16 avril 2017

Nantes croule sous les poubelles, le Mémorial y échappe

Avec un sens aigu de l’à-propos, Nantes Métropole vient de publier un avis de marché concernant le nettoyage du Mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes. Au moment où les poubelles jaunes et bleues, intactes ou déchiquetées, s’amoncellent dans les rues pour cause de grève, on nous rappelle que ce monument n’est pas seulement l’endroit le plus surveillé de toute l’agglomération mais aussi le plus propre.

Inutile de s’étendre sur le contenu de l’avis de marché : il reprend à peu de choses près celui de 2014. Son périmètre est un peu élargi : il inclut la piste cyclable créée sur le trottoir et avoue la présence de « 12 caméras de vidéosurveillance » (oubliant que le vocable politiquement correct est aujourd’hui « vidéoprotection »). Et il ne tolère plus aucun « gros déchet » du genre canettes ou sacs poubelles (sic) sur l’esplanade, au lieu d'un tous les 40 m2 jusqu’à présent. En revanche, il maintient la tolérance d’un chewing-gum par mètre carré, et autant de « petits déchets » du genre mégots ou tickets de bus. L’urine et les vomissures seront totalement proscrites.

L’empoussièrement des lames de verre suscite toujours autant de perplexité qu’il y a trois ans. Il devra être inférieur à 1 sur l’échelle de Bacharach. Celle-ci est en réalité une échelle des gris où 0=blanc et 9=noir. Pour mesurer le niveau de gris, on passe un chiffon blanc sur la surface à contrôler puis on compare sa teinte à celle d’un nuancier Pantone. Rien de plus simple, donc. Hélas, les objectifs fixés par l’avis de marché « sont ceux à atteindre quotidiennement à la fin de chaque prestation de nettoyage ». On imagine donc que le test du chiffon blanc devra être effectué chaque jour. Et comme la surface de contrôle est fixée à 10 centimètres carrés, il faudra en théorie 800.000 chiffons blancs par jour pour contrôler les 800 m² des lames de verre…

Dernier détail étrange : comme en 2014, l’avis de marché n’explique pas pourquoi la prestation est demandée (et payée) par Nantes Métropole. À peine indique-t-il que Le Voyage à Nantes est « en charge de l’animation patrimoniale du site ». En réalité, par délibération du 6 décembre 2013, le conseil municipal a confié à la société publique locale la « gestion » du site. Sans réserve. Mais peut-être que le VAN n’entend pas s’abaisser aux histoires de serpillières, de vomissures et de Bacharach. 

14 commentaires:

  1. Il convient de veiller scrupuleusement à l'image du mémorial de la mauvaise conscience nantaise. Enfouir la mémoire des sales pratiques du commerce d'esclaves, mais enfouir proprement avec des pavés au dessus. C'est propre les pavés, ça donne bonne conscience et du moment que ça sente légèrement l'eau de javel ou le parfum de synthèse, c'est rassurant.

    A l'opposé de l'image de la ville en ce moment : "Conséquence du conflit de la métropole de Nantes avec les éboueurs : une image de la ville écornée" titre PO.

    Que les nantais baignent dans les immondices est une chose, mais que ça se sache à l'extérieur en est une autre : ça écorne l'image à peine frelatée longuement façonnée, moulée à la louche de la communication :

    "Ce lundi midi, après la diffusion d’un reportage sur le conflit autour des déchets au journal télévisé, l’image de la cité des ducs en a pris un coup. « Décharge à ciel ouvert », « Nantes est sale », « Il y a des rats », confient les passants… Sur les réseaux sociaux même constat. Les Nantais et touristes étaient de sortie en ce week-end prolongé. « La grève des éboueurs ça donne vraiment une image dégueulasse de Nantes en ce moment. Toutes les poubelles dans la rue, superbe décor », peut-on lire sur Twitter."

    A la télé et plus encore sur twitter, alors que les dépouillement des offres pour le reporting de bad buzz sur les réseaux sociaux est à peine commencé. C'est ballot.

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  2. Si le nettoyage est payé par Nantes Métropole et non par Le Voyage à Nantes, ne serait-ce pas pour abaisser d'autant le coût apparent de cette structure ? Si elle payait elle-même le travail, il faudrait augmenter d'autant la subvention déjà énorme versée par Nantes Métropole. En cherchant un peu, je suis persuadée qu'on trouverait d'autres cas analogues.

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  3. À un touriste nous honorant de sa présence dans notre triste cité : Suivez la ligne jaune, noire et bleue !

    Désolé, ce sera encore des comparatifs de 15 ans d'âge, je n'ai que ceux-ci mais ils sont "certifiés" et tout de même instructifs : Ville de Nantes 45 véhicules de ramassage d'ordures ménagères. Angers et son agglo : 23 bennes pour une population concernée quasi identique ! La seule différence réside dans le taux d'occupation de ces véhicules et... des agents municipaux. À nos calculettes, Sven : l'amortissement d'un investissement de 800 000 francs avec 4 heures d'utilisation quotidienne ! Et pour que l'exercice soit objectif, n'oublions pas d'évaluer le bon beurre produit par un opérateur privé avec des camions fatigués et un seul rippeur qui l'est tout autant...

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  4. Les touristes viennent découvrir Nantes enfin submergée par une vague artistique.

    Un oeuvre contemporaine sur l'ensemble de la ville, co-construite avec des matériaux de récupération aux teintes savamment choisies pour mieux souligner les dérives de la société de consommation.

    De l'art visuel mais aussi olfactif, avec des auxiliaires miniatures à la manière des lilliputiens chers à un autre grand créateur du cru.

    Le VAN commence tôt cette année.

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  5. Le broyage à Nantes des ordures ménagères aura lieu lors de la prochaine édition du VAN...

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  6. A l'Anonyme du 18 avril 2017 à 10:31 : pourriez-vous me traduire et m'expliquer le terme "reporting de bad buzz sur les réseaux sociaux", Svp ?

    Cette mode de "l'engliche anywhere and anytime" me fatigue...

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  7. Le Nettoyage à Nantes commence toudai... The Why Age In Nantes !?

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  8. Les coûts faramineux la com' nantaise sont parfois récompensés par un article internationaaaaaal !

    Faire le voyage à Nantes et ne pas en revenir
    http://mobile2.24heures.ch/articles/58f62667ab5c372a02000001

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  9. @Anonyme du 22 avril 2017 à 14 h 13
    International c'est vite dit : la Suisse c'est riche certes mais ils ne sont pas si nombreux que cela. A quoi cela a-t-il servi que les pauvres salariés du VAN se décarcassent en Chine ?
    ça c'était pour le contenant. Pour le contenu, euh...cet article non signé a recopié un dossier de presse : et un peu ancien encore car il y a belle lurette que la municipalité ne communique plus sur le palais de justice de Jean Nouvel ! Devinez pourquoi ;)

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  10. En effet, un article en mandarin ou cantonais me gonflait d'orgueil et cultivait mon consentement à l'impôt !

    D'accord, l'article présenté ne se caractérise pas par son originalité. Seul point étrange, l'évocation d'un cours Camborne nocturne livré à ses résidents. En général, il est question du passage Pommeraye. Certes des images indécentes de Dominique Sanda dévalant le grand escalier circule sur YouTube...

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  11. Anonyme a dit...

    A l'Anonyme du 22 avril 2017 à 10:14 : pourriez-vous me traduire et m'expliquer le terme "l'engliche anywhere and anytime", Svp ?

    Cette profusion d'anglicisme nous fatigue le week-end, nous défenseurs d'une langue française irréprochable...

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  12. @Anonyme du 22 avril 2017 à 19:51. Je savais bien que les voyages en Chine de notre fine équipe du VAN vous remplissait de fierté fiscale. En attendant les hordes de touristes de l'empire du Milieu qui ne manqueront pas de déferler cet été...
    Mais faute de grives, on mange des merles : nos Suisses auront au moins été acquis à bien meilleur marché : un copié collé fait par le stagiaire et quelques photos banales (sans même Dominique Sanda comme argument de vente !)

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  13. Le Puy du Fou obtient encore une récompense internationale, cela devient lassant. En revanche, la fête foraine nantaise est toujours au point mort économique.

    http://m.20minutes.fr/nantes/1963175-20161117-vendee-puy-fou-obtient-encore-recompense-mondiale

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  14. 29 avril, il reste encore plusieurs mètres cubes de sacs bleus, jaunes et noirs au coin des rues de l'Héronnière et des Cadeniers. Est-ce une des œuvres du voyage à Nantes ?

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