08 août 2018

Le square Daviais, pays de cocagne selon Le Voyage à Nantes

Le touriste zélé qui s’applique à suivre dans l’ordre la ligne verte tracée au sol par Le Voyage à Nantes part de la gare, passe par le Lieu Unique et le château des ducs de Bretagne puis rejoint la place du Bouffay pour admirer l’Éloge du pas de côté. Jusque-là tout va bien.

Puis il plonge dans les profondeurs du Carré Feydeau pour contempler Outside, de Firman (claustrophobes s’abstenir), enfile la rue Kervégan et fait halte au Temple du goût avant de déboucher sur la place de la Petite-Hollande et le stade Daviais. Oh-ho, se demande-t-il alors, où sommes-nous donc là ?


Il consulte son programme officiel du Voyage à Nantes. Oui, il y a bien là une étape sur la ligne verte, le numéro 11 du parcours, intitulé « Stations gourmandes ». « Chacun peut venir pique-niquer ou cueillir fruits, légumes et herbes aromatiques dans ces vergers et potagers urbains » explique le programme. Ah ! que d’agrestes réjouissances -- à ne pas confondre avec la soupe populaire -- proposées à chacun par le service des espaces verts de Nantes Métropole.

Mais le touriste n’est pas seul et doit partager les lieux. « Les insectes et les oiseaux trouvent aussi nourriture et abri dans ces nouveaux refuges aux multiples cachettes », avertit Le Voyage à Nantes. Ils sont maousses, les insectes réfugiés dans ces cachettes nantaises, pense notre touriste zélé.

7 commentaires:

  1. Malgré les accusations de voyeurisme qui pèsent sur ce type de visite, les touristes qui font de telles excursions se disent “solidaires” et se glorifient de sortir des paysages de cartes postales pour voir les “vrais gens”.
    https://www.tourisme-espaces.com/doc/9874.visite-bidonvilles-entre-tourisme-solidaire-business-pauvrete.html

    voila une idée pour le prochain voyage à nantes, si d'ici là ils sont encore là !!!!

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  2. Jean-Marc Ayrault parlait souvent de "prendre ses responsabilités", lorsque Ses Décisions étaient contestées (un de ces énoncés performatifs, tels que décrit par Austin, sans conséquences réelles dans les faits...). Son héritière est plutôt du genre gestionnaire de l'idéalisme : les décisions, les responsabilités liées au pouvoir, ce n'est pas trop son truc... En quoi elle diffère de son mentor. La situation du square Daviais étant plus que problématique (quels que soient les points de vue que l'on peut avoir sur la situation), il est urgent, non seulement de ne rien faire, mais aussi de ne rien décider. Renvoyer le bébé à l'Etat, ou bien le(s) bébé(s) à la générosité des nantais. Et s'en faire une gloire !

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  3. Dans notre pays désormais officiellement libéral, l'arbitraire du pouvoir tient lieu de responsabilité politique. La seule note possible de souveraineté consiste pour "notre" président à limoger tel général, pour un mot de travers. On reproche au gouvernement italien sa politique de fermeture sans ouvrir franchement ses portes, sans oser les fermer non plus. Dans l'affaire Benalla, on échappe à ses responsabilités en se désignant comme "seul responsable". Quant aux dirigeants des métropoles, ils sont effectivement devenus des gestionnaires de l'abondance, quand bien même celle-ci tend à faire défaut. Il importe avant tout de pouvoir se regarder dans une glace, lorsque l'on est de gauche ; l'ordre demeurant une valeur de droite, scrupuleusement, on évitera de chercher à le maintenir. Madame la maire peut donc continuer à se regarder dans une glace, sans éprouver cette cuisante honte d'être un homme (cf. Deleuze). Tant mieux pour elle, et ça tombe bien, elle est une femme. Le problème, c'est que pendant qu'elle regarde interminablement dans la glace son meilleur profil (le gauche), elle ne peut pas regarder ce qui se passe dehors. Et puis, il y a la leçon De Rugy : l'opportunisme paie. Autant faire le dos rond (ne rien risquer, ne pas faire de vagues) en se regardant interminablement dans la glace. Et attendre de toucher la monnaie de l'Absolu.

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  4. Quand des Roms ont commencé à arriver à Nantes, après l'entrée de la Roumanie dans l'UE, Jean-Marc Ayrault a créé un service spécial pour les accueillir. Le système a fonctionné au-delà de toute espérance : Nantes est très vite devenue la ville française qui comptait le plus de Roms. On disait à une époque que 10 % des Roms présents en France se trouvaient en Loire-Atlantique. Johanna Rolland n'a peut-être pas envie de recommencer à une échelle cent fois ou mille fois plus grande avec les Africains.

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  5. Madame Rolland n'a pas envie de voir la chose se renouveler avec un afflux massif de migrants africains, certainement, mais elle n'a surtout pas envie de jouer la maire fouettard.: elle est de gauche, elle est solidaire, elle est le bien (dans sa version crypto-chrétienne). Elle n'es pas du genre en-même-temps, elle est plutôt du genre ni-ni, autruche ensablée au long cou. Elle est démocratie participative : aux nantais de gérer les problèmes, à eux de se débrouiller pour trouver des solutions (cf. les émeutes récentes durant lesquelles elle n'a rien trouvé de mieux à faire que de demander aux associations de rétablir l'ordre - le désordre, c'est pas trop vendeur, et l'ordre sécuritaire, c'est fasciste). Elle est tout simplement tétanisée dans sa posture. Une posture essentiellement narcissique : la gestion de sa bonne image de bonne personne de gauche. Et l'Etat-en-marche n'a aucune raison de l'aider, pour l'instant, en faisant intervenir Madame la Préfète... L'Etat-en-marche laisse donc pourrir la situation, pourrir Madame Rolland sur pied, dans une version contemporaine, déconstruite, du portrait de Dorian Gray. Pendant que Madame la Maire se peint en bonne personne de gauche, la ville tend à se décomposer, et cette décomposition finira bien par contaminer l'édile elle-même. En la prenant à revers, pour ainsi dire ; en tout bien tout honneur, cela s'entend, sans arrière-pensées sexistes, cela se comprend.

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  6. et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête...
    (Blaise Pascal)

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  7. Redoutable formule, en effet, à laquelle il convient d'ajouter le non moins classique "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."
    (Bossuet)

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