La machine cracheuse de feu construite par François Delarozière arpente à nouveau les terrains des Chantiers navals. « Après de nombreux voyages, en France et dans le monde, LONG MA est donc de retour à Nantes », écrit Nantes Métropole. Comme souvent, la métropole se la raconte. La machine se déplace peu en réalité. Basée en Chine, elle a été montrée en spectacle à Pékin (2014) et dans deux ou trois autres villes chinoises (X’ian, Macao), à Nantes (2015), à Calais (2016), à Ottawa (2017), à Toulouse (2022). Elle a aussi été réparée à Nantes en 2022.
La raison en est simple : ça coûte. Médiacités
a expliqué en 2017 l’économie du cheval-dragon : son propriétaire, le
promoteur immobilier chinois Adam Yu, « confie gracieusement sa
gigantesque marionnette articulée à la Compagnie La Machine. Charge à elle de
l’exploiter. Ce qu’elle fait, à son profit, puisque si les villes tentées par
l’expérience n’ont rien à débourser pour accueillir la bête elle-même, elles
doivent en revanche rémunérer la Machine pour la logistique et la mise en scène
des spectacles. »
Une recette bonne à prendre pour La Machine
À combien s’élève la facture de la Machine ? « Le
coût d'une session de ces grands spectacles est très variable », expliquait
sa chargée de com’, Fredette Lampre, à France 3 en 2022. « Pour Pékin,
en 2014, où il fallait du grand spectacle, le budget était de 900 000 euros.
Pour Calais, le spectacle a été acheté 400 000 euros, mais il y avait moins
d'effets ». (Tout compris, Calais a quand même déboursé 1,2 million
d’euros).
La Machine ne fait sûrement pas de cadeau à Nantes car elle a
besoin d’argent. Si ce n’est elle, c’est sa jumelle, La Machine Toulouse, qui
exploite la Halle des Machines de Montaudran et se trouve en situation délicate
(du moins était-elle prise
à la gorge fin 2020 ; depuis lors, elle se soustrait à l’obligation
légale de publication de ses comptes, ce qui n’est pas bon signe).
Quand les bornes financières sont franchies…
Le coût de l’opération n’est pas indiqué. On sait cependant
que le
premier voyage de Long Ma de Nantes à Pékin à bord d’un énorme Antonov-124,
en 2014, avait été évalué à 600 000
euros. Il avait fallu trois mois de travail à Air Partner et Ruslan
International pour mettre au point l’opération. En 2018, un projet inabouti de
transport du cheval-dragon et de l’araignée mécanique géante Kumo à Ottawa
était chiffré aux
alentours de 500 000 dollars.
Le billet d’avion n’est pas forcément beaucoup plus cher
cette fois-ci car les prix du fret aérien ont baissé en 2023. Mais, tout
compris, les quelques déambulations de Long Ma au bord de la Loire coûteront sûrement
des centaines de milliers d’euros aux contribuables métropolitains. Le Voyage à Nantes était déjà
en déficit de près d’un million d’euros en 2023, principalement à cause des
Machines de l’île. Alors que l’été 2024 se présente mal, entre absence de
nouvelles attractions et difficultés de circulation, était-ce vraiment le
moment d’en rajouter ?
Une question qui s’ajoute aux nombreuses interrogations
soulevées par le cheval-dragon depuis dix ans, dont peu ont trouvé réponse à ce
jour :
(1) où sont les foules chinoises ?
(2) d’où viennent les économies ?
(3) qui est ce mécène si discret ?
(etc.) la surprise du cinquantenaire
(5) Long-Ma, cheval de retour ?
(6) Long-Ma réincarné en Minotaure ?
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