En ce
201ème anniversaire de la bataille de Waterloo, on n’allait quand même
pas se priver du jeu de mots. Que coûterait la construction d’un nouvel
aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Finalement, on n’en sait rien. En 2008,
l’État a annoncé 561 millions d’euros, et les partisans du projet s’arc-boutent
sur ce montant. Dont tout le monde sait
bien qu’il est faux.
D’abord,
de quand date la dernière fois où l’on a vu un grand projet public respecter
ses budgets ? « Le projet ne
prévoit, bizarrement, aucun dépassement de budget », a
noté Contribuables associés à propos de
NDDL « Or, dans ce genre de gros
projets d’infrastructure, le prix initial est quasiment toujours sous-estimé,
et les dépassements de budget (à la charge des contribuables bien sûr)
atteignent facilement 30 à 35 %. » La mécanique de ces
dérapages est classique : au cours des travaux, on s’aperçoit qu’on avait « malheureusement »
oublié des choses indispensables, et qu’il faut modifier le projet. Et bien sûr,
c’est plus cher qu’au départ. Pas de chance… Le département en avait fait un aveu cocasse à propos du musée Dobrée il y a quatre ans.
Dans
le cas de Notre-Dame-des-Landes, le ressort de cette mécanique est déjà en
place : le projet établi par Vinci Airports est sous-dimensionné. L’État
ne pourrait que demander un agrandissement de l’aérogare et des parkings pour
les avions. Et le constructeur lui présenterait la facture.
La Commission nationale du débat public sait-elle compter ?
La Commission nationale du débat public sait-elle compter ?
« C’est Vinci qui paie », avancent certains partisans du
projet. L’exemple vient de haut : on se rappelle le célèbre « ça ne
coûte rien, c’est l’État qui paie » de François Hollande. Depuis 2008, il
est entendu que Vinci investirait 315 millions d’euros. Mais Vinci n’est pas un
philanthrope. S’il récupérait cette somme en dix ans sur une cinquantaine de
millions de passagers, cela signifierait qu’un billet d’avion augmenterait de 7
euros en moyenne, 14 pour un aller-retour. Tandis que l’État et les
collectivités locales, qui investiraient 246 millions d’euros, subventionneraient
chaque aller-retour d’environ 10 euros. Franchement, ça m’est égal que mon
voisin paie 14 euros de plus pour aller passer son week-end à Marrakech, mais
ça m’ennuierait de verser pour lui 10 euros.
D’autant
plus que la réalité des coûts serait en réalité bien supérieure, à cause de l'agrandissement de l'aéroport évoqué plus haut mais aussi des aménagements routiers et ferroviaires indispensables. Sans
parler des coûts entraînés par l’éventuel maintien d’un aérodrome à Nantes
Atlantique pour les besoins d’Airbus. Et des dispositions annexées
au contrat de concession entre l’État et Vinci, jamais publiées sous prétexte de secret des affaires. Une seule certitude : des
dépenses publiques géantes nous guettent dans l’obscurité du dossier. Inutile de
chercher un éclairage dans le rapport de la Commission nationale du débat
public (CNDP) : il s'en tient fidèlement aux 561 millions d'autrefois.
Répondre « oui » à la
consultation du 26 juin, ce serait un peu comme la reddition sans condition réclamée
par Wellington au soir de Waterloo : posez les armes et vous verrez bien
ce qui se passera après. On sait quelle réponse* lui fit notre concitoyen, le
général Cambronne.
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* Ce n'était pas « la ZAD meurt mais ne se rend pas ».
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* Ce n'était pas « la ZAD meurt mais ne se rend pas ».
Quand auront-ils fini de nous faire grouchier avec cet aéroport ?
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