17 octobre 2018

Inondations dans l’Aude, catastrophe à Nantes

Depuis 48 heures, la question travaille Carcassonne : pourquoi avoir construit un hôpital à Montredon ? Le nouvel hôpital de la ville, en service depuis quatre ans, a été gravement touché par le débordement de l’Aude ces derniers jours. « Il a été inaccessible pendant plusieurs heures avant que les accès ne soient dégagés et débarrassés des véhicules qui bouchaient les entrées après avoir été transportés par la montée des eaux », raconte La Dépêche. « Le plus grave pour cet établissement est l'inondation dans les sous-sols du bâtiment, en particulier dans les fosses des ascenseurs qui se sont retrouvées de fait immobilisés. »

Depuis que c’est arrivé, on dirait que tout le monde savait que ça arriverait. La presse et les réseaux sociaux sont pleins de prophéties rétrospectives. Il est vrai que Carcassonne a déjà subi des inondations graves (1820, 1891…). Le quartier de Montredon, où se dresse l’hôpital, se trouve à 1 km des rives de l’Aude. Selon le plan de prévision des risques d’inondation (PPRI) établi par l’État en 2013, il était inondable. La construction de l’hôpital était déjà bien avancée. Quelles précautions la municipalité de Carcassonne a-t-elle prises alors ? Elle a demandé que Montredon soit retiré du projet de PPRI…

La direction de l’hôpital insiste : le permis de construire était assorti de conditions très strictes, elles ont été respectées et malgré ça…

Comparaison n'est pas raison, mais tout de même, on ne peut s'empêcher de penser. On parie que le budget prévisionnel du futur CHU de Nantes, déjà annoncé comme le plus cher de France, vient de prendre encore 10 % d’augmentation d’un seul coup ?

11 octobre 2018

Médiacités s'interroge sur les comptes de La Machine

Le site d'investigation Médiacités publie aujourd'hui une enquête détaillée d'Erwan Seznec sur l'opacité financière de l'association La Machine. On ignore ce que pourrait vraiment coûter le projet de L'Arbre aux Hérons, qualifié de « magnifique bricolage au surcoût inestimable ». Et encore plus ce que pourrait coûter son fonctionnement.

Pourquoi, alors, Toulouse Métropole s'engage-t-elle dans la même galère avec la Halle aux Mécaniques de Montaudran ? Parce que, révèle Erwan Seznec, les conditions ne sont pas les mêmes « il n’y aura pas un centime d’argent public versé pour de nouvelles créations de François Delarozière ». Un article éclairant et inquiétant !

Toujours dans Médiacités, lire aussi le récent article de Thibault Dumas et David Picot sur le projet YelloPark, pas du tout indispensable aux J.O. contrairement à ce que disait expressément Johanna Rolland.

07 octobre 2018

Cinq nouvelles questions sur L’Arbre aux Hérons

La région des Pays de la Loire subventionne les collectivités locales. Elle a réservé 17 millions d’euros à Nantes Métropole. Chaque commune aura droit à quelque chose. Ce « ruissellement » de l’argent pris dans la poche des contribuables via les services de l’État puis ceux de la région pour aboutir aux communes est-il efficient ? Cela dépend sans doute de ce qu’il finance. Le plus gros morceau, 4 millions d’euros est destiné à L’Arbre aux Hérons.

Au conseil métropolitain du 5 octobre, Johanna Rolland a tenu à insister lourdement : ce choix a été approuvé par Christelle Morançais, présidente du conseil régional, pour qui L’Arbre est une priorité. Ce qui n’a pas empêché l’opposition métropolitaine d’exprimer une vague défiance. « Notre groupe ne conteste pas ce projet ni son intérêt mais son financement » a déclaré Rozenn Hamel au nom de la droite et du centre. Et de demander où en sont les études économiques sur L’Arbre aux Hérons, pour lesquelles le conseil métropolitain a voté en décembre 2017 un budget de 2,5 millions d’euros*.

La réponse de Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole, soulève plus de questions qu’elle n’en règle.

Première question : L’Arbre

Les études sont en cours, a assuré Fabrice Roussel, « nous aurons le modèle économique début 2019 ». Puisque ce modèle n’est pas encore validé, n’aurait-il pas été plus sage d’inviter la région à financer autre chose ? Si les études concluent finalement que L’Arbre aux Hérons n’est pas un bon projet, Nantes Métropole se sera bêtement privée de 4 millions d’euros de subventions régionales.

Deuxième question : La Machine

Il est bien possible, cependant, que Nantes Métropole ait déjà, des mois à l’avance, sa petite idée sur le résultat des études. « Depuis des années, nous avons des relations confiantes avec La Machine » a constaté Fabrice Roussel. Confiantes assurément, au point de lui avoir confié les études en question sans appel d’offre**. La Machine validera-t-elle les projets de La Machine ? Le suspense n’est pas vraiment insoutenable... Mais la confiance de la Métropole est-elle si bien placée ? Elle n’a pas empêché La Machine de créer La Halle aux Mécaniques de Toulouse, qui concurrencera directement Les Machines de l’île. Un bon contrat d’exclusivité vaut souvent mieux qu’une confiance aveugle !

Troisième question : l’argent public

Indépendamment des études, il faut trouver 12 millions d’argent public autre que celui de Nantes Métropole pour que L’Arbre aux Hérons se fasse. Voici donc 4 millions apportés par la Région. D’où viendront les 8 autres ? « Nous sommes en discussion avec le département et je ne doute pas que l’État sera au rendez-vous », a indiqué Fabrice Roussel. Est-il pas étrange que sur trois interlocuteurs publics, le plus empressé ait été une région de droite ? Le département socialiste et le gouvernement LREM se rallieront-ils au choix de celle-ci ?

Quatrième question : l’argent privé

Et puis il y a les financements privés. « Sur les engagements financiers des entreprises, nous en sommes aujourd’hui à près de 3,5 millions d’euros » a assuré Fabrice Roussel, sans citer un seul nom. Comme il faut une douzaine de millions, ce serait à peu près 30 % du chemin de fait depuis la création du Fonds de dotation de L’Arbre aux Hérons voici onze mois (à supposer que le fonctionnement du Fonds ne coûte rien, ce qui n’est pas le cas, évidemment). En décembre 2017, Nantes Métropole s’est donné deux ans pour disposer « des éléments techniques et financiers pour confirmer la réalisation de l’Arbre ». À ce train-là, on n’y arrivera pas. Comment la Métropole compte-t-elle accélérer le mouvement ?

Cinquième question : le fisc

« Nous avons encore quelques dispositions fiscales à régler », a admis Fabrice Roussel à propos des dons des entreprises. De quelles dispositions peut-il s’agir ? Probablement de celles qui permettent aux entreprises de déduire de leurs impôts 60 % du montant de leurs dons destinés à l’achat d’œuvres d’art. Hélas, la loi fiscale a défini ce qu’est une œuvre d’art (article 98 A de l’annexe 3 du code général des impôts). Sur la base de ce texte, la chambre régionale des comptes a expressément affirmé que les éléments du Carrousel des mondes marins « ne constituent pas des œuvres d’art ». On ne voit pas pourquoi ce qui s’applique au Carrousel ne s’appliquerait pas à L’Arbre. Sans réduction fiscale, les dons coûtent deux fois et demie plus cher aux entreprises : comment la Métropole compterait-elle alors les convaincre ?
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* En réalité, c’est dès le 10 février 2017 que Nantes Métropole a voté la réalisation d’études confiées à Nantes Métropole Aménagement. La décision de décembre 2017 a simplement « autorisé » qu’elles soient effectuées en fait par l’association La Machine.
** Argument invoqué : les règles habituelles des marchés publics ne s’appliquent pas aux œuvres d’art. En réalité, il s’agit d’une simple possibilité ouverte par l’article I-3-a du décret 20116-360 du 25 mars 2016. Les acheteurs publics peuvent parfaitement procéder à une mise en concurrence. 

04 octobre 2018

L’Arbre aux Hérons, priorité stratégique pour la région des Pays de la Loire

 « L’action se passe dans les Pays de la Loire, c’est-à-dire nulle part »
Sven Jelure, d’après Alfred Jarry, Ubu roi

Si l’information ne venait pas d’Ouest France, on croirait à un canular : Laurence Garnier, au nom de la région des Pays de la Loire, va attribuer une subvention de 4 millions d’euros au projet de L’Arbre aux Hérons. Soit 11,4 % de son coût prévisionnel. La question servira de hors-d’œuvre au conseil métropolitain ce vendredi.

L’étonnant n’est pas que Laurence Garnier arrose L’Arbre aux Hérons. Après l’avoir radicalement condamné en 2014, elle rame pour expliquer que si, quand même, au fond, elle est pour, juste un peu différemment. Par exemple, elle proposait de faire parrainer les feuilles de l’Arbre par des particuliers. L’étonnant est plutôt qu’elle parle au nom de la Région, dont elle est vice-présidente chargée de la culture.

Un aspirateur à subventions ?

L’Arbre aux Hérons relèverait donc de la culture ? Puisque tout fait culture de nos jours, pourquoi pas ? Le budget primitif de la région des Pays de la Loire a prévu 21,5 millions d’euros d’investissements au chapitre « Culture, sport, vie associative, bénévolat et solidarités » en 2018. L’Arbre aux Hérons absorberait donc à lui seul près d’un cinquième du budget régional d’une année pour l’ensemble de cette rubrique. Toutes les associations culturelles, sportives et autres qui voient leurs projets retoqués sauront où l’argent est allé !

Mais ça ne colle pas ! La région a solennellement adopté une « nouvelle stratégie pour la culture » en juin 2017. Une stratégie articulée selon trois axes, « Pour les territoires et les publics », « Pour les artistes, les créateurs et les projets » et « Pour entrer dans la culture du 21e siècle » (au bout de dix-huit ans, il serait temps !). L’Arbre aux Hérons n’entre dans aucune de ces trois catégories.

Un appel à projets bouclé d’avance

Aussi n’est-ce pas dans le budget dont elle a la charge que Laurence Garnier range le projet mais dans la politique contractuelle de la Région. « La Région passe des contrats de territoires avec toutes les communautés de communes, pour venir appuyer leurs politiques », explique la vice-présidente*. « On leur demande quels projets sont prioritaires à leurs yeux. Cela ne veut pas dire qu’on les cautionne. Que n’aurait-on pas entendu si la Région avait choisi certains projets et pas d’autres, se substituant ainsi aux élus métropolitains ? »

La Région serait donc une simple chambre d’enregistrement où les élus métropolitains dicteraient leurs désirs aux élus régionaux, et Laurence Garnier une préposée aux coups de tampon malgré ses presque 4.000 euros mensuels d’indemnité de vice-présidente…

Heureusement, c’est faux. Les contrats passés avec Nantes Métropole, Angers et Le Mans ne sont pas des chèques en blanc. Ils se traduisent concrètement par des appels à projets. « Les thématiques de ces appels à projets seront élaborées en concertation avec les chefs de file des trois territoires sur la base de priorités stratégiques partagées avec la Région », spécifie cette dernière. Qui insiste lourdement : « Dans une logique d’optimisation, la Région recherchera systématiquement la complémentarité avec ses dispositifs sectoriels »

Conclusion logique : si la Région finance L’Arbre aux Hérons, ce n'est pas qu'il lui a été imposé, c’est qu’elle le considère comme une priorité stratégique mitonnée en concertation avec Nantes Métropole ! 
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* Qui d’ailleurs se plante : avec Nantes Métropole, Angers et Le Mans, la Région ne signe des « contrats de territoire » mais des « contrats de développement métropolitain ».

24 septembre 2018

Arbre aux Hérons : une explication de non-gravure s'impose

Des « récompenses » ont été promises aux donateurs de la campagne menée sur Kickstarter en faveur de L’Arbre aux Hérons. Cinq mois après, elles arrivent au compte-goutte. Mais la plus remarquable manque à l’appel.

17 septembre 2018

Que doit vraiment coûter L'Arbre aux Hérons ?

Vous pensiez que L'Arbre aux Hérons coûterait 35 millions d'euros ? Moi aussi : depuis au moins cinq ans, ce montant quasi officialisé par Nantes Métropole était cité un peu partout.

Pourtant, La Machine recrute un chargé de mission afin de refaire le calcul à partir de zéro...

12 septembre 2018

Le Voyage à Nantes : un été 2018 formidable – enfin, presque

C’est si prévisible que c’en est presque décevant : Le Voyage à Nantes bidonne le bilan de son opération estivale 2018 comme il avait bidonné les bilans de 2017, 2016, 2015, 2014, 2013 et 2012.


En revanche, contrairement aux années précédentes, il ne s’est pas empressé de publier ses chiffres dans un dossier de presse trop facile à décortiquer. Il faut le croire sur parole.
La saison 2018 n’était pas bien bonne ? Pas grave, par définition elle est réussie quand même, et de toute façon, ça sera encore mieux l’année prochaine. En attendant les 7 millions de visiteurs annoncés par Nantes Plus pour 2021 !

11 septembre 2018

L’esprit de l’escalier

« C’est de la folie de refaire la même chose en espérant un résultat différent », disait paraît-il Einstein. Quand des militants ont peint l’escalier de la rue Beaurepaire en six couleurs au mois de juin, d’autres l’ont partiellement barbouillé de blanc quelques jours plus tard. Que se passerait-il si les mêmes, munis cette fois de toutes les herbes de la Saint-Jean municipales, repeignaient à nouveau les marches ? Devinez un peu ?
Si l’on tenait vraiment à repeindre l’escalier au lieu de le nettoyer, il fallait le protéger, comme Nantes sait si bien faire d’habitude. Y mettre des caméras, la police municipale, des patrouilles de l’Opération Sentinelle, les vigiles de Lynx Assistance... À moins de viser une posture victimaire, genre si l’on te frappe sur la marche gauche, tend la marche droite. L’auréole du martyr se porte bien, surtout quand on l’a acquise d’un coup de pinceau. C’est sans doute moins douloureux que d’être boulotté par les lions.
« La ville va porter plainte et interviendra au + vite pour effacer les dégradations », annonce Johanna Rolland sur Twitter. Attention à bien rédiger la plainte pour qu’elle ne vise pas aussi les peintres amateurs. Quant à effacer les dégradations, on se souvient des résultats du nettoyage au Kärcher pratiqué par les services municipaux en juin : « c’est de la folie de refaire la même chose », etc.
Si Johanna Rolland tient absolument à refaire son escalier polychrome, qu’elle prenne les précautions nécessaires. Et elle n’a pas besoin d’aller bien loin pour savoir quoi faire. Le long des marches de granit, entre l’escalier et la boutique Rougier & Plé, un escalator mécanique témoigne de la technicité à la nantaise. Soigneusement enfermé depuis des années, il est à l’abri de toute dégradation. Placer l’escalier de la rue Beaurepaire sous sarcophage, voilà une solution efficace et consensuelle !

Derrière la tôle de gauche, un escalier mécanique parfaitement protégé 


P.S. La mairie de Nantes n’a pas toujours manifesté le même intérêt pour l’art urbain, ainsi que le rappelle excellemment E.L. En 2012, sur un mur pourtant destiné aux graffeurs, avait été inscrit en lettres énormes : « Où sont les gens du Voyage à Nantes ? ». Comme le racontait alors le blog de l’académie de journalisme du Monde, la décoration avait été « grossièrement recouverte de peinture grise, trois jours plus tard, par les services de la ville ».

08 septembre 2018

Plus de couleurs à Nantes

Nantes a du mal avec les couleurs. Elle a fourni gracieusement des peintures de différentes couleurs à un groupe qui entend badigeonner aujourd'hui même l'escalier de la rue Beaurepaire, au milieu du cours des 50 otages. Ce que son Plan de sauvegarde et de mise en valeur proscrit par ailleurs. La police municipale va devoir jouer les caméléons.

04 septembre 2018

Nantes, dindon de la farce, va se faire hacher menu par les Mécaniques de Toulouse

« Les Machines de l’île sont un projet artistique unique au monde », répète avec application Nantes Métropole. Dans deux mois, l’unique, c’est fini : la Halle aux Mécaniques de Toulouse aura mieux à proposer, sous la direction de François Delarozière soi-même.

Les moyens offerts à ce dernier par Jean-Marc Ayrault en 2004 vont se retourner contre Nantes, qui n’a rien vu venir. Pendant que ses amis amusaient la galerie nantaise avec L’Arbre aux Hérons, François Delarozière a pu travailler discrètement à ce projet plus capital pour lui. À encenser les hérons, Nantes se retrouve dans le rôle du dindon de la farce.