Le passage de Long Ma à Nantes a valu à l’association La Machine une subvention métropolitaine de 79 000 euros, mais que rémunère vraiment cette somme ? C’est là le treizième mystère du cheval-dragon.
Le propriétaire de la mécanique, un milliardaire chinois, la
prête aimablement. Elle a été pilotée sur le terrain par ses manipulateurs
chinois. Les transports ont été organisés par Bolloré Logistics. Le
terrain a été fourni par le Voyage à Nantes. L’encadrement du
public a été assuré par soixante bénévoles. La communication, pour l’essentiel,
a été gracieusement diffusée par les médias locaux. Le scénario était ultra-sommaire : de temps en temps, le cheval-dragon effectuait
un aller-retour à travers l’esplanade des Chantiers.
Le travail effectif de La Machine paraît des plus réduits. Certes,
elle s’est chargée de réparer d’urgence une panne mécanique. Mais celle-ci avait
pour cause un défaut de conception dû à… elle-même. « Les
pattes sont un élément sensible de la machinerie », a-t-elle reconnu sur Facebook.
« Il arrive parfois que malgré la présence des capteurs de position, le
contact avec le sol se fasse un peu brutalement. »
Beaucoup de visiteurs se sont plaints de ne pas savoir à quel moment la machine s’animerait et n’ont vu qu’un dragon immobile. Or c’était délibéré ! « Nous ne communiquons pas volontairement les horaires précis pour éviter de trop grands rassemblements à un temps T », expliquait la responsable de communication de La Machine. Autrement dit, le but n’était pas d’attirer un maximum de visiteurs mais au contraire de dissuader une partie d’entre eux.
On se demande pourquoi. Chaque sortie de Long Ma
a été vue par 3 600 personnes en moyenne, indique Nantes Métropole ;
les 130 000 m² du parc des Chantiers peuvent aisément en contenir dix fois
plus. Au total, en une dizaine de jours, Long Ma aurait attiré entre
120 000 et 150 000 spectateurs. En août 2015, pour une jauge quasi
identique (trois sorties par jour en moyenne pendant dix jours), La Machine avait
revendiqué près de 300 000 spectateurs, soit près de 10 000 spectateurs
par sortie.
La fréquentation de 2024 représente donc au maximum entre
40 % et 50 % de celle de 2015. Elle est très éloignée aussi des scores
revendiqués par La Machine à l’étranger : 1 million de spectateurs en trois
jours à Pékin en 2014 et 750 000 en quatre jours à Ottawa en 2017. On a relativement bien réussi à dissuader les Nantais. À part verser 79 000 euros
à La Machine, à quoi rimait donc cette opération ?
(Illustration : photo de 2015)
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