06 mai 2011

Grosvalet ligérien, Louvrier breton ?

Ce qu’un maréchal avait fait, on espérait qu’un Mareschal le déferait. On avait tort. Quand Patrick Mareschal a été élu président du conseil général d'une Loire-Atlantique nouvellement passée à gauche, les partisans de la réunification administrative de la Bretagne ont cru le grand jour arrivé. En fait, Mareschal n’était pas l’homme idoine.

Mareschal n’a pas toujours été socialiste : il vient du radicalisme. On disait autrefois des radicaux qu’il y avait du radis en eux : ils étaient roses à l’extérieur, blancs à l’intérieur. À l’intérieur, Mareschal était gwenn-ha-du. Ses années de travail militant lui avaient valu le respect des milieux fidèles à la bretonnité nantaise.

Et c’est sans doute ce qui faisait son prix pour le PS. Car, après la disparition d’Olivier Guichard, une éventuelle conversion de la droite à l’idée bretonne était assurément un danger pour la majorité locale*. En plaçant Mareschal à la tête du département, le PS faisait coup double : il incitait la droite à se raidir contre l’idée bretonne et amadouait l’opinion rattachiste. Mais il ne courait pas de risque. Mareschal est un homme pondéré et intelligent. On lui avait confié à 65 ans un poste à sa hauteur : il n’allait pas tenter de le rehausser en contestant sérieusement l’ordre établi au risque de gâter le confort de sa fin de carrière.

Philippe Grosvalet, nouveau président du conseil général, n’a pas suivi le même parcours. Lui est un sabra du socialisme. Avant de devenir professionnel de la politique, il était permanent d’une association solidement tenue par la gauche. Il ne cache pas son peu d’intérêt pour la question bretonne.

La droite a tout de suite détecté l’opportunité. Franck Louvrier, conseiller à l’Élysée, a même fait assez fort. Dans une longue interview au mensuel Bretons, il déclare carrément : « Moi, à terme, je suis favorable au rattachement de Nantes à la Bretagne. » La droite a tout à gagner à un coup de barre à l’Ouest : d’après un sondage de 2009, ses électeurs y sont beaucoup plus sensibles que ceux de gauche.

Reste à voir si, du coup, l’enthousiasme des socialistes de la région Bretagne ne faiblira pas.
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* La conversion de la droite à l’écologie était un risque moins immédiat, mais non nul : le respect de la nature serait facilement un thème conservateur. En faisant une place à François de Rugy, le PS s’est bordé de ce côté-là aussi. Il n’avait sans doute pas prévu à l’époque que les Verts deviendraient à leur tour une force politique menaçante.

6 commentaires:

  1. Louvrier, c'est vraiment le fils de son père. Quel guignol....

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  2. Dans les deux cas, la Bretagne est instrumentalisée, c'est triste.

    P.S. Vous devriez écrire : ce qu'un maréchal avait défait... un Mareschal le referait.

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  3. Instrumentalisée, je ne dirais pas ça. Mareschal est sûrement sincère et je n'ai aucune raison de croire que Louvrier ne l'est pas.

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  4. Tous les candidats à la présidentielle des 40 dernières années ont dit ou écrit des choses sympathiques sur le sujet.Au minimum sur le respect de la démocratie. Par pitié, ne vous contentez pas,cette fois,de promesses vagues comme le fait Louvrier dans l'interview de "Bretons" que je viens de lire.

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  5. Tous ces coups médiatiques politiciens font oublier l'essentiel : il faut une vraie politique culturelle enracinée dans l'héritage breton et ligérien.
    Pendant qu'on s'écharpe sur les déclarations et les stratégies politiciennes, rien n'est fait en profondeur pour recentrer la culture à Naoned.Une vraie politique culturelle (expos,instruction publique,débats dans l'Ouest et non pas à Paris) devrait mettre en valeur le partage de connaissances,la transmission et le patrimoine culturel.

    On est train de faire une exposition "Nantais venus d'ailleurs",le Royal de Luxe, soit. Mais rien de rien sur la belle Bretagne qu'on ridiculise et instrumentalise.

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  6. Bien entendu, nantaisenraciné, j'aspire comme vous à une culture locale héritière de la tradition bretonne. En revanche, je ne vous rejoins pas quand vous écrivez que "rien n'est fait en profondeur pour recentrer la culture à Naoned". Au contraire, la municipalité en place fait depuis ses débuts de gros effort pour imposer à Nantes des cultures elles aussi venues d'ailleurs (ou, au minimum, "métissées"). Il suffit de regarder la liste des subventions municipales. Heureusement, la culture locale reste vivace, mais c'est essentiellement grâce à des actions individuelles et associatives.

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