À un an près, l’exposition du musée d’arts de Nantes Paquebots 1913-1942 – Une esthétique transatlantique aurait pris un caractère tout différent. Si la date de début avait été fixée à 1912 au lieu de 1913, son « esthétique transatlantique » était pliée puisque le naufrage du Titanic a inspiré une foultitude d’œuvres : romans, films, poésies, comédie musicale, BD, peintures, pièces d’orfèvrerie et d’horlogerie, sculptures et même un spectacle de Royal de Luxe, La Géante du Titanic et le scaphandrier (2009).
Résolument glorieuse et optimiste, l’exposition ignore jusqu’au
naufrage du RMS Lancastria, qui date pourtant du 17 juin 1940. Une
tragédie bien de chez nous, dans l’estuaire de la Loire, avec un bilan humain autrement
plus lourd que celui du Titanic. L’« esthétique transatlantique » des
habitants du pays de Retz a été irrémédiablement marquée par les cadavres retrouvés
sur leurs plages pendant des semaines.
De minces prétextes sont allégués pour justifier l’insoucieuse fourchette 1913-1942. Ça se gâte quand même un peu vers la fin : comme le Normandie est très présent dans les salles du musée, à différents titres (photos, dessins de René-Yves Creston, objets du quotidien…), il était difficile de dissimuler son triste sort de 1942, à une époque ou d’ailleurs il n’était plus un paquebot et ne s’appelait plus Normandie).
Le Voyage à Nantes ne s’arrêtera pas au premier iceberg
Accusera-t-on les commissaires de l’exposition, Sophie Lévy
et Géraldine Lefebvre, directrice du Musée d’art moderne André Malraux (MuMA) du
Havre, d’avoir travesti la vérité ? Disons plutôt qu’elles ne l’ont
regardée qu’avec l’œil de passagers de première classe sur un paquebot arrivé à
bon port. Après tout, le musée d’arts est un musée d’arts, pas un musée
historique.
On croirait même que Sophie Lévy avait pressenti sa
nomination à la tête du Voyage à Nantes : pour attirer le public, et c’est
ce qu’on lui demande, il faut po-si-ti-ver, quitte à raconter des histoires. Et,
au fil des expositions, elle le fait avec beaucoup plus d’élégance que Jean
Blaise, qui a souvent pédalé dans la choucroute. L’exposition est visible au
musée d’arts jusqu’au 23 février.
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https://nantesplus.org/paquebots/
Paquebots 1913-1942 au musée d’arts de Nantes : la commandante
quitte le navire avec les honneurs
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