Gratuit, le spectacle Miniatures de Royal de Luxe cet
été ? Pas du tout : pour y assister, il fallait du temps, et le temps
c’est de l’argent. Je ne parle pas ici des 80 minutes que durait le spectacle
mais de l’attente pour obtenir l’un des 16.000 billets « gratuits ».
On a vu des gens patienter plus de cinq heures ! Si chaque billet a
« coûté » en moyenne deux heures de poireautage, il y en a pour
32.000 heures de perdues à faire la queue, soit plus de 60 % d’une vie
entière de travail. Mais après tout, chacun utilise son temps à sa guise.
Jean-Luc Courcoult sur le mur de Royal de Luxe |
Miniatures a coûté 650.000 euros à la collectivité.
Les contribuables ont donc payé 40,63 euros par spectateur. Pas mal pour un
spectacle « gratuit ». D’autant plus que le spectacle a été
montré aussi à Malines, en Belgique, essentiellement aux frais de la
commune et du gouvernement flamand, à raison de 500.000 euros pour 12.000
spectateurs. (Oui, là aussi, le théâtre « de rue » se joue désormais
en espace clos.)
Il faudrait bien sûr tenir compte aussi de la mise en place
de la salle de spectacle en plein air, de la perte de recettes sur le parking
de la Petite Hollande pendant près d’un mois, des frais de communication pris
en charge par la ville, d’une partie des avantages permanents assurés à Royal
de Luxe par Nantes Métropole, etc. Mais restons-en pour l’instant à ce
montant : 650.000 + 500.000 = 1.150.000 euros.
Un spectacle tout petit-petit-petit-petit
Pour financer quoi ? Comme son nom l’indique, Miniatures,
ce n’était pas grand chose. Hormis quelques centaines de verres cassés (416,67
euros les mille chez IKEA), les accessoires étaient réduits au strict minimum
et la distribution n’était pas bien nombreuse. Ce n’est pas moi qui le dis,
c’est le patron de la troupe lui-même, Jean-Luc Courcoult, qui
présentait Miniatures à Presse Océan comme « un
spectacle tout petit-petit-petit-petit, avec pas grand monde dessus, pas
beaucoup d'argent pour le monter, à peu près une dizaine de personnes pour le
faire ».
Pas beaucoup d’argent pour monter le spectacle, plus d’un
million pour le montrer : Royal de Luxe doit rouler sur l’or. Cela sera
facile à constater puisque toute association qui perçoit plus de 153.000 euros
de subventions publiques dans l’année doit publier ses comptes au Journal
Officiel (article L612-4 du code de commerce et décret du 14 mai 2009).
Rien que pour l’année 2016, la préparation de Miniatures avait valu à
Royal de Luxe 310.000 euros de subvention de Nantes Métropole.
Royal de Luxe hors-la-loi depuis le 1er octobre
Qu’en dit donc le Journal Officiel ? Rien. Royal
de Luxe n’a publié ses comptes annuels qu’une seule fois. Ceux
de l’année 2012. L’association avait perçu cette année-là 1.459.602,80
euros de subventions, contre 1.607.393,36 euros en 2011. Il faut dire que
l’obligation légale n’est assortie d’aucune sanction directe : pourquoi se
gêner ? Heureusement pour Royal de Luxe, les Nantais ne sont pas très
curieux, car n’importe lequel d’entre eux pourrait demander au président du
tribunal de l’obliger à publier ses comptes.
Mais ici, l’obligation légale se double d’une obligation
contractuelle. La convention
portant sur la subvention 2016 signée entre Nantes Métropole et Royal de
Luxe conditionne les versements au respect de différentes clauses dont l’une se
réfère explicitement à l’article L612-4 du code de commerce, c’est-à-dire à la
publication des comptes.
Fabrice Roussel et Jacques Leroy, signataires de cette convention
respectivement au nom de Nantes Métropole et de Royal de Luxe, honoreront-ils
leur engagement ? Pour le second, c’est déjà trop tard : les comptes
de Royal de Luxe pour 2016 auraient dû être publiés au plus tard le 30
septembre. Reste à voir si le premier saura se faire respecter en résiliant la
convention, comme le prévoit l’article 10 de celle-ci.
Royal Grand Luxe ! Le ravalement du mur de la honte place ricordeau coûtera 70 000 € aux contribuables grincheux !
RépondreSupprimerCertes pas de quoi construire un rond-point...