08 décembre 2009

Identité municipale (3) La ville dont le prince est un éléphant

« Le gros con, le grand con et le petit con », disait Charles Pasqua d’un trio de politiciens. Non, il ne désignait pas Jacques Auxiette, Jean-Marc Ayrault et Patrick Mareschal *. La troïka des sommités nantaises n’inspire pas Charles Pasqua, ni personne d’autre d’ailleurs. Ce n’est pas bon signe, pour un homme politique, d’être ignoré des polémistes, humoristes et autres caricaturistes.

Quand on les considère, on se désole, quand on les compare, on se console (presque). Ainsi, Jean-Marc Ayrault ne dépare pas la litanie des maires de Nantes depuis un siècle. L’une des constantes de l’identité municipale nantaise pourrait bien être la couleur muraille des dirigeants locaux. Seul André Morice, ministre important dans une bonne dizaine de gouvernements de la IVème république et maire de 1965 à 1977, sort un peu du lot. C'est sans doute pourquoi il est à peu près le seul à ne pas avoir une rue notable à son nom**. Ceux qui occupent les plus belles cases du Monopoly local ont moins de titres à faire valoir.

Gabriel Guist’hau était un homme pressé ; maire pendant deux ans (1908-1910), il a aussi été cinq mois sous-secrétaire d’État à la marine, un an ministre de l’instruction publique, deux mois ministre du commerce et de l’industrie et un an ministre de la marine. Ce n’est pas si mal si l'on songe qu'en vingt ans de mandat le maire actuel n’a jamais accédé au moindre sous-maroquin (il s'est autoproclamé chef d'un "gouvernement fantôme" en juin 2007, mais même ce spectre s'est vite évaporé). Gaston Veil est resté moins d’un an à l’hôtel de Rosmadec, Adolphe Moitié à peine deux ans, Gaëtan Rondeau un an et demi, Clovis Constant neuf mois. Inutile de dire qu’ils n’ont pas eu le temps de doter Nantes d’un grand dessein municipal. Comment le leur reprocher, quand vingt ans ne permettent pas toujours de faire mieux ?

* Charles Pasqua visait ses collègues Philippe Séguin, Michel Noir et Alain Carignon.
** Certes, l'une des voies les plus longues et les plus fréquentées de Nantes porte son nom : la voie sur berge. Mais comme personne n'y habite, on l'ignore généralement. Il est ainsi victime du stratagème qu'il avait lui-même employé en donnant le nom du général de Gaulle à un boulevard sans habitants.

Identité municipale (2) La ville qui préfère l'industrie à l'administration

Nantes a connu trois grandes périodes de prospérité : au 15ème siècle, au 18ème siècle et vers la fin du 19ème siècle. Aucune des trois n'est due à l'administration publique. Même dans le premier cas, c’est parce que la ville était déjà prospère que François II y a installé sa capitale, de préférence à Vannes. Au 18ème siècle, Nantes n’occupait qu’un rôle secondaire dans l’administration royale. Au 19ème siècle, elle n’était plus qu’un chef-lieu de département.

Aujourd’hui, Nantes est capitale régionale et les administrations de toutes sortes y occupent le haut du pavé. Ne devrait-elle pas, a fortiori, retrouver son lustre d’antan ? Ce n'est pas ce qui se passe. On comprend bien pourquoi. La ville du passé a brillé grâce à ses négociants, à ses entrepreneurs, à ses ouvriers, à ses marins, à ses artistes – jamais grâce à ses fonctionnaires. Devenus dominants, ces derniers ne jouent pas le même rôle moteur : l’administration administre, elle n’est pas douée pour créer.

Quelque chose de cette dualité entre la Nantes industrieuse et la Nantes administrative demeure dans l’enseignement supérieur. En près d’un demi-siècle, les facultés de lettres et de droit de Nantes n’ont pas réussi à se hisser aux premiers rangs. Bien plus prestigieuses sont ses écoles d’ingénieurs, de commerce ou de médecine.


Dans la réflexion sur l’identité municipale de Nantes, une question vaut donc d’être posée : Nantes gagne-t-elle vraiment quelque chose à occuper un rôle administratif majeur ? Celui-ci ne la détourne-t-il pas des occupations dans lesquelles elle excelle ?

Un raisonnement tout différent pourrait s’appliquer à Rennes : le génie de celle-ci s’accorde mieux avec celui des fonctionnaires et des universitaires. Aussi, dans la perspective d’une réunification de la Bretagne, le choix de la capitale de région serait tout indiqué. Loin d’être un désastre, perdre l’administration régionale pourrait être une grande chance pour la Nantes du 21ème siècle.


Identité municipale (1) La ville qui s'attache un boulet à la cheville

"Ces gens sont fous", disait Alphonse Allais en revenant de Londres. "Chez nous, les rues portent des noms de victoire : Wagram, Austerlitz... Là-bas, ils n'ont choisi que des noms de défaites, comme Trafalgar Square ou Waterloo Station." Vous pouvez bien rire ! Quand Nantes se pique de construire un nouveau monument, c'est un mémorial de l'esclavage !


Une fois construit, ce monument sera nécessairement cité dans les guides touristiques, sur le site web de la ville, etc. Il deviendra un élément de l'image que Nantes souhaite donner d'elle-même. A quoi bon entretenir un Office de tourisme si l'on s'acharne à montrer la ville sous son plus mauvais jour ?


Pour un petit clan, le volet "esclavage" du commerce triangulaire est LE fait majeur de deux millénaires d'histoire nantaise, celui qui doit être mis constamment en exergue. Quelques-uns en ont fait un fonds de commerce. On comprend leur logique, l'esclavage rapporte encore à certains quand c'est Nantes qui est esclave de son passé. Mais les autres ? Sans doute ne sont-ils pas très bien dans leur tête, car chez les gens normalement constitués, les souvenirs peu glorieux sont rangés au fond de la mémoire. Ce sont souvent les obsédés sexuels qui parlent le plus de vertu.


Qui est Nantes ? Est-il légitime, est-il sain, est-il responsable de répondre d'abord et avant tout : "Une ville négrière" ? Pour clarifier la question, un débat sur l'identité municipale est au moins aussi nécessaire que le débat sur l'identité nationale.

01 décembre 2009

Estuaire : Lulu sceptique

Dans son n° 66, La Lettre à Lulu, elle aussi, s'est penchée avec stupeur sur le bilan officiel de la biennale Estuaire. "Estuaire, esbrouffe de fréquentation", dénonce-t-elle. Derrière la précision apparente du chiffre global, 723 239 visiteurs, on trouve beaucoup de flou et même de flan. "Pour compter, on a bien compté 60 000 personnes (pas une de plus) pour les anneaux de Buren, alors qu'ils n'ont peut-être fait qu'aller boire une bière dans le lieu branchouille du moment", note ainsi l'irrégulomadaire satirique nantais. Entre autres bizarreries, Estuaire s'est aussi approprié d'autorité les deux tiers des visiteurs des Machines de l'île.

Un seul chiffre pourrait être fiable, assure La Lettre à Lulu : celui de la billetterie de l'Abbaye de Fontevraud. Or il est "trop rond pour être honnête" : 60 000 visiteurs. Ajoutons qu'il est aussi trop gros pour être crédible puisqu'il représente un bon tiers de la fréquentation annuelle de Fontevraud. C'est-à-dire que tous les visiteurs ont probablement été portés au crédit de la biennale pendant la durée de celle-ci, alors que la plupart d'entre eux ne venaient sans doute que pour l'Abbaye et rien d'autre.

25 novembre 2009

Les Machines grincent dangereusement

Les propos pessimistes naguère tenus dans ce blog sur la santé des Machines de l’île étaient mal fondés : les Machines vont « mieux que bien », comme disait jadis Jean-Marie Messier de Vivendi. Du moins si l’on en croit le rapport des représentants de la ville de Nantes au conseil d’administration de ses sociétés d’économie mixte (SEM), annexé à son rapport annuel 2008 (www.nantes.fr/ext/rapports_annuels/rapan_2008/pdf/rapport_sems_2008_web.pdf). « La très bonne fréquentation du deuxième semestre 2007, période d’ouverture, s’est poursuivie en 2008 », y lit-on à propos des Machines. « (…) L’originalité de la proposition, le mélange entre exposition et spectacle vivant, la simplicité et l’efficacité de la scénographie, le concept de sculpture urbaine en mouvement fonctionnent totalement. (…) Le concept unique de bar boutique fonctionne à plein. (…) Le visitorat est là, au-delà même des prévisions de la DSP (200 000 visiteurs attendus par an), au-delà aussi des attentes initiales de Nantes Métropole (entre 160 000 et 180 000 visiteurs). »

Bref, rien à changer. Enfin, presque rien : « les horaires d’ouverture (…) se sont révélés totalement adaptés et ont été légèrement augmentés » : mieux que bien, vous dit-on, et même plus que parfait.

Pourquoi faut-il alors que Nantes Métropole vienne jouer les rabat-joie, comme si Jean-Marc Ayrault tenait à embêter Ayrault Jean-Marc ? La communauté urbaine établit elle aussi un rapport annuel, auquel est également joint un rapport des administrateurs des SEM (www.nantesmetropole.fr/servlet/com.univ.utils.LectureFichierJoint?CODE=1253382837487&LANGUE=0&ext=.pdf). Ce document discrètement publié voici peu est moins réjouissant : « 2008, le premier exercice d’activité plein des Machines de l’île, s’est caractérisé par une contribution de la Collectivité en hausse, les 175 k€ de contribution forfaitaire prévue devant être complétés par 244 k€ de participation au déficit d’exploitation ». En clair, les Machines sont un gouffre financier. Que serait-ce si leur « visitorat » ne dépassait pas les prévisions ! Et si la SEM Nantes Culture et Patrimoine ne leur apportait pas son appui « pour la communication, le marketing, l’administration, les finances, les ressources humaines et la production-exploitation » (sic) !

Cinq semaines pour sauver les meubles

Pour expliquer cette Bérézina, le rapport allègue « des charges nouvelles (…) générant un besoin de financement supplémentaire ». On s’interroge cependant sur ces activités nouvelles que les Machines auraient assumées en 2008 mais non en 2007 : aux yeux du simple visiteur, leur mode de fonctionnement n’a changé en rien. Selon la société Astarté -Atelier bleu, qui a conseillé Nantes Métropole dans la création des Machines, la gestion de celles-ci devait être « rentable et pérenne » avec 145 000 visiteurs par an(http://www.etudes-espaces.com/realisation/800.les-machines-ile-nantes-implantation-atelier-visitable-constrcution-grandes-machines-spectacle.html). Il s’en faut de 175 000 + 244 000 = 419 000 euros avec 243 000 visiteurs !

Rappelons que les chiffres ci-dessus sont ceux de 2008 et que lors de la création des Machines, Nantes Métropole annonçait comme objectif l’équilibre financier en 2009. Pour combler leur trou de 419 000 euros, il aura suffi aux Machines de vendre cette année 64 462 billets supplémentaires à plein tarif (6,50 euros), soit une progression de 26,5 % de leur « visitorat » (ou de 34,5 % si les visiteurs supplémentaires payaient le tarif réduit réservé aux mineurs, étudiants, chômeurs et handicapés). Et si ça n’est pas encore fait, il leur reste encore plus d’un mois pour y parvenir. Les paris sont ouverts.

24 novembre 2009

Peau d’inox et arches en toc


Quand la Délivrance d’Émile Guillaume avait été installée devant le monument aux morts de Nantes, en 1927, l’opposition de droite avait reproché à la statue d’être trop nue. Reprochera-t-on au nouvel immeuble départemental, rue Sully, d’être trop habillé ? Il « adopte pour les façades une double peau d’inox découpé au laser, une technique très tendance », s’émerveillait Éric Cabanas, qu’on a connu mieux inspiré, dans Presse Océan du 19 novembre. En fait, voici comment sera déguisée toute la façade de ce bâtiment :
Ce motif tarabiscoté, s’il faut en croire sa conceptrice, évoque « le feuillage des platanes voisins, leurs ombres projetées et la porte forgée de l’immeuble adjacent ». Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Les enfants des écoles pourront s’amuser aussi à y chercher des évocations subliminales – le portrait de Patrick Mareschal est caché dans ce dessin, sauras-tu le retrouver ?

Résultat de ces afféteries, les occupants de l’immeuble se trouveront enfermés dans une sorte de boîte de conserve trouée, avec une vue minimale vers l’extérieur du bâtiment : claustrophobes s’abstenir ! Certes, il est bon de penser que les fonctionnaires départementaux seront incités à se pencher sur leur travail plutôt qu’à regarder par la fenêtre. Mais n’aurait-il pas été plus simple de construire l’immeuble là où il n’y avait de toute façon rien à voir ? Car le nouvel ensemble occupe un emplacement particulièrement enviable : il donne directement sur le square du Maquis de Saffré, avec en arrière plan le bassin Ceineray et le monument aux 50 otages. Cette perspective exceptionnelle sera délibérément occultée : quel gâchis !

Il n’y a pas que de l’inox en façade : il y a aussi trois arches de pierre. Celles de l’ancienne usine électrique de Nantes, qui s’élevait à cet emplacement, croit savoir Presse Océan. Le mur de la façade « été entièrement démonté et remonté pierre par pierre », assure Éric Cabanas, qui s’est sans doute laissé refiler ce bobard par les communicants du département. Car si un pan de mur de l’usine a bien été conservé -- et non démonté -- par derrière, les arches qui se dressent en façade du bâtiment sont un pur « à la manière de ». Pour tout dire, du toc !

30 octobre 2009

Plus archéo que logique, peut-être

La ville de Nantes est en train d'embaucher trois archéologues municipaux. Les fouilles archéologiques sont du ressort de l'Etat. La ville, qui crie misère et augmente sérieusement les impôts locaux, entend pourtant s'en mêler et embaucher en conséquence. Les fouilles ne vont pas assez vite quand c'est l'Etat qui s'en charge, dit-elle. Et pan ! sur les fonctionnaires du ministère de la culture ! Mais est-elle si sûre de faire plus rapide, elle qui fonctionne en général au rythme du Grand Elephant (entre 1 et 4 km/h) ? Déjà, il a fallu vingt ans de mandat Ayrault pour découvrir que Nantes avait besoin de ses propres archéologues... Ceux-ci travailleront d'ailleurs sous la tutelle de l'Etat. La célérité des fonctionnaires municipaux aura-t-elle raison des lenteurs étatiques ? On verra bien. En attendant, on est content pour les trois nouvelles recrues et désolé pour les contribuables nantais.

06 octobre 2009

Du volontarisme dans l'attentisme

"Les arbitrages ne sont pas faits, nous voulons nous donner un peu de temps", disait hier Jean-Marc Ayrault à propos de la desserte de l'île de Nantes par les transports en commun, selon le récit de sa conférence de presse établi par Xavier Boussion dans Presse Océan.

"Nous voulons" : en voilà-t-y du volontarisme ! Et qui produit des résultats remarquables, puisque cet "un peu de temps" dure déjà depuis vingt ans : Jean-Marc Ayrault montre une grande efficacité dans l'attentisme. En effet, lors de son arrivée à la mairie de Nantes, il était clair que la question se poserait un jour : les chantiers navals venaient de fermer, l'avenir urbain de l'île de Nantes était déjà d'actualité.

Bon, admettons qu'il fallait "se donner un peu de temps" pour que Nantes fasse son deuil de la navale. Douze ans, est-ce suffisant pour guérir nos affects meurtris ? Toujours est-il que les choses "sérieuses" (les guillemets s'imposent) ont enfin commencé avec la mission confiée à Alexandre Chemetoff en 2001. "Le site est considéré comme lieu de ressource et d’inspiration, comme le support de l’invention du programme"*, indiquait le plan-guide établi par l'architecte. Traduction pratique : les projets seront définis a posteriori selon ce qui se passera sur le terrain. Application concrète : les transports en commun seront aménagés sur l'île après tout le reste et, aujourd'hui encore, on ignore ce qu'ils seront.

Le plus curieux est que le maire de Nantes considère en même temps, toujours selon Xavier Boussion, que l'avenir de Nantes "se joue sur quelques dossiers stratégiques", au premier rang desquels l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ligne à grande vitesse Nantes-Rennes et la nouvelle gare -- c'est-à-dire des équipements de transports en commun ! Cela dit, peut-être compte-t-il aussi qu'il faudra plusieurs décennies pour les réaliser. Ne confondons pas vitesse et précipitation : avec nos édiles, soucions-nous de l'avenir à très, très, très long terme.

*
Place Publique, n° 4

02 octobre 2009

Brave bête, l'éléphant a su taire ses maux jusqu'à l'automne

Si Pierre Orefice a toujours la pêche, comme disait Stéphane Pajot voici quelques jours, ce n'est pas le cas de son Grand Éléphant, à l'arrêt depuis hier "afin de procéder à des opérations de maintenance", explique un communiqué des Machines de l'île. "Une visite de contrôle a permis en effet de déceler un risque de fragilité sur le châssis."

Il est bon que les Machines veillent à la sécurité de leurs passagers. Nul ne voudrait s'écraser sur le béton des Nefs depuis un troisième étage, puisque telle est à peu près la hauteur de la bête. Les millions (pour le moins) de visiteurs qui l'ont chevauchée depuis juillet 2007 doivent se dire rétrospectivement qu'ils l'ont échappé belle...

L'éléphant avait subi une révision générale de quatre jours fin avril. On n'avait rien décelé à l'époque. En un sens, c'est fort heureux ! En début de saison, un arrêt supplémentaire de neuf jours, durée des travaux, n'aurait pas permis d'afficher des statistiques aussi optimistes. Et puis, forcément, cela aurait inquiété les visiteurs potentiels, au risque de nuire à la fréquentation estivale. En octobre, c'est moins grave, tout sera oublié au retour des beaux jours.

On s'interroge évidemment sur les causes de cette alarme. L'éléphant avait été conçu pour transporter 35 passagers (http://www.nantesmetropole.fr/1151942370773/0/fiche___article). Ce nombre a été porté à 45 lors de la mise en service pour compenser la réduction du nombre de voyages imposé par la lenteur de la machine, puis plus discrètement à 49. Soit quand même 40 % d'augmentation de la charge transportée. L'éléphant aurait-il eu les yeux plus gros que les longerons ?

Et, en tout état de cause, on aimerait savoir pourquoi un "risque de fragilité" qui n'existait pas fin avril est apparu soudain fin septembre -- ou pourquoi la révision générale du mois d'avril est passée à côté. Mais puisque Pierre Orefice est devenu beaucoup moins disert ces derniers mois, le saura-t-on jamais ?

25 septembre 2009

Le silence est d’Orefice

« Ce qu’il y a de bien avec Pierre Orefice, le directeur des Nefs de l’île, c’est qu’il a toujours la pêche », notait récemment Stéphane Pajot (Presse Océan, 24 septembre 2009). Toujours ? Pas si sûr !

Normalement, à cette époque de l’année, le patron des Machines de l’île a déjà lancé plusieurs cocoricos retentissants du genre « la fréquentation réelle est le double de celle de nos objectifs » (Ouest France, 17 août 2007), « ce qui nous arrive depuis un an est extraordinaire » (20 minutes, 1er juillet 2008) ou « nous remplissons quotidiennement plus de 100 % de nos capacités » [sic] (Presse Océan, 13 août 2008).

Cet été, rien. Silence radiorefice. La réserve de superlatifs semble épuisée. Il faut aller chercher du côté de l'Office de tourisme de Nantes métropole pour avoir une vague estimation : la fréquentation des Machines aurait progressé de 8 % cet été. Ce pourcentage, à peu près en ligne avec l'évolution du nombre de touristes à Nantes en 2009, n'est pas suffisant pour compenser la forte baisse subie par les Machines en 2008 (-35 %).

Au mois de mai dernier, Pierre Orefice assurait que la fréquentation de son établissement se redressait, enregistrant « près de 15 % de plus qu'en 2008 » (20 minutes, 15 mai 2009). Le dossier de presse diffusé pour le deuxième anniversaire des Machines, fin juin, annonçait même 20 % de progression depuis le début 2009. La reprise aura donc été de courte durée puisque le taux d'amélioration a chuté de moitié pendant l'été.

C'est fâcheux, car 2009 est une année cruciale pour les Machines. « 2008-2009 sera l'année du vrai test », déclarait Pierre Orefice au début de la saison 2008 (20 minutes, 1er juillet 2008). « Il faudra réussir à renouveler notre public, qui provient surtout de l'agglomération nantaise. » Lors du lancement des Machines, Nantes métropole visait à ce que leur exploitation soit équilibrée en 2009. Qui sera sanctionné si l'objectif n'est pas tenu ? Le contribuable, très probablement.