La chambre régionale des comptes des Pays de la Loire n’a
pas tout vu. La section 6.2.2. de son
rapport d’observations définitives sur la SPL Le Voyage à Nantes,
c’est-à-dire le passage consacré à la construction du Carrousel des mondes
marins, omet un détail important.
Certes, la chambre a relevé dans cette opération ce qu’elle appelle, dans son langage toujours mesuré, « de
nombreuses insuffisances » : absence de publication d’avis
d’attribution de marchés, absence de suivi des marchés, rétroactivité illégale
d’un contrat administratif, absence de définition préalable des besoins pour
les contrats passés avec La Machine et même absence de contrat écrit dans
certains cas, versement irrégulier de droits d’auteur, etc. Au total, 21 types d’irrégularités différentes. Un vrai cas d’école !
Une foultitude de griefs, donc, et un unique sujet de
satisfaction : le respect du budget, ou presque puisque « le bilan
global de cette opération, toutes prestations confondues, représente un montant
de 10 096 689 € HT70 (11 927 328 € TTC), pour un budget prévisionnel de 9 924
329 € et un budget initial voté de 10 000 313 €. »
Jean Blaise, directeur général de la SPL Le Voyage à Nantes
n’allait pas manquer ça. Dans sa réponse ampoulée à la chambre
régionale des comptes (« je nous félicite mutuellement de ce travail
riche et fructueux »), il écrit : « la DSP [délégation
de service public] fixait une enveloppe budgétaire qui a été tenue à
1 %, et une date prévisionnelle d’ouverture, qui a été anticipée de 2
mois. »
En réalité, l’histoire du Carrousel commence bien avant la
DSP entrée en vigueur le 1er janvier 2011. Que la chambre régionale
des comptes ne soit pas remontée au-delà, cela peut se comprendre : son
contrôle ne portait que sur les années 2011 et suivantes. De la part de Jean
Blaise, c’est plus contestable.
Le début de l'histoire remonte précisément au 26
octobre 2007, date à laquelle le
conseil de Nantes Métropole a voté la construction du Carrousel des mondes
marins pour un coût de 6,4 millions d’euros. L’attraction devait ouvrir au
début de l’été 2009. Le chantier a pris du retard à cause d’une
exigence de la préfecture : pas question de construire le Carrousel sans
appels d’offres. (Dommage ! le rapport de la chambre régionale des
comptes n’en aurait été que plus gratiné !)
Si l’on se réfère à la DSP de 2011, donc, le projet est dans les clous. Mais la DSP elle-même a entériné un dérapage budgétaire colossal de plus de 56 % (10 millions au lieu de 6,4), sans parler d’un dérapage chronologique de deux années par rapport à la décision initiale.
« Les échanges avec la SPL ont clairement permis
d’établir que le contrat donnait une liberté d’action entre les
co-contractants, tant que l’enveloppe budgétaire était respectée »,
écrit la chambre régionale des comptes à propos des rapports entre Le Voyage à
Nantes et l’association La Machine. De toute évidence, il est plus facile de
respecter une enveloppe budgétaire quand on a eu à mi-parcours l’occasion de l’élargir
au montant de dépenses qu’on comptait atteindre.
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