De l’eau a passé sous les ponts depuis l’époque où le président de la région des Pays de la Loire cherchait un professionnel du lobbying pour assurer la propagande du projet de Notre-Dame-des-Landes aux
frais des contribuables. Il est clair que, de manière plus discrète, des
professionnels de la communication sont entrés dans la boucle par la suite.
Depuis quelques mois, il semble qu’ait été recruté un
spécialiste de la communication événementielle. Celle-ci vise à organiser des
événements plus ou moins spectaculaires qui produiront des retombées presse et
des images reprises par les réseaux sociaux. On a ainsi vu un
empilement de cartons de déménagement devant la préfecture ou un simulacre
de crash aérien devant la cathédrale.
Ces opérations ont rempli leur objectif tactique :
elles ont fait causer. Sur le plan stratégique, c’est autre chose : elles
ont montré
la faible capacité de mobilisation des partisans de l’aéroport, rassemblant
au maximum deux cents ou trois cents personnes. Ce que le gouvernement, qui devrait
prendre sa décision dans la deuxième quinzaine de décembre, n’aura pas manqué
de noter.
Sur le plan éthique enfin, le dernier en date de ces
événements pose problème. Les professionnels de la communication aiment à dire
que leur métier, c’est « la vérité bien dite ». Mais samedi
dernier, l’événement pro-NDDL a consisté à « rebaptiser » la place
Royale en « place du référendum du 26 juin 2016 ». Là, on sort
carrément de la vérité pour entrer dans l’univers des fake news.
Un marqueur d’ignorance juridique
Le mot « référendum » est souvent utilisé
sur les réseaux sociaux à propos du scrutin du 26 juin 2016. C’est en général
un marqueur d’ignorance juridique. Ce scrutin était en effet une « consultation
locale » et pas du tout un référendum. Un référendum est une procédure
décisionnaire. Une consultation est juste… consultative. La première phrase de l’ordonnance
du 21 avril 2016, qui a créé la consultation locale, est tout à fait
explicite : « L'État peut consulter les électeurs d'une aire
territoriale déterminée afin de recueillir leur avis… ».
Consultation : c'était écrit dessus |
Recueillir leur avis : on ne saurait mieux dire que le
vote était une indication, pas une décision, celle-ci restant de la compétence
de l’État, comme tout ce qui concerne le transport aérien. Bien entendu, cela
invalide toutes les proclamations sur le thème « le peuple de Loire-Atlantique a décidé que
l’aéroport devait être construit ». Le peuple n’a rien décidé du tout,
il a juste donné son avis, la décision n’appartenant qu’au gouvernement qui l’avait
interrogé. Lequel gouvernement a implicitement décidé de ne pas suivre cet avis
puisqu’il n’a rien fait.
Peut-être l’internaute de base ne fait-il pas bien la
distinction entre référendum et consultation. En revanche, on ne soupçonnera
pas les dirigeants des associations pro-aéroport d’ignorer la loi, dont par
ailleurs ils se réclament sans cesse. C’est donc délibérément qu’ils ont falsifié
la vérité en communiquant sur le thème du « référendum du 26 juin 2016 »
au lieu de la « consultation du 26 juin 2016 ». Tout en
rendant compte de leur événement, Ouest France les a assez sèchement
recadrés : « Rappelons
que c’était une consultation pour avis ».
Cet épisode est peut-être mineur. Mais il oblige à se poser cette
question : Si les partisans du projet ne reculent pas devant une
falsification aussi patente, se pourrait-il que leurs arguments soient
mensongers aussi sur d’autres points ?
Et si le non l'avait emporté en 2016, on aurait parlé de simple consultation et non de référendum ?
RépondreSupprimerAvec des "si", on mettrait Paris en bouteille ! Comme tout le monde, j'ignore ce qu'auraient dit les adversaires de la construction de l'aéroport si le "non" l'avait emporté. Mais en tout état de cause, légitimer le mensonge bien réel des uns par un mensonge hypothétique des autres serait une démarche plutôt tordue.
RépondreSupprimerEt si il y avait eu consultation en 2012 ?
RépondreSupprimerGreat read, thanks for writing this
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