22 décembre 2016

Arbre aux hérons : le fol optimisme de Nantes Métropole

Rappel des épisodes précédents : les financements de l’Arbre aux hérons sont tout aussi peu francs du collier que les chiffres des Machines de l’île. Mais ce n’est pas tout. Le dossier publié par Presse Océan le 9 décembre évoque aussi l’exploitation future de l’Arbre aux hérons, et ça n’est pas triste. Il confirme son objectif de fréquentation : 400.000 visiteurs. Ce qui permet d’établir le petit tableau ci-dessous :



Investissement
Fréquentation annuelle
(2015 pour les Machines existantes)
Soit montant de l’investissement nécessaire pour 1 visiteur/an
Éléphant et Galerie
5,2 millions d’euros
353.000
14,73
Carrousel
10 millions d’euros
260.000
38,46
Arbre aux hérons
35 millions d’euros
400.000
87,50

Il faut donc investir de plus en plus d’argent pour espérer faire venir un visiteur ! Le jeu en vaut-il quand même la chandelle ? « La métropole estime les retombées économiques de l’Arbre aux hérons à 30 millions d’euros et 400.000 visiteurs », assure Presse Océan.

On ne dit pas comment ce score de 400.000 visiteurs est obtenu. Mais il doit correspondre grosso modo au nombre actuel de visiteurs des Machines de l’île. Leurs 613.000 « visiteurs » de 2015 désignent en fait le nombre de billets vendus au total pour les trois attractions existantes – or certaines personnes en visitent plus d’une.

Visiteurs : on espère des nababs

On ne dit pas non plus comment les retombées sont calculées. Les 30 millions d'euros envisagés impliquent, par exemple, 300 euros de dépenses en moyenne pour une famille de quatre personnes, dont 34 euros pour les billets (au tarif actuel des Machines de l’île). Est-ce plausible ? Oui, pour une famille qui, attirée à Nantes par l’Arbre aux hérons, passerait une nuit à l’hôtel et dînerait au restaurant. Hôteliers et restaurateurs pourraient alors remercier les contribuables.

Mais ces 300 euros sont une moyenne. Ceux qui ne passeraient pas la nuit à l’hôtel et/ou se nourriraient de sandwichs contribueraient à l'abaisser. On sait que 42 % des visiteurs des Machines viennent aujourd’hui de Loire-Atlantique, avec des retombées économiques certainement très faibles. Et au moins 15 % viennent des départements limitrophes. Si les proportions étaient identiques pour l’Arbre aux hérons (or pourquoi seraient-elles très différentes ?) il faudrait que les visiteurs venus de plus loin mènent grand train pour parvenir à la dépense moyenne espérée !

Et bien entendu, il faudrait aussi que ces 400.000 visiteurs soient des visiteurs supplémentaires, qui ne seraient pas venus à Nantes, pour voir des amis par exemple, sans l’Arbre aux hérons. Sinon, leurs retombées ne pourraient être imputées que partiellement à celui-ci, voire pas du tout. Ce serait le cas en particulier s'ils visitaient aussi les Machines de l'île. Et si certains visiteurs préféraient aller voir l'Arbre au lieu des Machines ? Ah ! là, ce serait ennuyeux...

Grosses dépenses fixes, recettes incertaines

Tant qu’on y est, il faudrait aussi s’interroger sur le compte d'exploitation futur de l’Arbre aux hérons. Les Machines ont toujours été incapables de couvrir leurs frais. Ferait-il mieux ? Il y a intérêt ! Déjà, pour couvrir les remboursements de l’emprunt prévu par son plan de financement, il faudrait une marge d’au moins 3 euros par billet vendu – alors que les Machines perdent jusqu'à présent quelque 2 euros par billet vendu.

Est-ce jouable ? Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que le fonctionnement de l’Arbre aux hérons coûterait très cher. Il lui faudrait une billetterie propre et de nombreux « médiateurs » et techniciens pour sécuriser les visites : on n’embarque pas sans précaution sur les ailes d’un héron mécanique à 40 mètres d’altitude. Enfin, sa visibilité serait une cause de vulnérabilité : pour parer aux menaces d’attentats, il faudrait prévoir une petite armée de vigiles. Aux frais de qui ?

Il ne fait pas toujours beau au-dessus de Miséry
Côté recettes, cependant, l’exploitation serait perturbée par les intempéries. On peut visiter l’Éléphant, la Galerie ou le Carrousel par temps de pluie ou de grand vent. Mais les rafales ou les averses ne sont pas propices à un voyage à dos de héron. Charges fixes élevées, produits aléatoires : c’est la recette d’un désastre financier.

Tout ça, allez-vous me dire, ce sont de pures conjectures de ma part. C’est vrai. Tout autant que les espérances de Nantes Métropole. Mais moi, je ne propose pas de claquer 35 millions d’euros en croisant les doigts pour que ça marche.

10 commentaires:

  1. @Sven,

    Si un grand nombre de nantais réalisait comment nos élus nous mentent et se branlent avec notre argent, les clowns Oréfice et Delarozière auraient sûrement moins la cote.

    Si vous le souhaitez, je peux me charger de vos fils Twitter. Il ne faut absolument pas que cet arbre à pigeons voit le jour !

    Un mécène qui n'a plus un rond

    RépondreSupprimer
  2. Votre démonstration semble imparable, hélas...
    Ce qui est étonnant, c'est la propension de cette municipalité à faire des bêtises avec notre argent, bien sûr et une extrême bonne foi. Il suffit d'entendre madame le maire discourir : il est toujours question de faire les choses sérieusement.
    Par exemple, la vidéosurveillance : Ayrault n'en voulait pas, elle non plus sans oublier l'inénarrable Nicolas, l'élu chargé de la sécurité qui pratique la technique de l'édredon avec un zèle remarquable. Et bien, madame le maire a décidé de faire une étude avec les communes de l'anglo pour juger du bien-fondé de la chose comme si les émeutes du printemps dernier ne suffisaient pas à montrer qu'un peu de vidéosurveillance ne ferait pas de mal au centre-ville...

    RépondreSupprimer
  3. Pas de vidéo surveillance à Nantes, vraiment ?

    Essayez : @WatchingNantes

    Fil Twitter de sensibilisation à la vidéo-surveillance à Nantes

    Et je suis à la recherche d'un site qui reprend de manière exhaustive toutes les caméras et leur emplacement... Ad Taleur

    RépondreSupprimer
  4. @ Anonyme de 12:50 : merci pour la proposition. Je vais y songer, tout en me disant a priori que la rédaction des messages prend déjà du temps... et que je n'en ai guère.

    RépondreSupprimer
  5. @ Anonyme de 13:35 : "quand je veux enterrer un problème, je crée une commission". La méthode a toujours de l'avenir !

    RépondreSupprimer
  6. @ Anonyme de 15:18. Absolument ! Nantes Métropole n'hésite pas à recourir à la vidéosurveillance pour voir les embouteillages en direct, alors pourquoi ne pas s'en servir aussi pour protéger les Nantais ? Plusieurs dizaines de caméras sont gérées aujourd'hui -- voir http://infotrafic.nantesmetropole.fr/carto.html.
    Nous avons aussi une impressionnante concentration de caméras au Mémorial de l'abolition de l'esclavage. J'en ai parlé à diverses reprises :
    http://lameformeduneville.blogspot.fr/2013/06/en-juillet-dernier-onla-relate-ici-le.html
    http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/05/lendroit-le-plus-flique-de-nantes-1.html
    http://lameformeduneville.blogspot.fr/2012/05/lendroit-le-plus-flique-de-nantes-2-pas.html
    Là aussi, le béton est mieux protégé que les Nantais ! Il me semble qu'il y a aussi des caméras au château.

    RépondreSupprimer
  7. Essayez ce site, les surfaces balayées ou l'orientation des caméras sont même précisées. Ne pas oublier de zoomer le plan de Nantes , c'est encore plus effrayant.


    https://nantes.sous-surveillance.net/

    RépondreSupprimer
  8. Merci, je ne connaissais pas ce site intéressant. Il est étrange de voir que les deux endroits les plus dangereux de Nantes la nuit sont l'un truffé de caméras (le Hangar à bananes), l'autre dépourvu de caméra (le Bouffay).

    RépondreSupprimer
  9. Certains pro-télésurveillants arguerons qu'il n'y en a pas de dispositif en place Viarmes où le jeune agent immobilier a été agressé il y a quelques mois...

    RépondreSupprimer
  10. C'est fou ce que le fol optimisme des uns peut rendre pessimiste les autres, raisonnablement pessimistes...

    RépondreSupprimer