant total en 2010 en réponse à Mme Loirat qui s'inquiétait de voir apparaître un marge un montant de 22 M€ inexpliqué. C'est seulement en 2013 que, ah ! mais oui, mais non, on s'était mal compris, il fallait comprendre qu'il y avait en réalité deux phases et que le "montant total" ne portait que sur la première. Apparemment, même les meilleurs esprits ont pu gober cette explication !
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions, votre propos est ainsi plus clair même si je ne suis pas convaincu
RépondreSupprimercar dans mon souvenir il y a toujours bien été question au départ de travaux en deux parties sur deux mandatures mais cela est si loin... et j'ai peut-être gobé un œuf.
Amitiés
alain
A lire le papier sur le futur hôpital dans le dernier Nantes Passion, on peut craindre le pire pour le futur CHU de l'île de Nantes. L'auteur termine son propos en rapportant les propos de la direction du CHU sur la réalisation des travaux en une phase unique avec " à la clé une économie de 21 millions d'euros" mais à un aucun moment dans l'article, il n'est question du montant total du projet...
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