26 octobre 2012

Grrrand succès du Voyage à Nantes (5) : Monsieur Boulier s’était planté

Le chiffrage des résultats du Voyage à Nantes, on le disait ici avant-hier, est douteux. La fréquentation touristique en 2012 a été calculée par rapport à une base 2011 établie par le même prestataire à l’aide de la même méthode. Celle-ci n’a pas été publiée en détail mais semble avoir mélangé des ingrédients disparates, y compris peut-être l’âge du capitaine.

Un chiffrage qu'on dirait
établi au doigt mouillé (ici,
la main de Cambronne sur
le mur de Royal de Luxe)
En 2011, donc, l’oracle s’était exprimé : Nantes avait reçu 200.000 visiteurs extérieurs au cours de l’été. Comme on l’avait signalé ici, ce chiffrage n’était absolument pas crédible. Il avait néanmoins été présenté en grande pompe au Conseil des acteurs du tourisme.

Comment se fait-il alors que le bilan de l’été 2012 soit comparé à une fréquentation de 486.000 visiteurs extérieurs en 2011, et non plus 200.000 ?

Dans un communiqué publié cette semaine, le VAN donne l’explication entre les lignes. Début 2012, Nantes Métropole a fait le bilan de la taxe de séjour 2011, « apportant ainsi des éléments fiables et définitifs de connaissance de l’année 2011 ». Et comme ils ne cadraient pas avec l’étude du VAN (donc officiellement pas fiable), on a pratiqué « un redressement significatif des résultats de l’étude menée sur l’été 2011 ». Significatif, on peut le dire : le nombre total de visiteurs a été relevé de 143 % !

On notera qu’un plantage aussi radical pouvait être évité aisément : il aurait suffi de consulter le bilan de la taxe de séjour 2010. Mais Jean Blaise semble fâché avec les chiffres. Lui qui « se fout complètement » de ce que coûtent les œuvres d’Estuaire et qui mélangeait naguère les comptes d’Estuaire et du Lieu Unique (au point de courroucer la Chambre régionale des comptes), il n’est sûrement pas homme à s’inquiéter d’une erreur statistique. Il n'a donc changé ni de méthode ni de prestataire pour établir le bilan 2012. Les statistiques n'engagent que ceux qui y croient.

7 commentaires:


  1. Nantes Métropole 2 nov. 2011
    Le Mémorial : escale du Voyage à Nantes.
    Le Mémorial de l'Abolition de l'esclavage s'inscrira dans le Voyage à Nantes.
    Je voulais préciser,qu'ainsi on peut la fréquentation

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  2. Attention, danger, ils ont déjà prévu de reconduire le VAN pour 2013 avec un budget "correct"... !

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  3. Oh ! je leur fais confiance ! Si leur remède n'est pas efficace, ils auront tendance à doubler la dose plutôt qu'à en changer. Clysterium donare, Postea seignare, Ensuita purgare !

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  4. Que les chiffres de fréquentation soient douteux n'en doutons pas. Mais si l'aspect financier ne saurait être négligé, il n'en est pourtant pas forcément l'aspect essentiel. Nantes a peu d'atouts : hors banane bleue, excentrée donc des principaux axes de développement économique, sans patrimoine d'exception. Une 6ème ville de France qui tente de tenir son rang parmi des cités plus fortes. Dans cette compétition territoriale pour laquelle chacun fait comme le voisin en laissant croire qu'il se distingue, les traits discriminants laissent peu de marge de manoeuvre. Bordeaux n'a pas trouvé son opérateur culturel depuis la fin de la grande époque du CAPC; Montpellier Unlimited cherche à prendre le relais d'une époque plus rayonnante; Marseille ne sera pas la capitale européenne de la culture qu'elle devrait être; Lyon joue une carte plus intellectuelle; Lille 3000 est un succès que LVAN n'égale pas. Nantes est une ville qui affiche ses meilleurs scores dans les concours grâce à une communication efficace, mais est-ce suffisant? Non, certainement pas mais à Nantes tout se mesure au dossier de presse, le reste n'est qu'anecdotique. Les habitants et les électeurs semblent s'en satisfaire. La comptabilité et les statistiques n'éclairent pas l'ensemble des problématiques urbaines.

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  5. La com' fait venir des touristes. Le problème est qu'ils reviennent et qu'ils envoient leurs amis. Comme disait Marcel Bleustein-Blanchet, "la publicité pour un produit est de l'information, la publicité pour un mauvais produit est de la diffamation". Je crois que Le Voyage à Nantes n'était pas un bon produit car de nombreuses réalisations anecdotiques ne suffisent pas à faire un tout "communicable". Je crois que c'était à peu de choses près un coup pour rien -- donc beaucoup trop cher. Maintenant, Blaise et Rimbert ne sont pas idiots. Malgré les cocoricos de façade, ils savent sûrement qu'il faut trouver mieux. On dirait qu'il se dirigent pour l'avenir vers quelque chose autour de la nature, du maraîchage, de la gastronomie, du muscadet, et ça me paraît bien plus prometteur, même si c'est complètement réactionnaire ("la terre ne ment pas").

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  6. La tendance que vous évoquez doit certainement beaucoup à Nantes Capitale Verte. Le greenwashing est une opportunité qui convient parfaitement à l'économie maraichère locale et à ses clients bobos. Mais si l'ambition nantaise se situe du côté de la mâche et du muscadet, il va falloir déplacer les axes de com'. Nantes city break pour un tourisme urbain vert, il y a de la concurrence sur le créneau.

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  7. Oui, la capitale verte a pu contribuer à faire bouger les esprits. Mais il peut aussi y avoir une évolution propre à la culture bobo, qui s'est mise à découvrir la gastronomie depuis une dizaine d'années et y met un enthousiasme de néophyte (même si pour l'instant la com', la notion d'"endroit où il faut être" pèse encore lourd). Nos nouveaux messieurs Jourdain ne tarderont pas à faire de la couperose sans le savoir.

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