Quel tirailleur sénégalais ? Il n’y a pas de tirailleur sénégalais au pont Anne de Bretagne. En effet, et c’est bien dommage. Nantes manque d’un endroit où ses habitants viendraient observer l’humeur de la Loire. Ce serait un point de rencontre populaire où la vie du fleuve rejoindrait celle de la cité.
Une statue fixée sur une pile de pont est un marémètre simple qui a fait ses preuves. Les Parisiens suivent les crues de la Seine aux guêtres du zouave du pont de l’Alma. Nos crues à nous sont plus intéressantes que les leurs, puisqu’elles viennent aussi bien de l'aval que de l'amont.
D’où l’idée d'une effigie de tirailleur sénégalais fixée sur une pile du pont Anne de Bretagne. Pourquoi le pont Anne de Bretagne ? Parce que la passerelle ménagée au niveau de l’ancienne pile du pont transbordeur assure un point d’observation idéal et plutôt convivial.
Reste le choix du motif. Nantes manque d’une belle statue publique de Nominoë. Mais le Tad ar Vro n’est pas trop politiquement correct ces temps-ci : en conflit permanent avec les Vikings, il s’est montré nettement hostile aux migrants et aux nomades. Un tirailleur sénégalais serait plus consensuel : il ferait pendant au zouave et rendrait hommage aux troupes d’Afrique, fort à la mode ces temps-ci.
En tout cas, une décision s’impose, et vite : si les édiles de gauche ne s’en chargent pas, une prochaine municipalité de droite serait très capable de fixer sous le pont la statue d’un prêtre réfractaire ou d’une captive vendéenne, histoire de rappeler que la jeune république, sous les ordres de Carrier, a noyé là des milliers de prisonniers en 1794. Face au Mémorial de l’esclavage, une repentance en vaut bien une autre.
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