Dès qu’il est question des Machines de l’île, on dirait que
les mathématiques se détraquent. Comme
on l’a vu hier, le financement de l’Arbre aux hérons prévu par Nantes Métropole
et repris par Presse
Océan confond allègrement fonds publics et fonds privés. Mais les
références aux Machines existantes font aussi dans le bizarre.
Que lit-on ? Que les Machines de l’île « fonctionnent
aujourd’hui avec un budget annuel de 7,5 millions d’euros, dont une subvention
métropolitaine d’un million d’euros (86,6 % d’autofinancement) ».
Or la subvention reçue par les Machines de l’île l’an dernier est en réalité de
1,28 million : 28 % d’erreur, qui dit mieux ? Corrélativement,
cela voudrait dire aussi que leur exploitation ne s’autofinance en réalité qu’à
82,9 %*.
Et si l’on restait sur les chiffres indiqués, d’où
viendraient les 6,5 millions hors subvention ? Pas seulement des ventes de
billets : il aurait fallu que chacun des 613.496 billets écoulés l’an
dernier ait été vendu 10,60 euros. Or ils valent 8,50 euros au tarif normal,
sans parler des différentes réductions possibles. C’est-à-dire que
l’exploitation des Machines de l’île est aussi financée par d’autres choses. En particulier par leur bistro : en voilà du culturel !
Mais si Nantes Métropole confiait à un exploitant privé ce
café construit à ses frais sur un emplacement privilégié qui lui appartient,
elle en tirerait un loyer coquet. Ce serait autant d’impôts en moins à demander
aux contribuables. En l’attribuant gratuitement aux Machines de l’île, elle
leur accorde une grosse subvention implicite qui s’ajoute à la subvention
officielle. Il y en a d’autres, en particulier les campagnes de publicité
réalisées par les supports de communication municipaux et par Nantes Tourisme.
L’aide consentie aux Machines de l’île est donc bien supérieure au million
allégué.
Si l'on compare ce qui est comparable, il y a de quoi frémir
Et attendez encore ! D’où sort ce « budget
annuel de 7,5 millions d’euros », au fond ? Le rapport officiel 2015 de Nantes Métropole indique précisément : « Le budget total de 6,7 M€ HT (comme en 2014) présente
un taux d’autofinancement de 85 % (79% en 2014) ». Entre les 6,7
millions officiellement comptabilisés et les 7,5 millions aujourd’hui allégués,
il y a quand même 800.000 euros de différence (+ 11,9 %). Bien entendu,
les montants varient selon qu’on les considère HT ou TTC. Nantes Métropole
se plaît à jouer de la TVA comme ça l’arrange, un coup tu la vois, un coup tu
la vois pas.
Pour couronner le tout, Nantes Métropole montre une mémoire
sélective. Elle compare le coût prévu de l’Arbre aux hérons au coût constaté des Machines de l’île existantes. Mais que se passe-t-il si l’on compare
le coût prévu de l’Arbre au coût prévu des Machines ? Quatre mois avant
leur entrée en service, le Grand éléphant et la Galerie devaient coûter 4,8
millions d’euros. Résultat des courses : 5,2 millions d’euros (+
8,3 %). Lors de la présentation du projet, le Carrousel devait coûter 6,4
millions d’euros. Facture finale : 10 millions d’euros (+
56,25 %). Avec les mêmes taux de dérapage, le surcoût de l’Arbre aux
hérons se situerait entre + 2,9 millions et… + 19,7 millions d’euros !
Ce ne sont que des chiffres, il est vrai. Ils ne changent
rien à ce qui a été ou sera dépensé effectivement. Mais ils montrent avec
quelle légèreté Nantes Métropole aborde ce dossier à 35 millions d’euros.
___________
* Petite mise en perspective historique : le budget
2008 des Machines de l’île ne s’élevait qu’à 2,2 millions d’euros, mais il
était autofinancé à 92 % (Nantes Passion n° 186, été 2008). Plus
les Machines tournent, plus leur déficit se creuse !
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