Le budget officiel du spectacle de La Machine à Pékin
s’élève à 5 millions d’euros. Ça ne paraît pas si cher, au fond. Outre sa
construction pour 2,8 millions d’euros, il a fallu transporter Long-Ma en Chine
par vol spécial en avion-cargo, 600.000 euros à lui tout seul, tandis que
l’araignée géante voyageait de son côté (aller-retour, ce voyage-là). Il a
aussi a fallu faire venir 80 personnes de France, les loger pendant des
semaines à Pékin, les rémunérer…
Si l’on voit bien où sont allés ces 5 millions, on voit
moins d’où ils viennent. Ce n’est pas le genre de somme qu’on trouve sous
les sabots d’un cheval-dragon. Alors, bien sûr, la question est
incontournable : qui paie ? Pas les spectateurs, pour qui le
spectacle était gratuit, même s’ils devaient réserver leur place (ce qui aurait
facilité leur fichage, s’il en avait pris la fantaisie au gouvernement chinois).
Selon
le ministère des Affaires étrangères, le projet a été « soutenu par
l’Institut français et réalisé sous l’égide de la municipalité de Pékin et de
l’ambassade de France en Chine ». À
en croire France-Chine 50, comité officiel du 50ème anniversaire
des relations diplomatiques franco-chinoises, « le cheval-dragon est un
cadeau de la France à la Chine » à l’occasion de ce cinquantenaire.
Le contribuable français aurait donc payé la facture de La
Machine ? Non point, jure Nantes
Métropole : « Long Ma est en effet un cadeau de la France à la Chine, financé par un mécène ». Ou plusieurs mécènes, selon
d’autres sources. L’envoyé
spécial de La Croix à Pékin est plus précis : le
cheval-dragon est une commande « passée par
l’ambassade de France pour être programmée dans le cadre des manifestations de
l’année de la Chine, célébrant le cinquantième anniversaire des relations
diplomatiques entre la France et l’Empire de Milieu. Plusieurs partenaires s’y
sont associés, dont l’Institut français, la ville de Pékin, et un mécène
chinois, le Groupe culturel Gehua ». Pas du tout, indique
Ouest-France, le cadeau de la France à la Chine est bien payé par un
mécène chinois, mais il s’agit du promoteur Adam Yu qui « couvrira 95%
des frais de l'opération » (ce qui laisse quand même 250.000 euros à
trouver).
A-t-on jamais vu le mécène d’un spectacle très médiatique
rester ainsi dans l’ombre ? D’autant plus qu’Adam Yu, s’il s’agit bien de
lui, n’est pas un poids plume : il a fait fortune dans l’immobilier en
Chine. Il y possède en particulier le centre de finance international
Winland. Un inconnu en France ? Peut-être pas. Le président de la
République a reçu voici quelques jours le Comité des mécènes qui financent les
manifestation du cinquantenaire des relations franco-chinoises. Oh !
l’Élysée ne s’est pas étendu là-dessus et ne mentionne même pas le nom du promoteur, mais l’une
des entreprises participantes a mis en ligne une photo de la cérémonie. À
la droite de François Hollande se tient Xi Jinping, président de la République populaire de Chine.
Et à sa gauche le promoteur Adam Yu, ainsi placé au plus haut niveau dans l’ordre protocolaire, sans que rien n’indique quel
rôle officiel lui vaut cet honneur.
Voici donc le troisième mystère du cheval-dragon : Qui a réellement
payé le spectacle et pourquoi ?
Le cadeau de la France a la Chine payé par un chinois? Quel cadeau!!!
RépondreSupprimerJ'aurai malheureusement tendance à croire qu'un cadeau de la France est payé par le contribuable français.
RépondreSupprimerN'importe quel mécène privé souhaiterait avoir son nom en clair pour se payer de retour.
J'aimerai me tromper !...
A suivre avec attention. La liste des investisseurs sur Nantes devrait prochainement compter parmi ses promoteurs une filiale du groupe d'Adam Yu. Les sociétés écrans rendont difficiles l'identification du groupe qui ne manquera pas de masquer son identité.
RépondreSupprimerSinon, pouquoi ce milliardaire avisait paierait-il le cadeau de la France?
La tradition chinoise est-elle de payer les cadeaux qui lui sont offerts?
Ne soyons pas naïfs, il est des personnes informées qui connaissent la réponse, cherchez du côté des politiques qui prônent haut et fort la transparence
Quand je vois Adam Yu au côté du président de la République, je me demande qui était premier ministre au moment où le cheval-dragon a été commandé. Et je me rappelle qu'à cette époque-là François Delarozière menaçait de partir s'installer à Toulouse.
RépondreSupprimerAllons plus loin : vous aurez lu dans un commentaire de lecteur sur un billet précédent que le coût "modeste" du cheval-dragon s'explique en partie par la réutilisation du mécanisme prévu pour le Minotaure toulousain de La Machine. Dont le prix était à peu près égal à celui du cheval-dragon et qui aurait dû être terminé cet automne. Cela ne prouve rien, mais ça donne à penser. Cf. http://lameformeduneville.blogspot.fr/2013/07/toulouse-sera-t-elle-plus-regardante.html