« La Villa Déchets est désormais le siège social d'Ecopôle, un réseau d'associations locales oeuvrant pour l'environnement, et s'affiche comme l'emblème du développement durable à Nantes », assure le Studio Aparte, qui participa activement à la construction du bâtiment.
Eh ! non, Ecopôle, qui n’avait aucune envie de quitter les bords de l’Erdre, échappe à La Bottière. En effet, il aurait fallu adapter la Villa pour qu’elle puisse recevoir du public. Et, comme on le disait avant-hier, cela aurait coûté bien plus cher que de construire un immeuble neuf.
Cependant, conformément à sa vocation initiale, l’œuvre a bien été remontée « au profit d’une association » : son propre constructeur, l’association Tabakero elle-même, qui en bénéficiera pendant trois ans, sur un terrain prêté par Nantes Métropole. La communauté urbaine a aussi assuré le transport de la Villa vers La Bottière. Si l’on comprend bien, la prestation a coûté 19.000 euros. Un joli cadeau des contribuables. À amortir sur trois ans donc, soit près de 528 euros par mois : presque le prix d’un loyer.
En 2014, tout sera à recommencer : il faudra trouver un nouveau point de chute à la Villa.

Nantes et déconnantes : Comment la capitale historique de la Bretagne est en train de gâcher ses meilleurs atouts. Un regard non conformiste - voire franchement satirique - sur Nantes en ce début du 21ème siècle. Reproduction autorisée sous réserve de citation de la source, avec lien actif vers l'URL, pour chaque article cité.
31 juillet 2011
30 juillet 2011
Estuaire dans la grisaille
L’Absence est bleue, c’est dans son essence. « Sa couleur bleue la transforme en une balise », insiste le blog maigrichon consacré à cette « œuvre pérenne » d’Estuaire 2009 qui fait aussi office de snack-bar devant la nouvelle école d’architecture de Nantes.
Sa couleur était encore ce qu’il y avait de mieux dans cet édifice patatoïde, moche mais merveilleusement placé (et où l’on pratique, il faut le dire, des tarifs raisonnables).
Or voilà que l’Absence est devenue grise. Comme on n’ose croire qu’un ravalement soit déjà nécessaire au bout de deux ans, il faut bien penser que le changement est délibéré. Il est d’ailleurs en phase avec la météo de cet été et l’architecture de l’île de Nantes. Avec ce changement de couleur, l’Absence a fait un grand pas vers le néant.
Sa couleur était encore ce qu’il y avait de mieux dans cet édifice patatoïde, moche mais merveilleusement placé (et où l’on pratique, il faut le dire, des tarifs raisonnables).
Or voilà que l’Absence est devenue grise. Comme on n’ose croire qu’un ravalement soit déjà nécessaire au bout de deux ans, il faut bien penser que le changement est délibéré. Il est d’ailleurs en phase avec la météo de cet été et l’architecture de l’île de Nantes. Avec ce changement de couleur, l’Absence a fait un grand pas vers le néant.
29 juillet 2011
Villa Déchets (2) : gare aux symboles
« La Villa Déchets sera démontée et remontée au profit d’une association afin de devenir "le symbole du développement durable" au sein de la région Pays de la Loire », assure encore à ce jour l’association Tabakero sur son site web.
Ambigu, le symbole. Modifier la Villa Déchets afin qu’elle puisse recevoir du public coûterait 450.000 euros, révèle Cédric Blondeel dans Presse Océan du 27 juillet. Pour un bâtiment de 76 m², cela fait pas loin de 6.000 euros du mètre carré ! Du développement durable, à ce prix-là, la région ne pourra pas s’en payer beaucoup.
Tabakero ne lésine pas plus sur le symbole que sur le détritus. Avant le premier coup de marteau sur le site des chantiers, le créateur de la Villa déclarait à Daniel Morvan, dans Ouest France : « Cette maison sera construite là où on construisait des navires, à deux pas des cales de lancement : tout un symbole d'avenir ! »
Imprudent, le symbole. Vu le sort des chantiers navals, l’avenir de la Villa Déchets pourrait bien ressembler à celui de la Maison Courcoult.
Ambigu, le symbole. Modifier la Villa Déchets afin qu’elle puisse recevoir du public coûterait 450.000 euros, révèle Cédric Blondeel dans Presse Océan du 27 juillet. Pour un bâtiment de 76 m², cela fait pas loin de 6.000 euros du mètre carré ! Du développement durable, à ce prix-là, la région ne pourra pas s’en payer beaucoup.
Tabakero ne lésine pas plus sur le symbole que sur le détritus. Avant le premier coup de marteau sur le site des chantiers, le créateur de la Villa déclarait à Daniel Morvan, dans Ouest France : « Cette maison sera construite là où on construisait des navires, à deux pas des cales de lancement : tout un symbole d'avenir ! »
Imprudent, le symbole. Vu le sort des chantiers navals, l’avenir de la Villa Déchets pourrait bien ressembler à celui de la Maison Courcoult.
28 juillet 2011
Villa Déchets (1) : le bidonville, c’est pour les riches
Le sort de la Villa Déchets ressemble un peu à celui de la Grèce, définitivement sauvée au printemps 2010, puis au printemps 2011, puis à l’été 2011… En écho à « Encore un moment, Monsieur l’euro », elle nous joue « Encore un moment, Monsieur le Tabakero ». La voilà de retour après quelques mois de repos dans les hangars municipaux, mais pour trois ans seulement. Cette villa « 100% durable », comme on lit encore sur son site web, a une durabilité à éclipses.
L’association Tabakero s’est engagée à présenter un « bilan carbone » de l’opération Villa Déchets. Apparemment, elle n’a pas promis de bilan financier. Dommage.
L’opération a coûté 280.000 euros. Ils ont été payés par une entreprise, Maisons du Monde, qui fait ce qu’elle veut de son argent, après tout. Il faut y ajouter 7.000 journées de bénévoles, qui font ce qu’ils veulent de leur temps, après tout. Mais s’il avait fallu les payer au Smic, soit 9,00 euros brut de l’heure au 1er janvier, il y en avait pour 441.000 euros. Plus le travail des concepteurs, l’architecte d’intérieur Frédéric Tabary et le marchand de biens Yann Falquerho, qui font ce qu’ils veulent de leur talent, après tout, mais qui auraient normalement rajouté quelques dizaines de milliers d’euros à l’addition. Au prix du marché, la Villa Déchets aurait donc coûté au total… allez… mettons 760.000 euros minimum.
Cela fait tout juste 10.000 euros du mètre carré. Deux fois plus, par exemple, que dans un immeuble de grand standing comme Quai Magellan, actuellement en construction face à la Loire. Et sans le terrain, encore !
L’association Tabakero s’est engagée à présenter un « bilan carbone » de l’opération Villa Déchets. Apparemment, elle n’a pas promis de bilan financier. Dommage.
L’opération a coûté 280.000 euros. Ils ont été payés par une entreprise, Maisons du Monde, qui fait ce qu’elle veut de son argent, après tout. Il faut y ajouter 7.000 journées de bénévoles, qui font ce qu’ils veulent de leur temps, après tout. Mais s’il avait fallu les payer au Smic, soit 9,00 euros brut de l’heure au 1er janvier, il y en avait pour 441.000 euros. Plus le travail des concepteurs, l’architecte d’intérieur Frédéric Tabary et le marchand de biens Yann Falquerho, qui font ce qu’ils veulent de leur talent, après tout, mais qui auraient normalement rajouté quelques dizaines de milliers d’euros à l’addition. Au prix du marché, la Villa Déchets aurait donc coûté au total… allez… mettons 760.000 euros minimum.
Cela fait tout juste 10.000 euros du mètre carré. Deux fois plus, par exemple, que dans un immeuble de grand standing comme Quai Magellan, actuellement en construction face à la Loire. Et sans le terrain, encore !
21 juillet 2011
La Noue Bras d’Inox
Un « cube d’acier de couleur rouille » : ainsi Presse Océan présente-t-il L’Île rouge. Bien vu : en fin de compte, ce nouvel immeuble de l’île de Nantes construit par Forma 6 est un gros cube rouillé. C’est assez dans l’air d’une époque où les jeans se vendent plus cher déteints et troués qu’à l’état neuf. C’est spectaculaire et ça change des profilés d’alu, il y a sûrement une grande maîtrise technique par derrière (car le bâtiment est bien couvert d'oxyde de fer et non de peinture rougeatre), mais qu’a cherché à dire l’architecte ?
Pour le quartier de la création, on a voulu cultiver un look industriel. C’est déjà une drôle d’idée, qui flirte avec l’oxymore. Où a-t-on vu cependant que la rouille en fasse partie ? Sur un site industriel, la rouille, c’est l’ennemi. C’est un signe de décrépitude, d’abandon. La marque distinctive des friches industrielles. La honte du métallo. L’Île rouge est comme un bras d’honneur à la mémoire ouvrière du lieu.
Un bras d’honneur, aussi, à l’histoire de Bretagne puisque cet hymne à la rouille est situé… rue La Noue Bras de Fer.
Pour le quartier de la création, on a voulu cultiver un look industriel. C’est déjà une drôle d’idée, qui flirte avec l’oxymore. Où a-t-on vu cependant que la rouille en fasse partie ? Sur un site industriel, la rouille, c’est l’ennemi. C’est un signe de décrépitude, d’abandon. La marque distinctive des friches industrielles. La honte du métallo. L’Île rouge est comme un bras d’honneur à la mémoire ouvrière du lieu.
Un bras d’honneur, aussi, à l’histoire de Bretagne puisque cet hymne à la rouille est situé… rue La Noue Bras de Fer.
20 juillet 2011
Pas de scène de famille autour de la scène nationale
Lamentations dans les couloirs du Grand T : l’institution n’a pas obtenu le label « scène nationale » auquel elle aspirait. Ce label n’est pas seulement honorifique : il donne droit à des subventions de l’État. Seulement, l'argent manque et la Loire-Atlantique a déjà deux scènes nationales : Le Fanal à Saint-Nazaire et le Lieu Unique à Nantes.
Mais, de l’aveu même de son fondateur, on l’a dit récemment, le Lieu Unique « n’a jamais eu l’ambition d’être un lieu de création ». Il ne répond donc pas vraiment aux critères des scènes nationales. En 2006-2009, il n’a même pas respecté son contrat avec l’État quant au nombre de spectacles proposés. Moins tape-à-l’œil, le Grand T est aussi plus actif.
L’État va-t-il donc retirer le label au Lieu Unique pour le donner au Grand T ? Vous n'y songez pas ! Le Grand T n’a fait que recycler une création de la droite départementale, alors que le Lieu Unique est symbolique d’une gauche municipale triomphante : il est donc intouchable.
Mais, de l’aveu même de son fondateur, on l’a dit récemment, le Lieu Unique « n’a jamais eu l’ambition d’être un lieu de création ». Il ne répond donc pas vraiment aux critères des scènes nationales. En 2006-2009, il n’a même pas respecté son contrat avec l’État quant au nombre de spectacles proposés. Moins tape-à-l’œil, le Grand T est aussi plus actif.
L’État va-t-il donc retirer le label au Lieu Unique pour le donner au Grand T ? Vous n'y songez pas ! Le Grand T n’a fait que recycler une création de la droite départementale, alors que le Lieu Unique est symbolique d’une gauche municipale triomphante : il est donc intouchable.
19 juillet 2011
Du rififi en gestation dans le tourisme de Loire-Atlantique
Les critiques adressées à sa gestion du Lieu Unique sont du passé pour Jean Blaise, exfiltré vers Le Voyage à Nantes. Mais d’autres contrariétés sont à venir. Après la Chambre régionale des comptes, le département de Loire-Atlantique s’apprête à commettre un lèse-Blaise caractérisé.
Le Comité départemental du tourisme de Loire-Atlantique a publié le 15 juillet au Bulletin officiel des annonces des marchés publics un appel d’offres portant sur un « accord cadre relatif à une mission de prestation de conseil et de définition d'une stratégie globale de communication, de prestations de conception, création, réalisation du programme de communication opérationnelle des dispositifs destinés à promouvoir la Loire-Atlantique comme destination touristique ainsi que les projets et services de Loire-Atlantique tourisme » (ouf !). Il ne s’agit pas de fournir une vague recommandation : le montant des dépenses prévu est de 500.000 euros par an pendant trois ans.
Des professionnels du marketing touristique préconiseront-ils d’axer la politique touristique départementale sur les œuvres pérennes d’Estuaire ? Cela paraît improbable. Mais tout autre choix risque fort d’aller contre la démarche du grand sachem touristique municipal.
Déjà, on dirait que la confiance ne règne pas. Le site web du Comité départemental a trouvé moyen de ne citer Estuaire 2007/2009 qu’une seule fois au fil de ses quelque 300 pages, à propos de la Villa cheminée de Cordemais, présentée uniquement sous l'angle hôtelier. Et il ne mentionne pas du tout Le Voyage à Nantes, absent même de son recensement de 107 « liens web utiles ».
Oh ! la l.a. ! quelle angoisse !
Le Comité départemental du tourisme de Loire-Atlantique a publié le 15 juillet au Bulletin officiel des annonces des marchés publics un appel d’offres portant sur un « accord cadre relatif à une mission de prestation de conseil et de définition d'une stratégie globale de communication, de prestations de conception, création, réalisation du programme de communication opérationnelle des dispositifs destinés à promouvoir la Loire-Atlantique comme destination touristique ainsi que les projets et services de Loire-Atlantique tourisme » (ouf !). Il ne s’agit pas de fournir une vague recommandation : le montant des dépenses prévu est de 500.000 euros par an pendant trois ans.
Des professionnels du marketing touristique préconiseront-ils d’axer la politique touristique départementale sur les œuvres pérennes d’Estuaire ? Cela paraît improbable. Mais tout autre choix risque fort d’aller contre la démarche du grand sachem touristique municipal.
Déjà, on dirait que la confiance ne règne pas. Le site web du Comité départemental a trouvé moyen de ne citer Estuaire 2007/2009 qu’une seule fois au fil de ses quelque 300 pages, à propos de la Villa cheminée de Cordemais, présentée uniquement sous l'angle hôtelier. Et il ne mentionne pas du tout Le Voyage à Nantes, absent même de son recensement de 107 « liens web utiles ».
Oh ! la l.a. ! quelle angoisse !
18 juillet 2011
Quand Jean Blaise manquait d’ambition
La Chambre régionale des comptes, on l’a vu hier, n’a pu que constater le fonctionnement insatisfaisant de l’association CRDC-le Lieu Unique. Elle n’incrimine personne : pas une seule fois le nom du patron de cette institution mal tenue n’est cité par son rapport. Le lecteur ignorera donc qu’en guise de sanction, il a été promu à de plus hautes responsabilités.
Jean Blaise n’a d’ailleurs aucune raison de se plaindre du traitement qui lui a été réservé dans cette affaire. Au mois de mars, on l’a dit, Presse Océan avait publié des extraits du rapport provisoire de la Chambre régionale des comptes à la faveur d’une fuite dont les auteurs ne lui voulaient probablement aucun mal. Cette fois, Presse Océan s’est contenté d’un entrefilet pour signaler la publication du rapport définitif.
Le commentaire d’Isabelle Labarre, dans Ouest France du 13 juillet, n’est pas tellement plus féroce ; la réponse de Jean Blaise y tient autant de place que les critiques de la Chambre*. Quand celle-ci reproche au Lieu Unique, par exemple, « la part insuffisante laissée à la création », il répond : « hormis pour les expositions, nous n'avons jamais eu l'ambition d'être un lieu de création. »
Voilà qui est intéressant. Le Lieu Unique est labellisé « scène nationale », ce qui lui donne droit à de jolies subventions. Les scènes nationales, indique la circulaire du 30 avril 1997 qui les régit, ont trois missions : « s’affirmer comme un lieu de production artistique de référence nationale, dans les domaines de la culture contemporaine ; organiser la diffusion et la confrontation des formes artistiques en privilégiant la création contemporaine ; participer dans son aire d’implantation (voire dans le département et la région) à une action de développement culturel favorisant de nouveaux comportements à l’égard de la création artistique et une meilleure insertion sociale de celle-ci. » Mais Jean Blaise, qui ne dédaignait pourtant pas les subventions, n’a « jamais eu » cette ambition. C’est un grand modeste.
__________
* Conformément à la loi, avant de publier son rapport, la Chambre l’avait communiqué à Françoise Chedmail, présidente de l’association CRDC-le Lieu Unique ainsi qu’aux maires ou présidents de collectivité contribuant au financement de celle-ci, c’est-à-dire MM. Ayrault, Auxiette, Grosvalet, Batteux, Chauveau, Haury et Moisière, respectivement au titre de la ville et de la communauté urbaine de Nantes, de la région des Pays de la Loire, du département de Loire-Atlantique, de la ville de Saint-Nazaire, et des communautés de communes Loire et Sillon, Sud Estuaire et Coeur d’Estuaire. La loi impose à la Chambre de publier les réponses reçues. Seuls deux des destinataires, Mme Chedmail et M. Auxiette ont accusé réception du document, sans contester ses conclusions. Mme Chedmail précise : « Le texte du rapport n’a pas fait l’objet d’observations particulières des membres du bureau de l’association CRDC, de Patrick Gyger, directeur du Lieu Unique et de Jean Blaise, directeur du Lieu Unique pour la période concernée ». Apparemment, Jean Blaise était plus soucieux de se justifier auprès de la presse qu’auprès des magistrats de la Chambre régionale des comptes.
Jean Blaise n’a d’ailleurs aucune raison de se plaindre du traitement qui lui a été réservé dans cette affaire. Au mois de mars, on l’a dit, Presse Océan avait publié des extraits du rapport provisoire de la Chambre régionale des comptes à la faveur d’une fuite dont les auteurs ne lui voulaient probablement aucun mal. Cette fois, Presse Océan s’est contenté d’un entrefilet pour signaler la publication du rapport définitif.
Le commentaire d’Isabelle Labarre, dans Ouest France du 13 juillet, n’est pas tellement plus féroce ; la réponse de Jean Blaise y tient autant de place que les critiques de la Chambre*. Quand celle-ci reproche au Lieu Unique, par exemple, « la part insuffisante laissée à la création », il répond : « hormis pour les expositions, nous n'avons jamais eu l'ambition d'être un lieu de création. »
Voilà qui est intéressant. Le Lieu Unique est labellisé « scène nationale », ce qui lui donne droit à de jolies subventions. Les scènes nationales, indique la circulaire du 30 avril 1997 qui les régit, ont trois missions : « s’affirmer comme un lieu de production artistique de référence nationale, dans les domaines de la culture contemporaine ; organiser la diffusion et la confrontation des formes artistiques en privilégiant la création contemporaine ; participer dans son aire d’implantation (voire dans le département et la région) à une action de développement culturel favorisant de nouveaux comportements à l’égard de la création artistique et une meilleure insertion sociale de celle-ci. » Mais Jean Blaise, qui ne dédaignait pourtant pas les subventions, n’a « jamais eu » cette ambition. C’est un grand modeste.
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* Conformément à la loi, avant de publier son rapport, la Chambre l’avait communiqué à Françoise Chedmail, présidente de l’association CRDC-le Lieu Unique ainsi qu’aux maires ou présidents de collectivité contribuant au financement de celle-ci, c’est-à-dire MM. Ayrault, Auxiette, Grosvalet, Batteux, Chauveau, Haury et Moisière, respectivement au titre de la ville et de la communauté urbaine de Nantes, de la région des Pays de la Loire, du département de Loire-Atlantique, de la ville de Saint-Nazaire, et des communautés de communes Loire et Sillon, Sud Estuaire et Coeur d’Estuaire. La loi impose à la Chambre de publier les réponses reçues. Seuls deux des destinataires, Mme Chedmail et M. Auxiette ont accusé réception du document, sans contester ses conclusions. Mme Chedmail précise : « Le texte du rapport n’a pas fait l’objet d’observations particulières des membres du bureau de l’association CRDC, de Patrick Gyger, directeur du Lieu Unique et de Jean Blaise, directeur du Lieu Unique pour la période concernée ». Apparemment, Jean Blaise était plus soucieux de se justifier auprès de la presse qu’auprès des magistrats de la Chambre régionale des comptes.
17 juillet 2011
Les comptes médiocres du Lieu Unique
La Chambre régionale des comptes vient de publier ses Observations définitives concernant la gestion de l’association CRDC-le Lieu Unique pour la période 2005-2009. Si l'approche est indulgente et le langage policé, la gestion de Jean Blaise n’en sort pas indemne !
La CRC note ainsi que le nombre de places offertes aux spectateurs par saison n’a représenté en moyenne que 91 % du contrat d’objectif signé avec l’État, et même 75 % seulement en 2009. En 2008/2009, l’activité a connu « un net décrochage ». Le nombre d’abonnés est tombé à 2.400, contre un engagement de 3.000 dans le contrat d’objectif.
Quant aux deux premières éditions de la biennale Estuaire, elles ont été des désastres financiers. Au total, il a manqué 1,635 million d’euros. Près de quatre fois le déficit que la mairie de Nantes reprochait si sévèrement au Comité des fêtes ! Or le Lieu Unique n’est pas comparable à une entreprise commerciale, dont les recettes sont toujours aléatoires : son financement est assuré à 80 % par des subventions publiques. Chaque spectateur ne paie qu’une mince partie du coût réel de son billet. Et Estuaire a été abondamment financé par les collectivités locales (4,5 millions d’euros en 2007, 4,6 millions en 2009). Quand on est sûr de l’essentiel de ses recettes, un déficit est synonyme de mauvaise gestion.
Certains artistes mieux traités que d'autres
Pour redresser la barre, l’organisation aurait pu se serrer la ceinture ? En fait, note la Chambre, les frais de fonctionnement d’Estuaire ont progressé de 24 % d’une biennale à l’autre. CRDC-le Lieu Unique a plutôt cherché à rétablir ses comptes au détriment des artistes : « les charges artistiques ont diminué de 23 % sur la période, principalement sous l’influence de la forte diminution des dépenses liées aux achats de spectacles (- 47 %) », souligne la CRC.
Cependant, les artistes n’ont pas tous été mis à la portion congrue : selon la CRC, les œuvres pérennes d’Estuaire ont coûté 1,234 million d’euros en 2007 et 2,009 millions d’euros en 2009. Soit, pour six œuvres pérennes en 2007 et huit en 2009, plus de 230.000 euros l’unité en moyenne. On peut s’amuser à essayer de deviner le prix de revient du balancier de Trentemoult ou du tuyau en plastique rouge d’Indre.
La Chambre régionale des comptes ne prend évidemment pas position sur la qualité artistique des œuvres. Elle ne s’engage même pas trop avant sur le terrain de la fréquentation d’Estuaire. Elle se contente de dire, avec la modération qui sied à sa mission (« les chiffres de fréquentation des biennales ne peuvent qu’imparfaitement permettre d’évaluer le résultat de la manifestation ») que les chiffres avancés par les organisateurs sont sujets à caution.
La CRC note ainsi que le nombre de places offertes aux spectateurs par saison n’a représenté en moyenne que 91 % du contrat d’objectif signé avec l’État, et même 75 % seulement en 2009. En 2008/2009, l’activité a connu « un net décrochage ». Le nombre d’abonnés est tombé à 2.400, contre un engagement de 3.000 dans le contrat d’objectif.
Quant aux deux premières éditions de la biennale Estuaire, elles ont été des désastres financiers. Au total, il a manqué 1,635 million d’euros. Près de quatre fois le déficit que la mairie de Nantes reprochait si sévèrement au Comité des fêtes ! Or le Lieu Unique n’est pas comparable à une entreprise commerciale, dont les recettes sont toujours aléatoires : son financement est assuré à 80 % par des subventions publiques. Chaque spectateur ne paie qu’une mince partie du coût réel de son billet. Et Estuaire a été abondamment financé par les collectivités locales (4,5 millions d’euros en 2007, 4,6 millions en 2009). Quand on est sûr de l’essentiel de ses recettes, un déficit est synonyme de mauvaise gestion.
Certains artistes mieux traités que d'autres
Pour redresser la barre, l’organisation aurait pu se serrer la ceinture ? En fait, note la Chambre, les frais de fonctionnement d’Estuaire ont progressé de 24 % d’une biennale à l’autre. CRDC-le Lieu Unique a plutôt cherché à rétablir ses comptes au détriment des artistes : « les charges artistiques ont diminué de 23 % sur la période, principalement sous l’influence de la forte diminution des dépenses liées aux achats de spectacles (- 47 %) », souligne la CRC.
Cependant, les artistes n’ont pas tous été mis à la portion congrue : selon la CRC, les œuvres pérennes d’Estuaire ont coûté 1,234 million d’euros en 2007 et 2,009 millions d’euros en 2009. Soit, pour six œuvres pérennes en 2007 et huit en 2009, plus de 230.000 euros l’unité en moyenne. On peut s’amuser à essayer de deviner le prix de revient du balancier de Trentemoult ou du tuyau en plastique rouge d’Indre.
La Chambre régionale des comptes ne prend évidemment pas position sur la qualité artistique des œuvres. Elle ne s’engage même pas trop avant sur le terrain de la fréquentation d’Estuaire. Elle se contente de dire, avec la modération qui sied à sa mission (« les chiffres de fréquentation des biennales ne peuvent qu’imparfaitement permettre d’évaluer le résultat de la manifestation ») que les chiffres avancés par les organisateurs sont sujets à caution.
16 juillet 2011
Le Voyage à Nantes peine à susciter du buzz
Le Voyage à Nantes, qui se veut « pro » et qui compte d’ailleurs quelques vrais pros, entend faire du « buzz » sur internet, puisque c’est là que se font les réputations aujourd'hui.
Malgré ses efforts, le démarrage semble poussif. Au bout de deux semaines, le clip de Gaëtan Chataigner mis en ligne sur YouTube par un adhérent nommé lavieTheodore a été vu 561 fois. À titre de comparaison, une vidéo sur le tramway et le busway affichée depuis janvier 2009 a été regardée 81.623 fois, un enregistrement de Nantes par Barbara 200.087 fois en un an et la bagarre du match FC Nantes-AC Ajaccio… 567.016 fois depuis le 11 mars.
Selon le site d’évaluation du web Alexa.com, le site web du Voyage à Nantes se classe au 46.916e rang en France par le volume de son trafic.
Malgré ses efforts, le démarrage semble poussif. Au bout de deux semaines, le clip de Gaëtan Chataigner mis en ligne sur YouTube par un adhérent nommé lavieTheodore a été vu 561 fois. À titre de comparaison, une vidéo sur le tramway et le busway affichée depuis janvier 2009 a été regardée 81.623 fois, un enregistrement de Nantes par Barbara 200.087 fois en un an et la bagarre du match FC Nantes-AC Ajaccio… 567.016 fois depuis le 11 mars.
Selon le site d’évaluation du web Alexa.com, le site web du Voyage à Nantes se classe au 46.916e rang en France par le volume de son trafic.
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