26 décembre 2016

Médusant, le musée d’arts : (4) hommage nantais au parallélépipédisme

Le projet d’un nouveau musée d’arts avait été voté dans l’enthousiasme en 2009, y compris par l’opposition. Il fallait relancer le musée des beaux-arts, pas assez fréquenté. Peut-être était-ce une question de personnes, peut-être fallait-il surtout un conservateur imaginatif et dynamique, capable de créer et de promouvoir des concepts forts. Mais il est vrai que les Henri-Claude Cousseau ne courent pas les rues. Et qu'une municipalité raisonne plus volontiers en termes de budget et de béton.

De plus, Jossic voulait dépasser Josso*. Il expliquait ainsi le projet : « nous construisons du côté de la rue Léon Gambetta un bâtiment contemporain, en faisant appel à un architecte de renommée. Il est souhaitable, s’agissant d’exposer principalement les œuvres de la collection contemporaine, que l’écrin lui-même soit un bâtiment de grande valeur architecturale contemporaine. »

L’architecte choisi, Patrick Richard, directeur d’un cabinet britannique, coche sûrement la case « architecte de renommée ». Mais il pousse un peu le bouchon quand il affirme : « c’est un projet très nantais, avec une architecture que nous n’aurions pas faite ailleurs ». Quelle est donc cette architecture si particulière ? Elle est résumée dans le nom par lequel les instances officielles désignent en général ce nouveau bâtiment : « le Cube ».

Un cube. Une forme originale, très nantaise, « de grande valeur architecturale contemporaine » et infaisable ailleurs. Enfin, presque. De la Kaaba de La Mecque (17e s.) au Cube de Birmingham (2010) en passant par la Grande Arche de La Défense (1989) ou l’Atlas de Wageningue (2007), les constructions cuboïdes remarquables ne se comptent jamais que par centaines.

Le cube est en outre polyvalent. Il ne dénote pas seulement une singularité architecturale nantaise mais aussi une continuité de l'espace et du temps. « Nous avons conçu la nouvelle extension comme un trait d’union entre le XVIIe, le XVIIIe siècle, le palais, et l’extension, la chapelle de l’Oratoire », explique Patrick Richard. « Cela s’est fait à travers les matériaux et un peu par la forme monolithique du cube. » L’avantage du cube, en somme, c’est qu’on peut lui faire dire tout et n'importe quoi dès qu’on prétend lui donner une signification.

Et c’est contagieux. L’originalité du cube s’étend à son matériau : le marbre blond de sa façade serait un « clin d’œil au tuffeau nantais et au granit »si l’on en croit Le Voyage à Nantes, multirécidiviste de la formule inutile. Ce clin d’œil marmoréen épatera sûrement les minéralogistes. À moins que ce soit un pied-de-nez ? Ou un doigt dans l’œil ?

Cependant, il y a peut-être une logique dans ces élucubrations. Le nouveau bâtiment étant destiné à « exposer principalement les œuvres de la collection contemporaine », quelque chose me dit que l’intérieur vaudra l’extérieur : il permettra des commentaires extravagants.
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* Clément Marie Josso (1853-1928), architecte du musée des beaux-arts de Nantes. Un génie très en avance sur son temps si l’on en croit Nantes Métropole, qui affirme : « Le musée des Beaux-Arts est une vieille dame doublement centenaire. Construit en 1801, le monument n’avait pas connu d’opération profonde de restauration depuis sa fondation ». Bah ! on n’en est pas à un siècle près…

7 commentaires:

  1. Rassurez-vous la collection d'art contemporain du musée d'arts est de qualité
    et pour l'oeuvre contemporaine commandée et exposée dans la chapelle à l'occasion de la réouverture nous verrons bien mais l'artiste est intéressante.
    Amitiés
    alain

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  2. Monsieur Sven Jelure,

    Nous comptons sur vous, vos comptes et vos sources afin de connaître le prix de la prochaine escapade de Jean Blaise et ses salariés en République Populaire de Chine ! (J.B Invité ce soir RFLO)

    Tout y est passé : les 10 ans des Machines, le coût (annuel ?) 3 millions d'euros du voyage à Nantes, 600 000 et quelques touristes satisfaits en 2016, la star 2017 le musée des Arts...

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  3. Ah ! Le cube, l'architecture « noble et élégante » si chère à nos édiles Nantais. Les cubes, c'est l'ordre et la discipline parmi le chaos de notre récit collectif, c'est la géométrie pure dénuée de toute poésie. Le cube est une architecture sans saveur, sans aucune origine géographique précise. En réalité, pour ne déranger personne, ils ne possèdent aucune touche culturelle. Un même cube peut ainsi être construit dans le monde entier, il ne choquera pas une culture ou une religion. C’est une architecture anonyme. Anonyme et bien triste.

    Saviez-vous que Bouygues Immobilier en construira bientôt deux autres sur l'Île de Nantes, en face du Mémorial de l'abolition de l'esclavage ? Le premier, tout de noir vêtu a été baptisé "Ébène" et le second, immaculé, "Ivoire"...

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    1. @Kler Roger

      Selon la représentation proposée par Bouygues, l'Ébène rue Léon Bureau : ni cube, ni façades borgnes et lisses !?

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  4. L'on peut, d'ores et déjà, saluer la volonté de symétrie avec le Dy10. En revanche n'ai pas réussi à glaner une planche commerciale de l'Ivoire rue Sourdéac, si vous avez un lien image, bienvenue...

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  5. @Anonyme...

    Certes ces constructions modernes ne sont pas de vrais « cubes », mais leur structure architecturale demeure un assemblage cubique de monolithes noirs et blancs. Façades carrées, silhouettes quadrangulaires, arrêtes saillantes, ouvertures froides comme des cellules de prison. En harmonie parfaite avec le Palais de Justice situé à deux pas. Si vous voulez des images, celles-ci sont visibles sur un grand panneau situé à gauche du bunker, sur l'Île de Nantes.

    Ce que je reproche à l'architecture de cette partie de la ville, c'est son manque cruelle de poésie et d'originalité, à une époque où les matériaux de construction permettent pourtant des compositions originales et un tant soit peu créatives. Quid de la ville en harmonie avec l'humain qui y vit ?

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  6. L'"aménagement" de l'ile de Nantes, bien que réalisé par des acteurs privés, souffre lui aussi de déficits chroniques si l'on en croit le compte rendu du dernier conseil métropolitain. Tout ça pour ce résultat.

    "Opération d'aménagement Ile de Nantes

    Par délibération du 15 décembre 2015, le Conseil Métropolitain a approuvé l'avenant de résiliation de la Convention Publique d'Aménagement (CPA) conclue entre Nantes Métropole et la Société d'Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique (SAMOA) le 31 octobre 2003, et a approuvé le nouveau traité de Concession d'Aménagement confié à la SAMOA. Conformément à l'avenant de résiliation, la SAMOA a communiqué dans un délai de 9 mois à Nantes Métropole l'arrêté définitif des comptes pour la période du 31 août 2015 au 31 décembre 2015. Ces comptes ont été attestés par les commissaires aux comptes.

    Arrêté des comptes et bilan définitifs de clôture de la Convention Publique d'Aménagement (CPA)

    Le bilan de clôture définitif joint en annexe n°1 intègre le décompte définitif des dépenses et des recettes réalisées au titre de la CPA depuis son approbation le 31/10/2003 jusqu’à sa résiliation au 31/12/2015.
    Le montant définitif des dépenses HT imputées s’élève à 229 418 681.41€.
    Le montant définitif des recettes HT imputées s’élève à 201 262 852.73€.
    Le solde comptable du bilan de clôture est un excédent de charges de 28 155 828.68€.
    Le résultat au 31/12/2015 est déficitaire de 24 237 107.82€ TTC, ce déficit est couvert par un emprunt de 33 383 797.60€ repris dans le nouveau traité de concession d'aménagement.

    L’ensemble des engagements en cours est repris par le Traité de Concession d'Aménagement confié à la SAMOA pour la poursuite de l’opération. Ainsi, après retrait des dépenses et recettes correspondants aux remises d’ouvrages effectuées pendant la durée de la CPA, ce bilan de clôture définitif va constituer le bilan d'ouverture actualisé de la nouvelle concession d'aménagement.

    Bilan d'ouverture actualisé du traité de Concession d'aménagement
    Les données du bilan d’ouverture actualisé joint en annexe n°1 sont les suivantes :
    Le montant définitif des dépenses HT imputées s'élève à 150 186 054.97€ après déduction de 79 232 626.44€ de remise d'ouvrages.
    Le montant définitif des recettes HT imputées s’élève à 122 030 226.29€ après déduction de 79 232626.44€ de remise d'ouvrages.
    Le solde comptable HT du bilan de clôture est un excédent de charges de 28 155 828.68€.

    Le résultat TTC d'ouverture au 01/01/2016 est déficitaire de 23 939 983.70€ après déduction de 297 124,12€ de remise d'ouvrages."

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