30 janvier 2012

Pour une petite institution, le Lieu Unique coûte cher

« Est-ce qu’à Nantes on a volontairement privilégié une forme de culture plutôt qu’une autre ? » : dans son numéro de février 2012 le magazine Bretons a posé à Jean-Marc Ayrault une question qui fâche. La réponse du maire de Nantes, plutôt alambiquée, conclut que tout est dans l’image. Nantes n’est peut-être pas si culturelle que ça, l’important c’est que les gens le croient…

« Le Lieu Unique par exemple, ça marche bien », affirme le maire, en dépit des critiques de la Chambre régionale des comptes. « La Fabrique maintenant, c’est dans la même perspective. Cela veut dire que le poids des grandes institutions […] est plus réduit. On n’a pas par exemple de Centre national dramatique. » En voilà une justification ! Les Centres nationaux dramatiques coûtent cher sans doute, mais ils sont subventionnés par l’État à plus de 50 %.

Jean-Marc Ayrault, c’est à noter au passage, ne considère pas le Lieu Unique comme une grande institution. Il coûte quand même près de 3 millions d’euros par an à la ville de Nantes. Soit bien plus que leurs Centres nationaux dramatiques ne coûtent à des villes comme Bordeaux ou Toulouse.

29 janvier 2012

Le Voyage à Nantes s’inscrit dans l’hyper-luxe

Voici quelques jours, Jeanne de Barros interrogeait Jean Blaise sur Prun’. « Le tourisme culturel, c’est la première économie mondiale, avant le pétrole et avant les bagnoles », a assuré le patron du Voyage à Nantes. « On est en train d’essayer de créer une nouvelle économie du tourisme culturel. »

La journaliste a saisi la balle au bond : « Pensez-vous réellement, Jean Blaise, qu’avec l’attrait touristique que vous espérez engendrer avec Le Voyage à Nantes, les retombées économiques attendues permettront de contrebalancer le coût de ce projet qui est estimé à plus de 2 millions d’euros ? »

« C’est beaucoup plus que 2 millions d’euros, d’abord », a corrigé Jean Blaise, « et les retombées seront sans doute [sic] supérieures ». Il a alors repris un objectif déjà cité : attirer 20 % de touristes en plus en juillet-août rapporterait à Nantes 10 millions d’euros.

Dépenser 2 millions d’euros pour gagner 10 millions d’euros de chiffre d’affaires serait déjà aberrant : c’est le genre de budget de marketing qu’on trouve dans l’horlogerie, la joaillerie ou la parfumerie de luxe. Mais comme dit Jean Blaise, « c’est beaucoup plus que 2 millions d’euros ». Quatre fois plus, même, a-t-il été indiqué au conseil municipal vendredi soir : 8 millions d’euros au total. Si l'objectif est atteint, chaque fois qu’un touriste venu pour Le Voyage à Nantes dépensera 10 euros au McDo de la place du Commerce, les contribuables en auront dépensé 8 pour le faire venir…

Pour la culture on ne compte pas ? Ah ! là, c’est Jean Blaise qui a commencé.

28 janvier 2012

Commissariat paria

Non, comme on l’a déjà dit ici, l’architecture du nouveau commissariat de police de Nantes n’est pas stalinienne. Les immeubles bâtis du temps de Staline tiennent le coup, malgré le rude climat russe et des décennies sans entretien. Notre commissariat flambant neuf révèle déjà des faiblesses. Il a fallu poser des barrières pour en écarter les piétons et sangler des éléments de sa façade.

27 janvier 2012

Bal des vampires à la cathédrale ?

20minutes.fr révèle aujourd’hui que Le Voyage à Nantes sollicite la participation du diocèse de Nantes à son événement promotionnel de cet été. La séparation de l’Église et du tourisme n’est pas pour demain. Mais la cathédrale est depuis toujours une halte obligée du visiteur de passage. Jean Blaise, nouveau marchand du Temple, en attendrait-il davantage ?

On dirait. À la cathédrale, les curieux pourraient « rentrer par les cryptes et ressortir par le tombeau de François II », écrit 20minutes, citant Mgr James. On imagine des foules de touristes hagards jaillissant à gros bouillons du tombeau entrouvert… C’est sûr, le côté transsylvanien de la chose attirerait du monde et du buzz.

19 janvier 2012

Histoire d’A

C’est une vieille histoire qui remonte à l’époque des accords de Yalta. Pour trancher quelque litige, Staline et Churchill s’affrontent lors d’une course à pied. « Le glorieux Staline est arrivé brillamment second », écrit la Pravda. « Le fantoche Churchill a fini avant-dernier. »

La blague peut encore servir. Sur son blog, Jacques Auxiette, ancien prof’ de math’, se mue en expert financier. Il souligne ardemment la dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s. « C’est bien la politique du gouvernement qui est en cause », tonne-t-il. Il se félicite au contraire de la bonne note attribuée par la même agence de notation à la région qu’il préside, « classée dans les toutes meilleures places des régions européennes ».

La grille de notation de Standard & Poor’s prévoit vingt-deux notes possibles. En haut de classement, les emprunteurs notés A s’étagent entre AAA, AA+, AA, AA-, A+, A et A-.

La France vient de perdre la notation AAA et n’est plus notée « que » AA+. La glorieuse région a obtenu la note… AA.

16 janvier 2012

Deux génitifs l’un sur l’autre

Faut-il dire « Mémorial à l’abolition de l’esclavage » ou « Mémorial de l’abolition de l’esclavage » ? Il n'existe pas de règle établie. Selon l’Académie française, un « mémorial » est un « monument commémoratif ». Si l'on dit « monument à » (monument aux morts…), on doit aussi bien pouvoir dire « mémorial à » ! Le mot vient d’ailleurs du latin memoriale, qui signifie « monument, souvenir ».

La vox populi, puisqu’on latinise, a tranché : une recherche avec Google donne 89.100 résultats pour « Mémorial à l’abolition de l’esclavage » contre 55.400 résultats pour « Mémorial de l’abolition de l’esclavage ». On sent bien à l’oreille que la seconde formule n’est pas heureuse. À en croire les frères de Goncourt, Flaubert s’est repenti toute sa vie « d’avoir accolé dans Madame Bovary deux génitifs l’un sur l’autre : ‘une couronne de fleurs d’oranger’ ».
Dans son CV, Krzysztof Wodiczko, concepteur du monument, évoque le « Memorial to the Abolition of Slavery » – qu’on traduira sans hésiter par « Mémorial à l’abolition de l’esclavage ».
Nantes Métropole a longtemps tergiversé, au point de glisser parfois les deux formules dans une même page, comme le montrent les extraits 1 et 2 reproduits ici. Mais finalement, elle a choisi l'enseigne du monument. La formule euphonique ou bien la formule moche ? Réponse ci-dessous.

12 janvier 2012

De Bello Gallicayrault

Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, évoquait hier les élections de 2012. « Si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre », a-t-il déclaré.

Le parti socialiste s’est senti visé. « La guerre est un mot trop grave, trop chargé de drames, pour que le premier responsable de la représentation nationale puisse le manipuler avec tant de légèreté et d’excès à seule fin de discréditer l’opposition républicaine », s’est indigné Jean-Marc Ayrault dans une lettre à M. Accoyer, reproduite sur son blog. Il réclame des excuses.

C’est vrai, le mot « guerre » ne doit pas être brandi à la légère. En ce cas, pourquoi donc le maire de Nantes n’a-t-il pas remis dans le droit chemin cet important responsable de son parti qui, le 26 octobre dernier, commençait un billet de son blog par la phrase suivante : « L’UMP a déclaré la guerre aux pauvres » ?

Pourquoi ? Parce que l’auteur de cette phrase, c’est lui !

10 janvier 2012

Fin de charte

La région des Pays de la Loire veut faire évoluer la charte graphique qu’elle utilise dans ses supports de communication. Elle recherche actuellement le prestataire idoine. Elle a prévu de payer ce travail entre 5.000 et 40.000 euros hors taxe.
Pour montrer son caractère proactif et économe, elle pourrait aussi bien renoncer à toute charte graphique, anticipant ainsi sur sa future disparition. Mais à titre transitoire, de nombreuses évolutions intermédiaires sont possibles.

09 janvier 2012

Feuilleton du Carrousel : Presse Océan ménage le suspense

Presse Océan publie ce matin le premier épisode d’un feuilleton qui doit en compter vingt, intitulé « L’incroyable saga des mondes marins ». Question incroyabilité, le feuilleton commence fort : dès sa première ligne, il annonce que le Carrousel des mondes marins mesurera « 26 mètres de haut ».

C’est un scoop ! Comme tout visiteur peut le constater, et comme on l’a dit ici, les différents panneaux visibles sur le chantier annoncent quatre hauteurs différentes, de 20,7 mètres à 25 mètres. Presse Océan le rehausse encore d'un mètre. Cela risque de poser problème puisque le permis de construire porte sur un bâtiment de 22 mètres de haut. Comment les promoteurs du manège s’en sortiront-ils ? La suite au prochain épisode, sans doute.

08 janvier 2012

Nantes is not the second city of the Web

Nantes est la seconde ville du Web en France ! assure Jean-Marc Ayrault, caractères gras et point d’exclamation compris, dans le message de vœux publié sur son blog. Il en dit trop ou pas assez : on aimerait savoir quel classement (nombre d’internautes ? nombre de sites ? trafic en ligne ? chiffre d'affaires ?) établi par quel organisme justifie cette affirmation. Mais rien, pas le moindre palmarès du moindre comité Théodule…

En nombre de résultats fournis par une recherche sur Google, « ville de Paris » arrive largement en tête des villes françaises*. Mais la ville de Nantes n’est pas seconde : elle est devancée par Lyon et Marseille, et ne précède Nice et Bordeaux que d’un cheveu. Avec Bing, les résultats sont du même ordre. Pas mal quand même.

Hélas, si l'on abandonne l'étroite perspective franco-française pour interroger le web anglophone, il en va autrement. Une recherche sur « city of Nantes », avec 661.000 résultats, place Nantes derrière Lyon, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Lille et Nice. Damned!
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* Une recherche sur « Paris » donnerait des résultats déformés par la Française des Jeux et autres sites de paris, tandis que les scores de Marseille, Bordeaux ou Strasbourg seraient gonflés par le savon, les vins et les saucisses...

06 janvier 2012

Gare de Nantes (1) : transition à petite vitesse

En présentant ses vœux sur son blog, Jean-Marc Ayrault évoque « notre manière de conduire notre transition vers la ville de demain » et insiste : « C’est toute l’importance du prolongement du TGV atlantique, du transfert de l’aéroport, de la liaison rapide ferroviaire entre Nantes Rennes, du projet de grande gare ferroviaire de Nantes, du CHU sur l’île de Nantes. »

« TGV Atlantique » désigne les rames en service sur la LGV Atlantique. À moins que le maire de Nantes ne veuille leur accrocher un wagon supplémentaire, comprenons qu'il songe plutôt au prolongement de la LGV Atlantique au-delà de Conneré.

Or ce prolongement a un nom : LGV Bretagne-Pays de la Loire. Bouclé depuis l’été dernier, le projet a fait l’objet d’une convention entre l’État, RFF et les collectivités locales et d’un partenariat public-privé avec Eiffage. Et ce « prolongement du TGV Atlantique » conduit à… Rennes, pas à Nantes. Seule la modeste « virgule de Sablé » prolongera un peu la ligne à grande vitesse vers Nantes. Le gain de temps sur le trajet Paris-Nantes est officiellement évalué à 8 minutes, contre 37 minutes pour Paris-Rennes. La « transition vers la ville de demain » est presque cinq fois moins rapide à Nantes qu’à Rennes !

03 janvier 2012

Le Voyageur sans bagage, ou presque

La stratégie du Voyage à Nantes devient de plus en plus illisible. Dans un entretien avec Guillaume Lecaplain et Karine Parquet publié sur le site Nantes Actu, Jean Blaise multiplie les considérations pas rassurantes.
  • « Pour ce qui est du budget, de toute façon, il n'a pas encore été voté de manière définitive. Cela se fera en février. »
  • « Notre objectif est d'augmenter la fréquentation touristique de 10 à 20% cet été. Si on atteint ce but, ce sera au minimum 10 millions d'euros de retombées économiques directes »
  • « Selon la réussite ou pas de l'évènement de cet été, on pourra reproduire certaines choses les années suivantes »
  • « C'est un pari que l'on fait en se disant que notre force artistique peut suffire à attirer du monde »
Le Voyage à Nantes commence le 15 juin. En ne fixant son budget qu’en février, Jean Blaise cherche peut-être à entretenir le suspense. Mais il donne surtout une fâcheuse impression d’amateurisme.

D’autant plus que l’objectif, lui, est déjà fixé. Or, on l’a dit, il est d’une modestie rare : 10 millions d’euros, c’est guère plus que l’épaisseur du trait (selon Loire-Atlantique Tourisme, les activités en contact direct avec les touristes génèrent 1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires par an dans le département). D’où la question : Quel budget la collectivité peut-elle raisonnablement investir dans une opération dont on n’attend que 10 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire pour l’économie locale ?

Vu les doutes exprimés par son promoteur lui-même sur le succès de la manifestation, on en vient presque à se demander s’il désire vraiment qu’elle ait lieu.

01 janvier 2012

Barbe-à-papa sur le site des Chantiers

La lente dégénérescence du site des Chantiers se poursuit. Le Voyage à Nantes recherche actuellement le futur tenancier d’une « activité de débit de boissons et petite restauration » exploitée en marge du Carrousel des mondes marins. Contrairement à l’Absence, la nouvelle cafétéria ne prétend même pas au statut artistique. Elle arborera une enseigne d'une banalité affligeante : Le Kiosque.

On prétendait au culturel. On va vers la fête à Neu-Neu.