05 décembre 2018

Pour L’Arbre aux Hérons, le temps file et l’argent ne rentre pas assez

Dans Presse Océan, ce mercredi 5 décembre, Stéphane Pajot rapporte les propos de Pierre Orefice à propos de L’Arbre aux Hérons : « nous avons récolté 4 millions grâce à 40 entreprises. Il nous reste trois ans et demi pour atteindre les 12 millions à notre charge. » Trois ans et demi : comme souvent, on se demande si le directeur des Machines de l’île a bien tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ; accessoirement, on se demande aussi pourquoi Stéphane Pajot s’en est tenu là.

Il y a un an, le 8 décembre 2017, le conseil métropolitain décidait de lancer des « pré-études conclues pour une durée de deux ans », visant à « vérifier la faisabilité technique de l’œuvre dans le cadre des contraintes du site et d’en stabiliser le coût de réalisation. Nantes Métropole disposera à l’issue de ces études des éléments techniques et financiers pour confirmer la réalisation de l’Arbre. ».

Le marché de ces pré-études a été attribué début janvier 2018. Deux ans, cela nous mène donc à janvier 2020. C’est alors que Nantes Métropole doit disposer des éléments financiers pour confirmer – ou pas – la réalisation de l’Arbre. Pierre Orefice le sait parfaitement puisque c’est à lui et à François Delarozière que ce marché a été attribué ! Il sait qu’il ne lui reste pas trois ans et demi mais treize mois seulement.

Et il ne peut guère compter sur un rab’ de temps, car le délai de deux ans n'a sûrement pas été fixé au hasard. Comme les élections municipales auront lieu en mars 2020, Johanna Rolland tiendra à proclamer sa décision avant – du moins si c’est oui. Or elle, elle s'y est engagée, elle ne donnera son feu vert que si les financements privés couvrent le tiers de la construction – soit plus de 12 millions d’euros.

Alors que près de la moitié du délai officiel est écoulée, et qu’en réalité la chasse aux financements privés est ouverte depuis des années, les généreux donateurs ne se sont engagés que pour un tiers du financement. Début octobre, on en était à près de 3,5 millions, d'après ce que Bertrand Roussel assurait au conseil métropolitain. Au rythme de 250.000 euros par mois, il manquerait encore 4,75 millions d'euros en janvier 2020. Le fait que Pierre Orefice cherche à ruser avec le calendrier n’annonce rien de bon.

7 commentaires:

  1. Vous avez montré ailleurs (http://nantesplus.org/plus-de-donateurs-a-trouver-pour-larbre-aux-herons/) que le Fonds de dotation de l'Arbre aux Hérons n'avait encore recueilli que 45 000 euros à fin 2017. Il a donc trouvé près de 3 955 000 euros (près de 4 millions d'euros - 45 000 euros) en onze mois. Pas suffisant, c'est vrai, mais pas mal quand même, à condition bien sûr qu'il ne s'agisse pas de simples promesses verbales.

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  2. Sven, des hérons sont déjà arrivés à Nantes... Pas encore à Misery mais il leur reste peu de chemin à faire le long de la Loire pour cela... Comment puis-je vous en envoyer la photo ?

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  3. C'était sûr que les contribuables allaient combler le déficit déjà plus qu'abyssal de l'arbre aux pigeons !

    Les élus de la majorité sont en train de saborder les finances de la ville, et son image avec !

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  4. Anonyme : Merci de penser à moi ! Vous pouvez m'écrire à sven.jelure@gmail.com

    Cyril44 : l'Arbre ne nous a encore coûté que quelques millions d'euros. C'est déjà énorme pour zéro résultat, mais ce n'est pas grand chose à l'échelle de la ville ! La vraie douleur viendra après, si l'Arbre est finalement construit (mais je suis curieux de voir comment les élus pourraient se dégager) car ses perspectives d'exploitation me paraissent extrêmement faibles. En particulier, il souffrira bien plus que Les Machines de l'île les jours d'intempéries. Mais là où je vous rejoins tout à fait, c'est à propos de l'image : jouer l'image de la ville sur des installations foraines est suicidaire. Toulouse peut se permettre la Halle des Mécaniques car elle s'inscrira dans une palette d'attractions technologiques. A Nantes, rien de tel.

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  5. Au petit crédit de la municipalité, il y a le "Jardin extraordinaire" (ce nom...) . Qui n'occupe ra malheureusement qu'une partie minoritaire de Misery alors que le site a un potentiel remarquable pour aller à fond sur ce thème.
    Mais j'imagine que ça veut dire aller sur les plates bandes d'Angers et son Botanical and, politiquement inimaginable. Alors que Nantes avait et a encore un potentiel en espaces verts bien plus intéressant qu'Angers, il a été décidé que l'horticulture serait le domaine réservé de l'Anjou quand Nantes aurait l'industrie. Angers voit ainsi des projets immobiliers végétalisés bien plus ambitieux. Grave affaiblissement pour Nantes que ce partage des spécialités. Ainsi, aucun travaux de l'époque Ayrault ne tenait compte des espaces verts (en dehors des voies vertes du tram même si, finalement, la consommation d'eau est antiécologique mais l'horticulture ne l'est pas forcément) avant le revirement dû à une prise de conscience globale de la richesse du vert en ville.
    Pourtant, encore bien mal considéré.
    Comment expliquer qu'il ait fallu une bonne vingtaine d' années pour que les élus prennent conscience de l'avantage d'avoir le Jardin des Plantes devant la gare (et bien avant les Machines, l'agrandissement de la gare aurait dû être faite)? Jardin des Plantes qui, lui, sature d'évènementiels pendant que les autres parcs et jardins stagnent tristement, le Grand Blottereau par exemple mérite bien mieux que le traitement qui lui est réservé.
    Tout au plus peut-on dire que Nantes gère ce que les aléas de la Nature et de l'Histoire de son urbanisme lui offre mais, en dehors de ce Jardin extraordinaire (ce nom...), on ne peut pas dire que la Municipalité soit pro-active comme on dit, la pérennisation de Quai des Plantes étant une évidence (là aussi, qui aurait dû démarrer il y a bien longtemps, Bordeaux l'a fait il y a 15 ans) . Il y a bien le Jardin des fonderies qui est à saluer, comme quoi, Nantes a les moyens humains pour le faire mais sûrement pas le budget.
    L'espace vert à Nantes n'est considéré que comme un secteur parmi d'autres alors qu'il devrait être au premier plan. Couplé avec le nautisme qui aurait dû trouver sa place dans les anciens Chantiers. En espérant que Chantenay corrige le tir sur ce point mais face à tant de méconnaissance de la ville par ses dirigeants, en tout cas de la génération d'Ayrault, c'est craindre que non.

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  6. Ayant évoqué l'affaiblissement d'une facette essentielle de Nantes de par une gestion commune avec Angers, je ne peux que revenir sur ma marotte: la catastrophe des Pays de la Loire.
    Mais je le fais surtout parce qu'il me semble intéressant de parler de la DATAR alors que la crise des Gilets Jaunes n'est pas terminée. Ne pas y voir un lien de cause à effet me semble une erreur. Je n'ai cependant pas l'impression que quiconque mette en avant le besoin d'une remise à plat de l'aménagement du territoire en France. Alors, bien sûr, c'est le pouvoir d'achat qui occupe les têtes mais à une époque où n'importe quel gouvernement n'a qu'une marge de manœuvre réduite sur ce point, il est regrettable de ne pas le voir s'arrêter sur celui dont il a encore les pleins pouvoirs. Cette remise à plat couplée à des décisions légitimée à un processus démocratique plus direct permettrait peut être d'inclure activement une population qui sent délaissée. Et peut-être de repartir sur un nouveau cycle de consentement à l'impôt.
    Comme je le disais, je n'ai malheureusement pas l'impression que qqui que ce soit n'en parle.
    En Loire-Atlantique, qui a alors la chance de montrer la voie à tout un pays en crise, il y a bien une opportunité pourtant: la pétition de Bretagne Réunie.
    Mais l'attitude de Grosvalet est effrayante. Il laisse penser qu'il n'organisera pas de consultation citoyenne. Si les média locaux minimisent incroyablement 100 000 signatures, 10% du corps électoral, du jamais vu, même pas pour une décision mais pour permettre de prendre une décision démocratiquement, une fin de non-recevoir dans un tel contexte aura un vrai poids dans l'opinion, qui n'a pas non plus oublié la consultation de NDDL.

    Alors je sais bien que je dévie du sujet initial pour reparler de celui dont j'ai déjà saturé les commentaires de ce blog mais quand certains voient une sinistrose de la critique, je veux rappeler qu'une initiative pour un vote démocratique sur l'aménagement du territoire touchant 100 000 personnes, c'est en Loire-Atlantique que ça se passe et pas ailleurs.
    Tout comme les jardins et espaces verts dans une grande agglomération, c'est à Nantes et pas ailleurs (je pense alors aussi au jardin des ronces à Doulon).
    Des raisons de se réjouir, d'y trouver des dynamiques. Mais quand elles ne sont pas entendues, on voit ce que ça donne.

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  7. VertCocu, merci pour votre analyse de la place des jardins publics à Nantes. Ils sont en grande partie un témoignage de la grandeur maritime passée de Nantes : est-ce pour cela que Jean-Marc Ayrault, angevin, n'y a rien compris du tout ? Car oui, Nantes avait autrefois une grande légitimité botanique qu'elle a progressivement perdue sous JMA. Le service des espaces verts était naguère une sort de corps d'élite municipal ; il est devenu l'un des pires exemples de ce que peut donner la fonction publique locale.
    Quand à la question du référendum local sur la réunification bretonne, je ressens comme une joie amère (Schedenfreude) à voir ceux qui couinaient naguère qu'on violait la démocratie en abandonnant NDDL refuser carrément d'interroger le peuple.

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