Pourquoi n’y a-t-il pas de maison close parmi les commerçants qui acceptent la SoNantes ? Parce que les clients y paient en
espèces alors que la SoNantes fonctionne avec une carte de
paiement du Crédit municipal de Nantes. Il y a des achats dont on préfère ne
pas informer son banquier…
Tant qu’on le peut, en tout cas. Car la cashless society,
la société sans espèces, nous attend au coin de la rue. Déjà, le décret du 24
juin 2015 divise carrément par trois le montant que chacun de nous peut régler
en espèces. Au lieu de 3.000 euros, ce sera 1.000 euros seulement à partir du 1er septembre. Le montant plafond baisse ainsi de 2.000 euros d’un coup : le
réduire encore de 1.000 euros ne devrait pas être trop difficile...
Interdire les paiements en espèce, c’est rendre impossible
la fraude fiscale, le travail au noir, la revente de marchandises volées ?
Vous voulez rire ! Pour qui vit dans l’illégalité, il est facile de payer
avec des monnaies étrangères ou des métaux précieux.
La disparition des pièces et des billets serait en revanche une bonne affaire pour l’État et les banquiers. Elle éviterait les paniques bancaires comme on vient d’en voir en Grèce. Elle rendrait possible, comme on l’a dit, l’application de taux d’intérêt négatifs. Et surtout, elle permettrait à l’État de contrôler toutes, absolument toutes les dépenses des citoyens : « la société sans cash est une étape de plus vers l'économie totalitaire », écrit Simone Wapler.
La disparition des pièces et des billets serait en revanche une bonne affaire pour l’État et les banquiers. Elle éviterait les paniques bancaires comme on vient d’en voir en Grèce. Elle rendrait possible, comme on l’a dit, l’application de taux d’intérêt négatifs. Et surtout, elle permettrait à l’État de contrôler toutes, absolument toutes les dépenses des citoyens : « la société sans cash est une étape de plus vers l'économie totalitaire », écrit Simone Wapler.
George Orwell n’y avait pas songé. Dans 1984, il
décrit un régime qui surveille ses citoyens en écoutant tout ce qu’ils disent.
C’est beaucoup de travail pour peu de résultat. Observer tout ce qu’ils
dépensent serait plus facile et plus fiable. Or les banques n’ont pas de secret
pour l’État. Elles sont déjà habituées à lui fournir des informations sur les
avoirs et les revenus de leurs clients. Pourquoi pas aussi des informations sur
leurs dépenses ? On y va, à petits pas. Ou même à grands pas. « Nous
nous opposons à l’instauration d’une société sans espèces qui institue un droit
de regard de l’État sur tous les achats et ventes que nous effectuons (heures
et lieux compris), ce que les dispositions de la ‘loi renseignement’,
actuellement examinée en Assemblée, permettront », déplore la pétition lancée par
les Publications Agora.
Alors bien sûr, le Crédit municipal de Nantes ne se soucie
probablement pas de savoir combien je
donne à la quête le dimanche, quels journaux j’achète ou si je bois trop de
muscadet. Mais il est probable que son expérience locale de cashless society
au petit pied sera observée attentivement à Bercy et au ministère de l’Intérieur.
Ça pourrait servir un jour.
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