Toute la presse locale a répercuté ces chiffres satisfaisants. Mais qui est allé relire le Bilan de l’événement estival 2013 publié l'an dernier par Le Voyage à Nantes lui-même ? Personne, dirait-on. Et pour cause ! Les sites web du Voyage à Nantes et de Nantes Tourisme ont été soigneusement expurgés : on n’y trouve plus trace de ce document. C’est plus prudent. Une année en 13, ça porte malheur.
Et surtout, ce bilan est devenu gênant. Il semble donc avoir subi le même sort que les opposants dans les encyclopédies soviétiques : il n'a jamais existé. Rappelons pourtant ce qui y était indiqué : « RÉSULTATS : À l’été 2013, 650 000 visiteurs extérieurs d’agrément ».
Mais comment afficher 7 % de visiteurs en plus cette année s'il y en a eu 110.000 en moins, 540.000 contre 650.000 ?
C'est simple. Redisons-le : les chiffres de 2013 étaient tout simplement bidonnés, comme ceux de 2012 d’ailleurs. Si l’on « rétropole » les 540.000 visiteurs de 2014 en tenant compte d’une hausse de 7 % d’une année sur l’autre, le nombre réel de visiteurs en 2013 n’a pas dépassé 505.000. Le résultat proclamé par Jean Blaise l’an dernier était gonflé de 29 % !
Et qu'on ne vienne pas invoquer l'accident de calcul : pour établir le bilan de son événement estival 2013, Le Voyage à Nantes s'est fait aider par une société nantaise bien connue, qui se présente comme spécialiste des sondages et des études de marché.
Et ce n’est pas tout. Le montant des dépenses des touristes était, lui aussi, archi-faux :
Dépense journalière
annoncée en 2013
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Dépense journalière
annoncée en 2014 |
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touristes en hébergement marchand
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55
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66
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touristes en hébergement non marchand
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35
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20
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excursionnistes
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42
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27
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Les dépenses étaient donc sous-estimées pour les touristes séjournant dans un hébergement payant mais largement surestimées pour tous les autres, bien plus nombreux. Résultat des courses, les retombées économiques directes annoncées l’an dernier atteignaient 52,3 millions d’euros. En 2014, cette année bien meilleure pourtant, elles ont chuté à… 43 millions d’euros.
Quatre visiteurs sur dix, on l'a vu, ne sont probablement pas des touristes, et sur les six restants beaucoup ne sont pas venus à cause de la promotion estivale du Voyage à Nantes mais à cause du château des ducs de Bretagne, de la cathédrale, des Machines de l'île, du musée Jules Verne, de La Loire à vélo, etc. Il est donc probable que la part réelle du Voyage à Nantes dans les retombées économiques du tourisme en juillet-août 2013 ne dépasse pas une quinzaine de millions à tout casser alors qu'il a coûté 8 millions d'euros : un rendement exécrable.
Et ce n’est encore pas tout : ces chiffres bidonnés ont été officialisés dans le Rapport annuel de Nantes Métropole, un document à valeur légale qu’il va falloir rectifier. Petite bizarrerie au passage : la version de ce rapport mise en ligne date du 11 juin 2014. À cette date, il est probable que l’AURAN avait déjà découvert les acrobaties du bilan 2013.
Et maintenant que ces acrobaties sont avérées, comment Nantes pourrait-elle continuer à confier sa politique touristique à la SPL Le Voyage à Nantes ? La délégation de service public vient justement à échéance à la fin de cette année. Le conseil de Nantes Métropole a adopté le 27 juin dernier le principe de son renouvellement en faveur du Voyage à Nantes, mais il l'a fait sur la foi d'un rapport reprenant des chiffres dont on sait à présent qu'ils étaient faux.
Ce qui soulève un lièvre supplémentaire. Nantes Métropole veut dispenser Le Voyage à Nantes de la mise en concurrence prévue par la loi. Pour légitimer cette exception, en vertu de l'article L1411-12 alinéa b du code général des collectivités locales, elle prétend qu'elle « exerce sur cette SPL un contrôle comparable à celui qu'elle exerce sur ses propres services ». Eh ! bien, ça n'est pas franchement rassurant quant aux services de Nantes Métropole.
Une DSP suppose une grande confiance en son partenaire, or le partenaire, ici, n'a pas seulement raconté des carabistouilles : il n'a pas montré une grande efficacité économique. Pas de quoi justifier en tout cas qu'on lui confie 17 ou 18 millions d'euros d'argent public par an.
(À suivre…)
D'abor dmerci pour cette contre-analyse qui éclaire les malversations oficielles (il n'y a pas d'autres mots pour qualifier ces maladroites manipulations comptables).
RépondreSupprimerLe rapport de la cour des comptes a montré de quelles largesses l'AURAN est capable envers ses anciens salariés. Une gestion de république bananière sous l'autorité d'élus qui se drapent dans leur dignité. Mais ce mot a-t-il encore un sens pour eux. On a du mal à le penser.
Alors, il ne faut pas s'étonner qu'une agence à la solde de la métropole manipule les données afin de satisfaire aux objectifs prédéfinis. G&A ne souhaitait probablement pas mettre à bas sa réputation en perpétuant les falsifications antérieures.
La presse locale fait toujours honneur à sa réputation. Détourner le regard et recopier les communiqués de presse constituent les fondements éthiques de la PQR.
Nantes a changé de maire, mais est-ce suffisant? Les équipes administratives toujours en place assurent la continuité et veillent à ce que rien ne change. Toutes les opérations métropolitaines doivent être des succès dont les équipes sont garantes. Avec des opérateurs fléchés : SPL Le Voyage à Nantes, Les Machines et Royal de Luxe, on laissera Brumachon dans la pénombre.
L'important c'est que les élus soient satisfaits de croire aux balivernes qu'ils racontent à des électeurs ravis de les croire. L'expression "la belle endormie" était à entendre dans le sens programme soporifique.
Merci Leblanchet. Comme je l'ai rappelé, l'AURAN était partie prenante des comptes précédents. Mais je ne désespère pas de l'humanité ! Je veux croire que, par quelque réflexe d'amour-propre et de professionnalisme, elle a enfin cherché à établir des comptes sincères. Quant à la PQR, hélas, je crois qu'elle est dans une seringue fatale. Comme elle n'a plus les moyens de faire son travail d'information, elle en est réduite à recopier des communiqués, en préférant sans doute ne pas trop se poser de questions. Après tout, les effectifs du service communication la seule métropole nantaise sont environ deux fois plus nombreux que la rédaction de Presse Océan. (Je note par ailleurs que la PQR ne critique jamais la police et presque jamais la justice, sans doute par crainte de se couper de sources d'information gratuites). Mais c'est un cercle vicieux, car à force de ne plus informer, la PQR perd chaque jour des lecteurs et dépend donc de plus en plus des communiqués officiels, tandis que les lecteurs vont chercher des voix plus libres sur le web...
RépondreSupprimerAvons-nous changé de maire dans la continuité ? Là encore, je suis peut-être trop optimiste, mais le fait que JR soit une apparatchik n'est pas forcément négatif : pour s'imposer, elle n'a pas eu besoin de se vautrer dans une culture de compromission. Et je vois quand même un signe encourageant dans le désir de l'AURAN de remettre les compteurs à zéro. Il me semble que le vrai test du cran de JR sera le sort de Jean Blaise.
le test du cran de JR serait donc le sort réservé à Jean Blaise'… on oublie un peu facilement ce que cet acteur culturel a apporté à la ville : les Allumées, comme Fin de siècle, avant l'ouverture du lieu unique, ce n'est pas tout à fait rien et même si, fort heureusement, l'art est sujet à polémique, il est (trop) facile de tirer à vue sur Jean Blaise : celui-ci est; comme d'autres de sa génération, en bout de course sur le plan professionnel… pour Nantes, il s'agit de la fin d'un cycle - pour Royal de Luxe comme pour le CCNN et/ou Jean Blaise - et c'est d'une relève artistique et créatrice dont Nantes a besoin… le défi de JR, ce n'est pas de se débarrasser de Jean Blaise, c'est de trouver une nouvelle génération d'acteurs culturels dont la ville a besoin…
RépondreSupprimerCe n'est pas seulement une affaire de "cran" mais une affaire de principes. Les déclarations de Jean Blaise ont toujours été sujettes à caution. Ses bilans au Lieu Unique avaient déjà été mis en question par la Chambre régionale des comptes. Cette fois, il est pris en flagrant délit de bidonnage. Jean Blaise est sans doute en fin de course, comme vous dites, mais une partie de sa course est suspecte de dopage !
RépondreSupprimerQu'est-ce que Jean Blaise a apporté à Nantes ? Les Allumées, j'en conviens, n'étaient "pas tout à fait rien", et même un peu plus que cela. Mais c'était il y a vingt ans ! Depuis lors, chaque fois qu'il est question de Jean Blaise, on ressort cet unique succès. Pétain aussi, en 1940, était toujours présenté comme "le vainqueur de Verdun" ! Fin de siècle a été une resucée plutôt ratée et pas très bien organisée, comme beaucoup des activités de Jean Blaise par la suite. Sans la faveur aveugle de Jean-Marc Ayrault, il serait redevenu depuis longtemps animateur de MJC.
Et pendant tout ce temps là, il a bloqué le terrain, empêchant l'émergence de personnalités d'envergure qui auraient pu servir de moteur culturel d'une ville qui ne demandait que cela. Il a imposé une culture "compradore" qui n'a jamais apporté de plus-value culturelle durable à la ville de Nantes. En tant que patron du tourisme nantais, il n'a fait qu'appliquer la seule technique qu'il maîtrisait : l'événementiel, qui est à reprendre à zéro à chaque fois alors qu'une politique touristique se bâtit dans la durée. Son "vrai" bilan, c'est pas mal d'argent gaspillé, mais plus encore beaucoup de temps perdu et de bonnes volontés découragées.
Vous avez raison : l'important est en réalité de trouver (ou de révéler) une nouvelle génération d'acteurs culturels, au pluriel cette fois. Mais cela suppose de tourner le dos au personnage et plus encore à son système et à ses épigones.
Il ne faut pas non plus exagérer l'importance des Allumées. Vous l'avez dit vous-même dans le passé : le concept des manifestations dans des lieux originaux était déjà bien connu ailleurs. A nous jeunes (à l'époque) Nantais, il ne nous a paru original que parce que nous ne connaissions pas grand chose du vaste monde. Reste le concept des villes invitées, mais il revenait à indexer l'intérêt du festival sur ces villes et non sur le génie nantais (hormis le fait que nous nous pensions géniaux). Cela a bien marché avec Le Caire ou Saint-Pétersbourg, pas du tout avec La Havane.
RépondreSupprimerPipeautage et zéphologie se répandent comme se répandait la vérole sur le bas clergé breton. Dame oui.
RépondreSupprimerA Nantes nous avons évité un musée comme celui des abattoirs de Toulouse avec ses "oeuvres" d'art contemporain, NAC NAC comme
http://lefenetrou.blogspot.fr/2014/12/maintenant-je-sais-pourquoi-il-faut.html
Je comprends qu'ils aient de nouveau repris contact avec RDL qu'ils nous avaient envoyé. Et je m'en suis réjoui.
Quant aux sous, les Chinois payent une partie de nos retraites. Au moins Nantes est reconnaissante en leur envoyant ses marionnettes.
Positivez !
Le Voyage revendique des retombées économiques supérieures à celles du Festival d'Avignon (30 millions d'Euros).
RépondreSupprimerLa blague !!! Les chiffres du VAN sont pipeautés ! Une honte !
Que fait la presse ?
Denis
Je suis fier
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