26 juillet 2012

Le Mémorial prend des libertés avec les libertés publiques


Comme on le disait ici voici deux mois et demi, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage aurait dû avertir ses visiteurs qu’ils étaient filmés par les caméras d’un système de vidéoprotection. Le Voyage à Nantes a fini par admettre implicitement cette carence. Il a fait apposer une discrète pancarte en bas à gauche du grand escalier. On y lit en petits caractères : « Lieu ouvert au public placé sous vidéoprotection. (…) Pour tout renseignement merci de faire votre demande à l’adresse suivante : 1-3 rue Crucy 44000 Nantes ».

En réalité, le VAN a ainsi aggravé son cas. L'absence d'avertissement pouvait passer pour un oubli ou un retard. Mais l'avertissement enfin posé est résolument hors des clous*.

D'abord, il n’est pas conforme aux dispositions de l’arrêté préfectoral du 12 décembre 2011 qui a autorisé l’installation du système. Il aurait fallu indiquer : « Le droit d’accès aux images pourra s’exercer auprès du Directeur Général de la SPL ‘Le Voyage à Nantes’ sise 1-3 rue Crucy », etc. Jean Blaise n’avait probablement pas envie d’être embêté avec ça, mais remplacer « droit d’accès aux images » par « tout renseignement » s’appelle noyer le poisson.

Il y a plus grave. La loi dispose, et l’arrêté confirme, que les avertissements doivent être apposés à chaque point d’accès des sites vidéoprotégés. Déjà, l'unique pancarte ne suffit pas à avertir les visiteurs de la galerie, qui comporte trois entrées**. Or ce n’est pas seulement la galerie mais l’ensemble du site du Mémorial, intérieur et extérieur, qui est surveillé par des caméras. L’arrêté préfectoral l’indique expressément : « L’objet de ce système est le visionnage, la transmission, l’enregistrement et le traitement des images prises à l’intérieur du site du Mémorial ainsi qu’à l’extérieur ».

Mais où placer les avertissements sur un site largement ouvert ? La réponse n’est pas compliquée. Le Voyage à Nantes l’a même fournie d’avance. Il a été très capable d’expliquer l’objectif du Mémorial sur de grandes dalles posées à chacun des principaux points d’accès au site. L’emplacement des panneaux est donc tout trouvé. Il suffit de vouloir. Mais peut-être que pour le VAN toute com’ n’est pas bonne à prendre ?
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* L'objet très moral et politiquement correct du Mémorial ne signifie pas que l'établissement échappe au contrôle de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL). Celle-ci a contrôlé en 2011 des lieux aussi inoffensifs que Normale sup', la paroisse Notre-Dame de la Nativité de Bercy ou le Musée d'archéologie nationale. Et, s'agissant d'un lieu ouvert au public, n'importe qui peut saisir la CNIL.
** Plus l'entrée par l'ascenseur, où un second avertissement a été apposé.

2 commentaires:

  1. A noté que toutes les fameuses "grandes dalles" ont été retirées...Il faut dire que la plupart étaient cassées après au moins...4 mois de bons et loyaux services!
    Nouveau litige en perspective avec le fournisseur...

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  2. En effet, merci. On y reviendra demain.

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