02 août 2018

La campagne de L’Arbre aux Hérons sur Kickstarter a rapporté moins qu’on ne croit

Consternation des « gros » contributeurs du projet Kickstarter Arbre aux Hérons / The Herons’ Tree à la lecture d’Ouest France la semaine dernière. Interrogée par Stéphanie Lambert, Karine Daniel, directrice du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons, révélait que leurs récompenses n’arriveront pas avant septembre. Ils devaient initialement les recevoir « entre mai et juillet 2018 ».

Pour expliquer le retard des récompenses « numériques » ‑ affiches et certificats de copartage transmis via internet sous forme de fichier – les animateurs de la campagne avaient avancé une excuse légèrement vaseuse : les certificats devant être numérotés et personnalisés, il fallait disposer de tous les noms avant de les établir. Comme s’ils ne savaient pas ajouter un nom à un fichier existant…

Bien entendu, l’excuse ne vaut pas pour les récompenses « matérielles »* ‑ affiches, croquis, casquettes ou sacs en coton. Karine Daniel invoque à présent le risque de retours postaux : beaucoup de destinataires pourraient être partis en vacances ces jours-ci. Ce qui aurait été une raison de plus pour envoyer les récompenses à la date prévue, « entre mai et juillet », non ? Tout était annoncé de longue date, il suffisait de faire rouler… Et qu’on ne vienne pas invoquer le nombre élevé de donateurs : il y en a eu 5.511 alors que Pierre Orefice en espérait 10.000.

Kickstarter, ça a eu payé

Au fait, ces récompenses, quel en est le prix ? Aux 373.525 euros officiellement récoltés, « il faut soustraire 80 000 à 100 000 € de frais », assure Ouest France. Entre 21 et 27 %, donc. En effet, la production et l’envoi des récompenses ont un coût. « N'oubliez pas que les fonds engagés par les contributeurs pour couvrir les frais de livraison sont comptés dans votre objectif de financement », rappelle Kickstarter aux porteurs de projet.

Un contributeur qui voulait faire un don de 50 euros, par exemple, devait payer 7 euros en plus pour l’envoi de ses récompenses. Et la somme inscrite dans la masse des dons était de 57 euros… Cela concerne quand même 2.211 contributeurs, soit un montant total d’au moins 15.477 euros. Pour les donateurs de 100 euros et plus, l’envoi postal d’un croquis imprimé était facturé 9 euros, soit au moins 696 x 9 = 6.264 euros**.

À ces 15.477+6.264 = 21.741 euros de frais d’envoi (qui ramènent le montant réel des dons à 351.784 euros), il faut ajouter plusieurs autres postes de dépense :

  • une quote-part du salaire de la directrice du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons. Il n’a pas été publié, mais quand le recrutement a été lancé, l’ordre de grandeur envisagé pouvait dépasser 60.000 euros par an
  • l’impression des affiches et croquis, et éventuellement celui de leur dédicace par les créateurs de l’Arbre,
  • la confection des casquettes et sacs en coton,
  • les prestations assurées par Troopers Agency (qu’elles soient facturées en direct par le prestataire ou refacturées par Nantes Métropole, qui ne peut subventionner un fonds de dotation),
  • les gravures sur les bancs des Machines de l’île promises aux contributeurs à 1.000 euros. Or il ne s’agit pas de graver de simples plaques en plastique puis de les coller sur des bancs. La campagne Kickstarter est tout à fait claire à cet égard : les noms seront gravés sur les bancs, ce qui revient beaucoup plus cher.
Tout ça paraît déjà beaucoup ? Attendez voir ! Les récompenses futures à provisionner représentent un morceau encore plus difficile à avaler. On y reviendra.
_____________
* Sauf pour les donateurs de 500 ou 1.000 euros, récompensés par des croquis personnalisés et numérotés de 1 à 250 – ce qui confirme qu’on avait vu large puisque 125 dons seulement ont été reçusdans cette catégorie.
** Le montant réel est probablement supérieur, les frais étant plus élevés pour certains contributeurs habitant à l’étranger


À lire dans Capital,
un article de Rozenn Le Saint
qui ne semble pas très convaincue par
les glorieuses perspectives de L’Arbre aux Hérons


4 commentaires:

  1. Difficile de plaindre les pigeons qui ont participé au pré-financement de cette grosse mer... , pardon, de cette superbe attraction foraine. Ce sont les nantais (ceux qui sont imposés) qui devront payer à l'avenir pour la supposée attractivité de la ville. Et ce sont seulement ceux qui proposent un appartement à la location sur airbnb, ou certains commerçants, qui auront quelque chose à y gagner ; les autres non. Que les pigeons se fassent pigeonner par les hérons ! A cause d'eux, d'autres seront pigeonnés à leur tour, bien malgré eux.

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  2. enfin on va pouvoir voir les noms des plus grands donateur sur les bancs !!!!
    cela va être intéressant !!!!

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  3. En effet ! La campagne Kickstarter a prévu la possibilité de faire inscrire sur les "titres de copartage" un autre nom que celui du donateur, mais cette possibilité n'a pas été prévue pour les bancs. Il sera intéressant aussi de voir combien des 101 contributeurs à 1.000 euros préféreront rester anonymes.

    De plus, telles que les récompenses ont été promises sur Kickstarter, les bancs doivent être gravés sans délai. Il s'agit des bancs déjà en place sur les site des Machines de l'île, qui seraient transportés plus tard sur celui de L'Arbre. Pas moyen d'attendre pour s'assurer que le projet ne va pas tourner en eau de boudin avant d'afficher son soutien.

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  4. Je ne comprendrai jamais la métropole nantaise a dilapider de l'argent public pour des projets aussi débiles que l'arbre aux pigeons !

    Et ce d'autant plus que les dotations de l'Etat baissent chaque année obligeant la métropole à trouver d'autres sources de financement.
    Attention après les municipales de 2020 avec l'explosion de l'imposition !

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