En temps de Halloween, la question s’impose : la malédiction a-t-elle cessé de poursuivre le musée Dobrée ? Il vient de rouvrir avec succès, ce qui ne garantit pas l’avenir. « Ann Dianaf a rog ac'hanoun » (l’inconnu me dévore), dit la devise tragique inscrite au fronton du manoir Dobrée.
Thomas Dobrée (1810-1895) a légué sa propriété et ses vastes
collections au département de Loire-Inférieure, qui les a acceptées, et avec elles
quelques conditions très raisonnables. Certaines d’entre elles ne sont plus
respectées. Le fantôme de Dobrée se vengerait-il ?
Le musée départemental Dobrée a subi ces dernières années
toute une série d’avanies. La plus spectaculaire date de 2018. Fermé depuis huit
ans, ce musée qui avait conservé son personnel et n’avait presque rien d’autre
à faire que de conserver ses collections s’est quand même fait voler le reliquaire
d’Anne de Bretagne ! Le trésor a été retrouvé avant d’être fondu, grâce à
la police et à la protection de sainte Anne, sans doute, mais pas du tout grâce
au musée.
Cet épisode spectaculaire a un peu occulté les déconvenues immobilières du département. Toute une série de projets de rénovation du musée ont été avancés depuis les années 1990. Quand un conseil départemental de gauche est élu en 2004, il met à la poubelle celui qui vient d’être mis au point par la droite. Après six ans de tergiversations, il retient un projet de Dominique Perrault, architecte à la mode encensé par Jean-Marc Ayrault. Un projet tellement parfait que le permis de construire, attaqué par Nantes Patrimoine, est annulé en 2012 à cause de plusieurs irrégularités. Il faudra encore douze ans pour inaugurer un musée rénové !
Au passage, le projet Perrault imposait la destruction du bâtiment
Voltaire construit par le département dans les années 1970. À cause de
malfaçons, il était jugé irrécupérable. Résultat : il est encore là. L’erreur
de diagnostic aurait pu coûter très cher ! Malgré l’économie réalisée, la
rénovation a quand même coûté deux fois plus cher que le département ne l’avait
prévu en 2010.
La valse des
conservateurs
Plusieurs conservateurs ont été pris tourmente. En 2010, le
département limoge le très respecté Jacques Santrot, conservateur du musée depuis
1985. Il lui faut plusieurs mois pour désigner un remplaçant… qui se défile au
dernier moment devant l’état du projet. Il faut encore plus de temps pour
trouver un remplaçant du remplaçant, qui ne reste que sept mois. On nomme alors une directrice par intérim, puis une autre, qui sera finalement titularisée.
Un musée tout beau, tout rénové, une
directrice stable… Dobrée serait-il sorti de sa séquence maudite ? Pas sûr
du tout. La chambre régionale des comptes a publié voici quelques jours un rapport
d’observations définitives (ROD) sur le département de Loire-Atlantique qui
dénonce « un cumul d’anomalies sur un lot du musée Dobrée ».
La routine, quoi.
Voir article complet sur Nantes Plus :
https://nantesplus.org/halloween/
Spécial Halloween : la
malédiction mystérieuse
du musée Dobrée
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